La visite des camps de Tindouf par Ban Ki-moon n’aura pas été de tout repos. Le cortège onusien a été la cible de jets de pierre dans le «camp Smara». Le sud-coréen n’a même pu descendre de sa voiture pour inaugurer l’école Simon Bolivar, rénovée grâce aux dons d’une agence des Nations Unies. Le SG de l’ONU avait prévu d’avoir des discussions avec un groupe de jeunes dans cette école. Et c’est justement le choix de ces jeunes qui a mis le feu aux poudres.
Le groupe de jeunes a été trié sur le volet. D’ailleurs ce sont presque toujours des fils et des filles de membres influents du Polisario qui ont le privilège de rencontrer les délégations étrangères en visite dans les camps. Christopher Ross avait déjà exprimé à Mohamed Abdelaziz et aux siens son ras-le-bol de voir souvent les mêmes visages de jeunes ou de supposés membres de la «société civile». Et faute d’une réaction de la part du Polisario, le médiateur américain a même été contraint d’annuler ce genre de rendez-vous.
Des jeunes marginalisés par le Polisario voulaient remettre une lettre à Ban Ki-moon
Avec l’arrivée du SG de l’ONU, la colère des jeunes sahraouis mis de côté a fini par éclater. Des jeunes du mouvement de 5 mars, un mouvement contestataire créé dans le sillage du Printemps arabe, ont rédigé une lettre, destinée au secrétaire général des Nations Unies. Mais les milices du Polisario ont reçu des ordres pour les empêcher de remettre la missive à Ban Ki-moon.
Les choses ont fini par dégénérer en affrontements. Les véhicules du cortège onusien ont alors essuyé des jets de pierres. Et dans la panique générale, une voiture appartenant à l’ONU a renversé une fillette, lui causant un fracture à la jambe. La visite de l’école Simon Bolivar a finalement été annulée avant qu’au pas de charge, le sud-coréen ne monte à bord de son hélicoptère pour retourner au «camp Rabouni».
A l’issue de ces incidents, les machines de propagande de l’Algérie et du Polisario ont été mises en branle-bas de combat. L'échec de la visite de Ban Ki-moon a été attribué aux protestations de proches du sahraoui tué la semaine dernière par des éléments des FAR à 150 mètres derrière la ligne de défense, au niveau du sous-secteur Gueltat Zemour.
Par ailleurs, le secrétaire général des Nations Unies s’est rendu dans la localité de Bir Lahlou, située dans la zone tampon, que le Front considère comme un «territoire libéré». Au cours de cette visite qui s’est fait sans heurts, Ban Ki-moon était accompagné par Ahmed Boukhari, le représentant du Polisario à l’ONU. Mais les incidents du «camp Smara» ont totalement éclipsé cet évènement.