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Grand Angle

France : Hijab Day à Sciences Po crée la polémique

La polémique sur la mode islamique avait préparé le terrain. La tentative de relance du débat sur le port du voile à l’université a fini par faire le reste. Une initiative de jeunes femmes voilées incitant les étudiants de Sciences Po Paris à «se couvrir la tête d’un voile, le temps d’une journée» a encore ouvert la voie à une nouvelle polémique. Florilège des réactions provoquées par une simple initiative estudiantine destinée à démystifier le voile. 

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Crédit Photo: Affiche de publicité de l'événement
Temps de lecture: 3'

Ce mercredi, des étudiantes de la prestigieuse école ont initié un «Hijab Day» (une journée du voile). Pendant une journée, les femmes voilées ou non, musulmanes ou non musulmanes sont invitées, avec une aide manuelle des organisatrices, à porter pendant une journée, le voile. Comme le détaillent les organisatrices sur la page Facebook de l’événement, l’idée qui guide cette journée du voile est simple : «Démystifier le tissu!», parce qu’«il y a autant de voiles que de femmes. C’est la personnqui le porte qui donne une signification à son vêtement, et elle est la seule légitime à le faire ».

Cette initiative poursuit un double objectif. «Nous pensons que se couvrir les cheveux d’un foulard, même une petite journée, en cours, dans la rue, permet de prendre conscience du regard de l’autre, de ses propres appréhensions, et mieux comprendre -dans une moindre mesure, bien sûr- l’expérience de la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France », expliquent-elles. «Il s’agit aussi de montrer que nous disposons de nos corps comme nous l’entendons, nous nous vêtissons comme nous l’entendons, et n’admettons pas l’idée d’un diktat quant à la façon dont nous choisissons de nous présenter, de nous vêtir », poursuivent-elles.

La polémique enfle…

Pourtant, malgré ce prêche de bonne foi, l’initiative est à l’origine d’une controverse au sein des mouvements politiques de l’école et sur les réseaux sociaux. Il y a d’abord ceux qui soutiennent l’événement au nom de la liberté de choix. Au premier rang, Politiqu’elles, l’association féministe de Sciences Po, a partagé sur son compte Twitter, un communiqué dans lequel, elle estime que «le Hijab Day vise à donner la parole à celles dont on parle tout le temps et qui ne sont jamais écoutées ». Cité par Le Figaro, l’UNEF joint sa voix à celle de Politiqu’elles et estime que «l’initiative est louable, car elle rappelle que le port du voile est un acte que les individus font, ou pas, en fonction de leur propre volonté ». Pour le syndicat étudiant, l’initiative pourrait permettre de «créer un débat constructif autour de la question du voile à l’université».

Mais les détracteurs du Hijab Day sont d’un autre avis. Toujours dans le Figaro, l’UNI «s’oppose fermement à la tenue de cet événement ». Il y voit une «véritable provocation et incitation communautariste à Sciences Po, en totale contradiction avec les valeurs de la République et le respect des droits des femmes ».

… jusqu’à se déplacer sur les réseaux sociaux

Les tergiversations ne s’arrêtent pas là. Le débat s’est déplacé sur les réseaux sociaux avec des partisans du Hijab Day et ses opposants. Sur Twitter , le hastag #HijabDay est devenu en quelques heures une compilation de messages de désapprobation ou de soutien au Hijab Day. Certains y voient une «provocation», une approche «communautariste», du «prosélytisme» pendant que d'autres y voient «une liberté de choix» et soulignent même l'hypocrisie dans le soutien apporté au «port de la kippa» et que l'on apporte pas à celui du voile.

Mais certaines réactions critiques n’ont pas peur du ridicule. Pour le controversé Bernard-Henri Lévy, entre le hijab et la lapidation ou l’esclavage il n’y a qu’un pas qu’il s’est empressé de franchir.

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Réaction
Auteur : elyagoubimhamed
Date : le 21 avril 2016 à 03h29
Une surcharge médiatique sur le comportement vestimentaire en France surtout le foulard ou le hijab ou n'importe quoi est une volonté délibérée d'une catégorie des imposteurs politico-médiatiques du dernier cri de la médiocrité "intellectuelle". Bien que la conscience collective soit vigilante au principe de laïcité en tant référence dans le savoir-être et le vivre ensemble, il n'en demeure pas mois que l'attaque de ce principe est d'origine politique dont les auteurs sont à la commande des rouages institutionnels surtout dans le milieu de la droite et ses variantes. Nicolas Sarkozy, Nadine Morano, Marine Lepen, et d'autres qui revendiquent explicitement la chrétienté de la France.. Pire, ils militent pour l'inscrire dans la constitution. Il faut plonger en apnée pour voir et comprendre cette médiocrité et comment la presse conventionnelle de prostitution politique excelle et surdimensionne ce phénomène obsolète. Si vous posez des questions sur ce machin aux Français ordinaires qui souffrent et se battent pour trouver un job à la con ou un logement ou juste un peu de chance pour survivre ils vont vous répondre de cette manière : "Tout cela pour nous faire éloigner des vrais problèmes concrets."
Le tapage politico-médiatique autour de ce comportement vestimentaire relève de l'insignifiance et de l’imbécillité. J'invite cette bande politico-médiatique à parler juste un petit peu sur l'ampleur de la maltraitance psychiatrique et la prédation tutélaire. Je l'invite aussi à parler de l'industrialisation de la destruction des personnes âgées dans des maisons de retraite ou de grande âge. Il y a des détails qui livrent l'horreur la plus crue. Les médias n'en parlent pas parce que ces faits violents relèvent du tabou et des collusions des institutions. Et pourtant ce sont des vérités sociales structurelles. Je termine par cette belle phrase de Pierre Bourdieu (1988) : "La vérité sociologique a une telle violence qu'elle fait souffrir".

M'hamed EL Yagoubi
Chercheur post-doctorant

France

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