«Je pense que nous sommes tous très en colère à ce sujet», a déclaré au site d’information spécialisé britannique BD, l’un des architectes candidats au concours lancé en 2013 par l’ONCF pour le projet de la nouvelle gare TGV de Rabat.
Ils étaient au total cinq cabinet d’architectes étrangers à participer à la compétition : les hollandais Morphosis, OMA et Mecanoo, le cabinet AZPML basé à Londres et le norvégien Snøhetta. Selon les sources de BD, seuls les deux premiers auraient reçu l’enveloppe couvrant la réalisation de leur maquette, soit respectivement 60 000 euros et 40 000 euros. Les autres seraient rentrés bredouille et n’ont jusqu’à lors rien perçu.
Gros investissements de temps, d'argent, d'énergie, ...
«Nous avons probablement investi 20 000 euros dans notre maquette. L'œuvre nous a pris deux mois de travail et a mobilisé plusieurs personnes», regrette la même source, soulignant que les trois architectes lésés devaient recevoir chacun 20 000 euros environ.
L’un des partenaires de Mecanoo sur le projet, Francesco Veenstra, confie qu’ils étaient pourtant «très ravis de prendre part au concours». «Le tapage médiatique autour de la compétition était pertinent à l'époque, vu que cette gare sera l'une des principales stations le long de la nouvelle ligne à grande vitesse. Compte tenu de son positionnement au sein de la capitale, nous étions ravis d'appliquer notre expertise dans la réalisation d'une passerelle de transport exemplaire pour le monde entier», explique-t-il.
Le cabinet néerlandais avait proposé une maquette originale sous forme de pont pour relier une partie de la ville à l’autre, abritant centres commerciaux, espaces de jeu, hôtels, … Voyant que la désignation du lauréat tardait, Menacoo a révélé son œuvre au public en décembre 2014. AZPML a quant à lui, dévoilée la sienne la semaine dernière.
Tanger, Kenitra, Casa fixées, que se passe-t-il pour Rabat?
C’est le groupe américain de conseil en immobilier d’entreprise (CBRE) au Maroc qui avait été désigné pour l’organisation du concours. Nous avons tenté en vain de les joindre pour obtenir des explications. Idem pour l’ONCF.
Ces révélations pourraient davantage conforter les critiques autour du projet de LGV au Maroc, même si les détracteurs se sont fait moins entendre ces deux dernières années. Alors que les projets des gares de Tanger, Kenitra et Casablanca ont déjà été attribués à des architectes marocains et étrangers depuis mai 2013, qu’est-ce-qui explique le retard pour Rabat ? Serait-ce l’absence de concourants marocains ? «Je ne saurais le dire. Ce concours était déjà très restreint», confie à Yabiladi, une source à l’Ordre des architectes.
Quoi qu’il en soit, le projet de TGV en lui-même avance malgré les retards. Deux rames ont déjà été livrées et l'ensemble de la ligne à grande vitesse devrait être opérationnel pour le premier semestre 2018. Toutefois, les résultats de l’enquête du journal français Contexte l’année dernière révélant la non-rentabilité du TGV pour la France, suscite des interrogations quant au retour sur investissement d'un tel projet au Maroc.