Après le discours du 9 mars, les matraques du 13 mars. La manifestation organisée hier à Casablanca par les jeunes du Mouvement du 20 février a été dispersée de façon musclée par la police. Les divers témoignages font état de dizaines de blessés. Le préfet de police de Casablanca, Mustapha Mouzouni parle lui sur 2M de huit blessés dont un élément des forces de sécurité. Des arrestations ont également été signalées durant l’intervention des policiers, notamment à l'encontre de journalistes. Tous seraient relâchés à en croire les autorités.
Les manifestants qui s’étaient réunis comme d’habitude sur la place Mohammed V de la capitale économique, ont été dispersés dans la mi-journée. La police justifie son intervention par le fait que «la marche» n’était pas «autorisée» et que le but des manifestants étaient de «créer des troubles et de provoquer les forces de l’ordre». Cette manifestation organisée par le Mouvement du 20 février a connu une forte participation des militants d’Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance).
Marche ou sit-in ?
«Marche non autorisée» selon les autorités, «sit-in» (n'ayant pas besoin d'autorisation) selon les organisateurs. Mais c’est en tout cas la première manifestation organisée devant la Wilaya de Casablanca que la police a dispersée depuis le début du mouvement de protestation au Maroc, le 20 février dernier. Cela signifie-t-il que les autorités ont décidé de changer de ton après le discours du 9 mars dernier ? Tout porte à le croire car avant ce 13 mars, les autorités elles-mêmes parlaient toujours de «marches» non autorisées qu’elles laissaient pourtant se dérouler.
Et le 20 mars ?
Si telle semble être la nouvelle donne, il devient alors légitime de s’inquiéter sur les prochaines manifestations à venir, notamment le remake prévu du 20 février, à savoir le 20 mars prochain. Car le Mouvement des jeunes du 20 février n’entend pas desserrer l’étau et compte maintenir la pression pour la concrétisation des réformes annoncées.
C’est dire que la fameuse «exception marocaine» sera de nouveau mise à l’épreuve. Les violences de ce dimanche en tout cas laissent penser que les autorités sont à bout de la patience exemplaire dont elles ont fait preuve depuis l’arrivée au Maroc du vent de révolte qui secoue le monde arabe. Mais cette patience doit encore être la meilleure résolution à adopter. Sinon, «l’exception marocaine» sera un vieux souvenir alors qu'un grand cap semble avoir été franchi le 9 mars dernier avec les nouvelles orientations annoncées.