Quelle est votre réaction après avoir passé 6 mois en prison pour avoir décrié la spoliation immobilière à Casablanca ?
C’est une taxe pour notre militantisme contre la mafia de la spoliation que j’ai payée. Nous avons réussi à démasquer cette mafia. Cette spoliation est devenue une sorte de terrorisme social. Plusieurs familles ont été spoliées de leurs biens avec des faux et usages de faux en faisant traîner ces affaires pendant plusieurs longues années. Depuis 2005, l’année à partir de laquelle j’ai commencé à lutter contre les spoliateurs qui m’ont pris mes investissements et bien que je sois passé en jugement préliminaire avec une ordonnance d’expertise par le tribunal, on me surprend avec un jugement de six mois de prison avec sursis contre cette mafia et un million (de dirhams, ndlr) de dégâts. Imaginez-vous cette justice qui va à double vitesse ? Aujourd’hui, c’est une machine de spoliation sur la base de documents administratifs et de procédures judiciaires qui est en marche. On vous spolie votre bien et vous laisse traîner pendant 10 ans ou plus dans les rouages de la justice.
Quel a été l’impact de votre arrestation sur la cause que vous défendez ?
Ma détention a permis, Dieu merci, à l’opinion publique de se réveiller sur cette gangrène de mafia et de spoliation qui a causé énormément de dégâts. L’arrestation n’a pas impacté la cause, bien au contraire. Elle a réussi à éveiller les consciences. Une manifestation spontanée organisée à ma sortie ce matin m’a vraiment agréablement surpris. Je remercie toutes les personnes impliquées ainsi que la société civile qui se sont battues contre cette mafia. Il y a même eu une mobilisation au sein de la prison. Durant ma détention, certains ont compris ce crime. Avant, des personnes étaient arrêtées pour des chèques sans solde, entre autres. Aujourd’hui, la spoliation devient l’un des crimes les plus dangereux.
Vous avez défendu votre cause mais aussi celle de plusieurs familles. Pourquoi ?
Parce que la spoliation est un crime. Je la qualifie même aujourd’hui de crime contre l’humanité. Parce qu’avec des faux et usages de faux, certaines familles se retrouvent dans la rue, spoliées de leur maison. Ce sont des crimes contre l’humanité. On vous spolie vos investissements et vos bien à base de faux documents présentés à la justice et grâce à une mafia bien organisée.
La prison a-t-elle affecté votre combat personnel ?
Absolument pas. C’est une détention pour avoir décrié cette mafia et en faveur de notre cause. On est prêts à payer le prix qu’il faudra pour établir l’Etat de loi et de droit. L’arrestation a aussi consolidé les rangs de l’association des victimes de la spoliation ; ça nous a rendus plus fort. On a essayé de m’intimider en me privant de ma liberté, mais ça ne changera rien à notre combat.