Ce mercredi, des étudiantes de la prestigieuse école ont initié un «Hijab Day» (une journée du voile). Pendant une journée, les femmes voilées ou non, musulmanes ou non musulmanes sont invitées, avec une aide manuelle des organisatrices, à porter pendant une journée, le voile. Comme le détaillent les organisatrices sur la page Facebook de l’événement, l’idée qui guide cette journée du voile est simple : «Démystifier le tissu!», parce qu’«il y a autant de voiles que de femmes. C’est la personne qui le porte qui donne une signification à son vêtement, et elle est la seule légitime à le faire ».
Cette initiative poursuit un double objectif. «Nous pensons que se couvrir les cheveux d’un foulard, même une petite journée, en cours, dans la rue, permet de prendre conscience du regard de l’autre, de ses propres appréhensions, et mieux comprendre -dans une moindre mesure, bien sûr- l’expérience de la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France », expliquent-elles. «Il s’agit aussi de montrer que nous disposons de nos corps comme nous l’entendons, nous nous vêtissons comme nous l’entendons, et n’admettons pas l’idée d’un diktat quant à la façon dont nous choisissons de nous présenter, de nous vêtir », poursuivent-elles.
La polémique enfle…
Pourtant, malgré ce prêche de bonne foi, l’initiative est à l’origine d’une controverse au sein des mouvements politiques de l’école et sur les réseaux sociaux. Il y a d’abord ceux qui soutiennent l’événement au nom de la liberté de choix. Au premier rang, Politiqu’elles, l’association féministe de Sciences Po, a partagé sur son compte Twitter, un communiqué dans lequel, elle estime que «le Hijab Day vise à donner la parole à celles dont on parle tout le temps et qui ne sont jamais écoutées ». Cité par Le Figaro, l’UNEF joint sa voix à celle de Politiqu’elles et estime que «l’initiative est louable, car elle rappelle que le port du voile est un acte que les individus font, ou pas, en fonction de leur propre volonté ». Pour le syndicat étudiant, l’initiative pourrait permettre de «créer un débat constructif autour de la question du voile à l’université».
Mais les détracteurs du Hijab Day sont d’un autre avis. Toujours dans le Figaro, l’UNI «s’oppose fermement à la tenue de cet événement ». Il y voit une «véritable provocation et incitation communautariste à Sciences Po, en totale contradiction avec les valeurs de la République et le respect des droits des femmes ».
… jusqu’à se déplacer sur les réseaux sociaux
Les tergiversations ne s’arrêtent pas là. Le débat s’est déplacé sur les réseaux sociaux avec des partisans du Hijab Day et ses opposants. Sur Twitter , le hastag #HijabDay est devenu en quelques heures une compilation de messages de désapprobation ou de soutien au Hijab Day. Certains y voient une «provocation», une approche «communautariste», du «prosélytisme» pendant que d'autres y voient «une liberté de choix» et soulignent même l'hypocrisie dans le soutien apporté au «port de la kippa» et que l'on apporte pas à celui du voile.
Ça commence par un #HijabDay on sait comment ça fini.... pic.twitter.com/arvgQIhrkZ
— Lady Ariel (@justefrancaise) 20 avril 2016
#HijabDay à @sciencespo. Et demain #BurqaDay ?
— Nicolas Bay (@nicolasbayfn) 20 avril 2016
Il est temps de stopper le communautarisme qui désagrège notre pays.
#HijabDay de la honte à @sciencespo La France est la patrie des Droits de l'Homme, donc de l'emancipation des femmes face obscurantisme.
— Jean Philippe Tanguy (@JphTanguy) 20 avril 2016
Aujourd'hui c'est #HijabDay et demain ça sera #Burkaday mais ce sera obligatoire pic.twitter.com/oeFpWI7DSk
— b__éa ن (@c_encore_b_ea) 20 avril 2016
BHL réagit au #HijabDay alors qu'il avait soutenu le port de la kippa
— GuedGued (@_Pourquoi) 20 avril 2016
Hypocrisie ou Islamophobie? Bravo l'artiste ! pic.twitter.com/GtFWFW5Jwl
Pendant ce temps en Angleterre... #HijabDay pic.twitter.com/KIeEzB8ZkL
— Jihvd (@Fmh213) 20 avril 2016
Et les sœurs chrétiennes, personne pour les émanciper et les libérer de l'obscurantisme ? Tant mieux... #HijabDay pic.twitter.com/1HwHLjKLYX
— CitoyenDuMonde (@ybenderbal) 20 avril 2016
Donc #TousEnKippa à l'assemblée c'est bien mais #HijabDay à science po c'est scandaleux pic.twitter.com/Yc4B5cEqGs
— Widad.K (@widadk) 20 avril 2016
Mais certaines réactions critiques n’ont pas peur du ridicule. Pour le controversé Bernard-Henri Lévy, entre le hijab et la lapidation ou l’esclavage il n’y a qu’un pas qu’il s’est empressé de franchir.