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Grand Angle

Maroc : Le président de l’association des victimes de la spoliation condamné à 6 mois de prison ferme

Les craintes des avocats de Mohamed Moutazzaki se sont confirmées, hier, mardi 31 mai, aux alentours de 19h. Il a été condamné en première instance à six mois de prison ferme pour diffamation à l’encontre de trois juges. Estimant la peine lourde, ses avocats vont faire appel.

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Coup dur pour l’association des victimes de la spoliation (AVS). Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné Mohamed Moutazakki, mardi 31 mai, à six mois de prison ferme pour diffamation.

«Il ne le mérite pas»

Incarcéré depuis le 25 avril dernier, il avait d’abord été arrêté après à un «accrochage» avec le fils de Mustapha Him, devant une maison spoliée, selon les membres de l’AVS. Il a été ensuite placé en garde à vue après le dépôt d’une plainte pour coups et blessures. Mais alors qu’il était sur le point d'être libéré, le militant a été incarcéré suite à une plainte déposée par trois juges pour diffamation. Il les avait nommément accusés de corruption dans des vidéos de manifestations publiées sur les réseaux sociaux.

Au sein de l’AVS, c’est la désolation. «Tout le monde a pleuré quand le verdict a été proclamé», confie à Yabiladi la vice-présidente Latifa Bouabid, encore sous le choc. «Il ne le méritait pas, après avoir déjà passé deux mois en prison», ajoute la jeune dame qui a assisté à l’audience. «M. Moutazakki s’est tourné vers nous et a dit : ‘’c’est injuste, mais je suis fière parce que je ne suis pas un spoliateur. Et je continuerai de défendre les victimes quoi qu’il arrive’’», rapporte la militante.

«La justice aurait pu être clémente, il défend une noble cause»

Pour les avocats de M. Moutazakki aussi - qui s'attendaient pourtant à la prison ferme- la peine est lourde. «Je suis encore très choqué, car six mois, c’est trop», déclare à Yabiladi Me Abdelhak Chorfi qui qualifie également le jugement d’ «injuste». Il estime que pour les faits de diffamation reprochés et avoués par le militant, «une peine d’un ou deux mois de prison aurait été acceptable. Mais pas plus».

Son collègue, Me Khalid Kbiri abonde dans le même sens. Il tient en revanche à reconnaitre qu’ «on ne peut pas accepter la diffamation à l’encontre des juges qui représentent une institution de l’Etat». D’après lui d’ailleurs, tous les arguments appuyant cette diffamation lui ont rendu la tâche difficile pour son plaidoyer. «Nous étions dans une situation embarrassante, car il y a les vidéos sur Facebook et les aveux de M. Moutazzaki», explique l’avocat.

Appel

Me Kbiri estime tout de même que la justice aurait pu être clémente à l’égard du militant. «Il défend une noble cause. Ce n’est pas en raison d’une erreur de ce genre qu’il doit être enfermé derrière les barreaux pendant tout ce temps», déplore-t-il. Pour lui, le tribunal aurait pu tenir compte du combat mené par M. Moutazakki et de ce qu’il est lui-même victime de spoliation. Les deux avocats feront appel.

A l’association, on ne baisse pas les bras pour autant. Les membres entendent poursuivre la mobilisation. Des manifestations sont prévues ainsi que de courriers au ministère de la Justice. «Nous ne nous arrêterons pas. Nous sommes contre la corruption, la spoliation immobilière et c’est notre but de contribuer à y mettre fin», argue la vice-présidente.

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