La victoire du PJD aux législatives du 7 octobre place Abdelilah Benkirane en bonne position pour diriger le prochain gouvernement. Le compteur des islamistes affiche 125 sièges, selon les derniers résultats annoncés ce midi par le ministère de l’Intérieur. Son principal adversaire a glané, en additionnant les listes locales et la listes nationale 102 députés.
Le PJD a désormais les coudées franches pour former un cabinet. L’article 47 de la constitution prévoit que «le Roi nomme le Chef du Gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des Représentants, et au vu de leurs résultats». Le texte est clair et laisse peu de marge aux interprétations et aux manœuvres politiciennes.
Les conséquences d'une répétition (peu probable) du scénario de 2002 en 2016 seraient périlleuses sur l’image du Maroc sur la scène internationale. Son «exception» qu’il cultive depuis la vague du «Printemps arabe» serait lézardée.
Seuls 73 sièges manquent au PJD
Mathématiquement, il manque seulement 73 sièges aux «frères» de Benkirane pour constituer la majorité gouvernementale. Si on ajoute l’Istiqlal (46), le Mouvement populaire (27) et le PPS (12), ils pourront, en principe, assurer une majorité. L’addition des scores des trois formations est de 85 députés. A cela pourrait s’ajouter, comme ce fut le cas en 2011, un éventuel soutien du Mouvement démocratique et social (MDS) mais sans participer à l’équipe gouvernementale.
Mais les négociations ne s’annoncent tendues pour Benkirane. Hamid Chabat a grandement besoin d'un maximum de ministères pour calmer la colère qui couve au sein de la Balance. Arracher plus de six postes de ministres pourrait assurer au secrétaire général un départ dans la dignité et non par la petite porte. Mohand Laenser du MP serait également tenté de rester à bord du navire. Le MP tire, en effet, sa sève de ses participations aux gouvernements. D’autant que la formation est appelée à tenir son congrès en 2018. Le prochain chef doit dès maintenant préparer sa campagne en plaçant ses fidèles à la tête de ministères.
Le PAM, véritable chef de file de l’opposition
Ce matin, le porte-parole du PAM a rejeté toute alliance avec le PJD. Position attendue tant une coalition des deux grands partis ennemis sonnerait le glas du jeu politique au royaume. Les autres partis n'étant pas en mesure d’assumer le rôle d’opposants. Par ces résultats, le Tracteur se positionne donc comme le véritable chef de file de l’opposition.
Un entrainement pour les camarades d’Ilyas El Omari en attendant l’échéance 2021 à condition de tirer profit du facteur d’usure du pouvoir qui menace le PJD. Le PAM est appelé, aussi, à revoir sa campagne de communication et quelques actes de ses relais médiatiques et associatifs pour prétendre déloger les islamistes de la première place du podium.
Sur les bancs de l’opposition à la Chambre des représentants, il est prévu que le RNI, à l'instar de l'Union constitutionnelle, accompagne le Tracteur. Deux structures qui vivent de sombres jours à l'ombre du PAM. Jamais, elles n’ont réalisé de si mauvais scores.