Abdellah Taïa n’a pas vraiment fait de nouvelles révélations dans le dernier entretien qu'il vient d'accorder à l'agence de presse française. «Je suis le premier écrivain marocain qui ait parlé ouvertement de son homosexualité, en l'assumant, mais sans tourner le dos au pays d'où je viens», rappelle-t-il. Pour lui, «l'homosexualité n'est pas une cause, mais une liberté individuelle. Il est normal que je défende les homosexuels parce que ce sont des individus opprimés». Dans cet entretien réalisé à Tanger, l’auteur des romans «l’Armée du salut» et «Une mélancolie arabe», a ajouté : «je me sens très attaché au Maroc où je viens plusieurs fois par an et où je me sens malgré tout comme tout le monde. Je viens du même monde, de la même intelligence».
«Mon statut d'écrivain me protège»
Abdellah Taïa a été très critiqué au Maroc. Pour autant, il continue de faire le va-et-vient entre la France et le royaume sans être emprisonné. Bien qu'il reconnaisse que son «statut d'écrivain édité par de grandes maisons françaises [le] protège», ses propos rapportés par l’AFP, minent un peu les arguments avancés par l’avocat de Karim, un autre homosexuel marocain, qui ne veut pas retourner dans son pays par crainte d’être emprisonné.
Ce dernier, est aujourd’hui soumis à l’obligation de quitter la France puisqu'il est en situation irrégulière. Mais pour éviter l’expulsion de Karim, son avocat Uldrif Astié a soutenu qu’il serait «encore plus démuni, marginalisé, mis au ban par sa famille et notamment son père qui est imam et par la société». Il a ajouté que «Karim est intégré [en France], là-bas il risque la prison. Depuis l'indépendance du Maroc en 1956, des milliers d'homos ont été emprisonnés».
En effet, l’article 489 du code pénal marocain punit l'homosexualité «de six mois à trois ans d'emprisonnement». Mais, comme nous l’avions déjà précisé, Karim ne risque rien, à moins qu’il soit pris en flagrant délit ou qu'il fasse ouvertement de la publicité pour l’homosexualité.
La justice française devait se prononcer sur son cas ce mardi 28 décembre, mais pour l'instant aucune information n'a été rendue publique. Le jeune homme de 25 ans a déjà déclaré préférer la «prison en France que retourner au Maroc...». Pas sur que le tribunal lui laisse le choix entre ces deux possibilités.