Salaheddine Mezouar a affirmé qu’il comptait «effectuer cette semaine un déplacement à Paris pour rencontrer, notamment, mon homologue français Laurent Fabius». Le ministre des Affaires étrangères a ensuite précisé, aujourd’hui dans des déclarations à la MAP, que son «déplacement reflète, encore une fois, la volonté ferme et sincère du royaume de surmonter définitivement et durablement tous les obstacles qui pourraient entraver la pleine coopération entre les deux pays».
Cette annonce du chef de la diplomatie marocaine est plutôt surprenante. On s’attendait plutôt à une venue de Laurent Fabius au Maroc. Le ministre français avait en effet déclaré le 15 janvier son intention d’effectuer «prochainement» une visite au royaume. Par contre, il n’avait pas fixé de date pour son voyage.
Un déplacement pour appuyer les partisans du Maroc dans le gouvernement français
Rabat tente ainsi de revenir en force sur la scène politique française en montrant quelques signes de son engagements pour soutenir la France. Mezouar parle même de «faire le point sur les différents aspects de notre coopération bilatérale et ce, dans le contexte particulier et douloureux que traverse la France». Cette main tendue renforce également la position des ministres pro-Maroc au sein du gouvernement Valls. Elle intervient alors que depuis quelques semaines plusieurs interventions de membres du gouvernement sont venues encore plus compliquer les relations franco-marocaines.
Mi-décembre, Jean-Yves Le Drain écartait catégoriquement, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique, tout rôle du Maroc dans le règlement de la crise malienne, affirmant que la France appuyait la médiation algérienne. Début janvier, c’était au tour de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et Porte-parole du gouvernement, de s’afficher publiquement avec des partisans du Polisario au Mans. Et la semaine dernière, Christine Taubira en a rajouté une couche. A l’occasion d’une cérémonie d’hommage à l’un des caricaturistes de Charlie Hebdo assassiné par les frères Kouachi, la ministre de la Justice, s’exprimant sur la liberté d’expression, a implicitement critiqué le Maroc en déclarant qu’«au Maroc, il est plus prudent de ne pas vouloir représenter le Roi».
Préparer un sommet Mohammed VI-Hollande?
La visite de Mezouar à Paris devrait ravir les responsables politiques français qui appellent de leurs vœux une normalisation des relations avec le Maroc, notamment sur le volet sécuritaire. Après Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua, l’ancien patron des services de renseignement français, Bernard Squarcini, a même invité le président François Hollande à se rendre au Maroc. Il a expliqué que son pays à «sous-estimé l’état de crise» qui dure depuis onze mois. Les entretiens entre Mezouar-Fabius porteront-ils sur une préparation d’un voyage officiel du locataire de l’Elysée au royaume ?