Wikileaks - Maroc : Retour sur l'affaire Aminatou Haïdar et sa gestion « désastreuse »

Ainsi, le président de l'ASM, Réda Taoujni, partage la même analyse que les diplomates américains sur l'engouement médiatique qui a suivi l'expulsion et la grève de la faim de la militante séparatiste sahraouie, Aminatou Haïdar, il y a un an. «Nous avons été malmenés et ridiculisés sur le plan international», avait-il estimé sur les pages de Yabiladi.com, après le retour de l'activiste à Laâyoune le 18 décembre 2009. Au vu de deux notes diplomatiques américaines, envoyées de Casablanca et de Rabat, cela se confirme. Les diplomates américains attestent d'une gestion «désastreuse».

Selon l'ambassade de Rabat, le retour sans complications d'Aminatou Haïdar le 18 décembre 2009 a mis une fin à «un épisode désastreux pour le gouvernement du Maroc, qui a failli non seulement perpétrer un cas d'exil forcé, mais aussi compromettre gravement ses relations avec l'Espagne et d'autres alliés à travers sa gestion belliqueuse de ce cas et d'une diplomatie étonnamment maladroite».

En anglais dans le texte : «It also brings to a close a disastrous episode for the GOM, which drew dangerously close not only to perpetrating a case of forced exile, but also to badly jeopardizing its relationships with Spain and other allies through its belligerent handling of the case and some stunningly maladroit diplomacy.»

Une appréciation en interne

Dans ce contexte, une autre révélation Wikileaks ajoute du piment à l'affaire. Un câble diplomatique envoyé le 8 décembre 2009 du consulat général des Etats-Unis à Casablanca témoigne d'un entretien avec une personne du cercle royal marocain pendant que l'activiste était encore en grève de la faim. Cette personne visiblement bien informée a été cité par les diplomates américains, disant que «sur plusieurs niveaux, notre décision [d'expulser l'activiste, ndlr] était illogique, et Fassi Fihri aurait dû expliquer cela au roi».

Selon la note, cette personne serait allée plus loin, en expliquant la suite de l'affaire : «Ensuite, tout le monde prenait une attitude typiquement marocaine, prétendant que comme la décision concernant Haïdar avait été prise au sommet, on ne pouvait la remettre en question ou la critiquer». Manifestement, cela jasait dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères et du palais.

Dans l'original : «'At a number of levels, our decision was illogical, and Fassi Fihri should have made this clear to the king.' Now,everyone was adopting a typical Moroccan attitude, claiming that as the decision regarding Haïdar had been taken at the very top, it could not be questioned or criticized, XXXXXXXXXXXXX added.»

Les diplomates américains se félicitent en quelque sorte dans la note que l'issue ait été trouvée à l'affaire grâce, notamment, à leur intervention. Mais ils restaient avertis de ses conséquences au niveau régional : «Nous allons devoir garder à l'esprit que toute cette affaire Haïdar a énormément fragilisé le gouvernement du Maroc. En effet, la colère et la méfiance des officiels marocains à l'égard de l'Algérie a atteint le plus haut niveau de ces dernières années».