Christopher Ross aurait confié à la direction du Polisario que le Maroc ne souhaitait pas de nouvelles négociations directes. C’est du moins ce qu’a affirmé son représentant aux Nations Unies, Ahmed Boukhari, à la presse algérienne. «Nous en avons été informé officiellement», a-t-il annoncé, ajoutant que le royaume «met une fois encore le processus de paix en danger».
Ces déclarations de la part du polisarien interviennent quelques heures avant la présentation, à huis-clos, par le médiateur onusien de ses observations au Conseil de sécurité sur sa mission et ce depuis la dernière résolution d’avril dernier.
Les temps ont changé
De toute évidence, la position de Rabat contrarie les plans du Front qui s’enthousiasmait d’un retour à des négociations directes. Ce type de pourparlers avait été mis en place entre août 2007 et l’été 2008. Cela s’était conclu par la tenue de quatre rounds à Manhasset sous l’égide de l’ancien envoyé personnel du secrétaire général, Peter Van Walsum. Le diplomate néerlandais a été ensuite, sous la pression de l’Algérie et du Polisario, contraint de présenter sa démission.
Son successeur Christopher Ross, pensant bien faire, avait suggéré en 2009 d’expérimenter des réunions informelles. En six ans d’exercice, il a réussi à organiser neuf sessions, dont la dernière remonte à 2012. Mais plus rien ne s’est passé depuis. L’Américain a d'ailleurs lui même reconnu l’échec de son plan lors de son passage du 30 octobre 2013 au Conseil de sécurité. Il a ensuite proposé une nouvelle stratégie basée sur des «échanges bilatéraux indirects et discrets» exclusivement entre le Maroc et le Polisario mais sans la participation de l’Algérie. L’idée a été immédiatement rejetée par Alger.
«L’opposition du Maroc à des négociations directes obéit à des considérations politiques», nous confie une source au Sahara. «Le Polisario passe par l’une de ses pires phases. Dans ce contexte, discuter directement avec Mohamed Abdelaziz et les siens équivaudrait à leur accorder un cadeau inespéré à même de les extirper de la mauvaise situation où ils sont englués», explique-t-elle.