Un groupe de sept journalistes marocains - cinq femmes et deux hommes - est actuellement en visite en Israël. La délégation est invitée par le ministère des Affaires étrangères, indique le quotidien Yediot Aharonot. Au programme, des rencontres avec des ministres du gouvernement Netanyahu, des officiels de la Cour suprême et une «excursion», sans aucun doute en véhicules blindés et sous une bonne escorte de l’armée et des différents services secrets, à Gaza. La Bande est, en principe, contrôlée par les forces du Hamas.
D’habitude, ce genre de déplacement effectué par des professionnels des médias du Maroc reste discret. La presse israélienne évite d’en parler. Mais une fois n’est pas coutume, Yediot Aharonot a -consciemment ou inconsciemment- joué un sale tour aux journalistes qui ont accepté de prêter l'oreille au gouvernement israélien. Cette indiscrétion n’est pas sans rappeler les révélations faites par le Jerusalem Post, en août 2015, sur le voyage de trente jeunes juifs marocains en Israël pour participer à un stage paramilitaire.
Des Marocains qui ont tout fait pour plaire à leurs hôtes
De nombreux journalistes, y compris ceux qui se réclament aujourd’hui du clan anti-normalisation, ont fait partie de ces voyages en Israël. Citons les cas de Khalid Jamaï, alors rédacteur en chef du quotidien l’Opinion, porte-parole de l’Istiqlal et Fatima Loukili, une ancienne de la radio Medi1 et de 2M. Ces déplacements ne sont ni une surprise, ni ne représentent une entrave à leur carrière professionnelle. Ils ne constituent pas non plus des sources de menaces pour ceux et celles qui ont consenti à se rendre dans le pays.
Sauf que cette fois et dans un souci de plaire à leurs hôtes, les sept journalistes ont délibérément joué les victimes, évoquant, dans des déclarations à Yediot Aharonot, une «intimidation» à travers des «pressions de la part des médias arabes, des religieux et de la propagande palestinienne». Une journaliste de se plaindre :
«Les gens ont peur d'être des bannis. Si vous dites que vous soutenez Israël, ou même que vous n'avez pas d'avis négatif sur le pays, ils vous pointent du doigt.»
Celle-ci affirme également avoir reçu, en 2010 et 2011, une invitation pour venir en Israël qu'elle n’avait pu honorer, avançant que son patron l’aurait menacé de la licencier. Au Maroc, aucune loi ne pénalise pourtant le voyage vers Israël.
Alors que les voyages précédents s'étaient déroulés dans la discrétion, la diffusion de ces propos ont joué comme une prophétie auto-réalistrice. En effetn depuis la publication de plusieurs photos floutées des sept journalistes, une cabale s'est organisée sur les réseaux sociaux afin de les identifier.