Dix jours après les révélations de Jerusalem Post sur le très controversé voyage de trente jeunes juifs marocains en Israël pour effectuer un stage paramilitaire, Rabat n’a toujours pas réagit à la nouvelle. Une situation embarrassante pour le royaume alors que son chef d’Etat préside le Comité Al Qods et que le pays s’apprête à accueillir, prochainement, un sommet de l’Organisation de la coopération islamique dédié exclusivement à la question palestinienne.
Des pistes pouvant expliquées le silence
Les raisons de ce manque de communication de la part du gouvernement ont fait l’objet d’une analyse d’Al Quds Al Arabi. Dans un édito, le quotidien palestinien, avance prudemment deux pistes pouvant expliquer le silence marocain. La première serait d’ordre interne. Le journal estime que «des parties souverainistes», selon ses propres termes, «ayant un pouvoir qui dépasse celui du gouvernement» seraient à l’origine de cette affaire.
Cette hypothèse rejoint les interrogations d’ONG exprimées dans une lettre adressée à Abdelilah Benkirane sur le «silence» des services de sécurité au sujet du départ trente juifs en Israël alors que ces mêmes services sont «vigilants» dans le démantèlement de cellules dormantes et actives des partisans de Daesh.
Dans une approche équilibrée pour ne pas s’attirer la foudre de Rabat, Al Quds Al Arabi souligne dans sa deuxième explication qu’Israël aurait tiré profit de «la modération» du royaume et son «généreux traitement de ses propres juifs» pour lui cacher le véritable objectif de la mission. Tel-Aviv aurait fait croire à Rabat qu'il s'agirait d'une simple "visite touristique".
L’édito, à part quelques insinuations, est resté modéré. Il a salué la manière avec laquelle le Maroc concilie son hostilité à l’occupation israélienne et respecte la citoyenneté de ses citoyens de confession juive. Le journal palestinien note que cette «tolérance» officielle et populaire est destinée à tous les juifs du monde qui souhaitent rendre visite aux villes du royaume pour se remémorer la présence de leurs aïeux qui avaient fui l’Espagne au 15ème siècle pour y trouver refuge.