Autoriser ou pas l’exposition de macaques de barbarie, de chardonnerets, de hiboux grand-ducs…sur la place Jemaâ el Fna du 7 au 18 novembre prochain pendant la COP22 ? Si oui, dans quelles conditions, quelles sont les limites de la pratique et comment l’expliquer aux écologistes défenseurs de la cause animale qui déposeront leurs valises à Marrakech? Sinon, comment faire accepter cette orientation aux défenseurs du patrimoine culturel marocain ?
C'est la problématique à laquelle doivent répondre les autorités marocaines à 166 jours de la grande messe du climat. Mais le dossier traine quelque peu. Le «travail de proximité» prévu par les Eaux et forêts au mois de mai n’a pas encore été réalisé. Il faudra plutôt attendre la première semaine de juin. «Nous avons un atelier le 2 juin avec la direction régionale et les différents partenaires (autorités régionales, ministère de la Culture, …). C’est à l’issue de cette rencontre que nous pourrons décider», explique à Yabiladi Zouhair Amhaouch chef division des Parcs et Réserves naturelles au HCEF, précisant que tout sera acté au niveau local.
Savoir-faire marocain VS risque de commerce
A la question de savoir s’il est difficile de statuer, le responsable répond : «oui et non». D’après lui, l’opinion sur la question est encore partagée entre la valorisation du patrimoine et du savoir-faire marocain, et la suppression de tout risque de commercialisation des espèces protégées. Selon les Eaux et Forêts, les écarts souvent observés sur la place Jemaâ el Fna ne sont pas rassurants. La direction régionale a en effet été alertée en fin de semaine dernière par des scientifiques qui signalaient la vente publique d’un grand-duc sur la place touristique. «Ce genre de chose ne reflète pas une bonne image de notre pays», souligne M. Amhaouch, estimant qu’une telle pratique pendant la COP22 entacherait l’événement.
Toutefois, dit-il, «nul ne veut imposer son point de vue». «C’est pourquoi nous allons discuter ensemble, peser le pour et le contre de chaque décision envisageable…», explique le responsable, ajoutant que le but est de «connaitre l’ampleur des conséquences que pourraient avoir les actions proposées».
Le Maroc a signé le 16 mai à Bonn l’accord de siège marquant l’engagement officiel pour l’organisation de la COP22. Au total, 25 000 participants sont attendus dans la ville ocre : chefs de gouvernements, hommes et femmes politiques, militants associatifs, écologistes…Désormais toute l’attention est tournée vers le Maroc, d’autant plus que la question de l’exposition des espèces protégées à Marrakech divise au royaume depuis plusieurs années à présent.