Abdelilah Benkirane continue de distribuer les bons points à ses ministres. Cette semaine, c’est au tour du ministre des Affaires étrangères. Le PJDiste a indiqué, jeudi, lors de sa rituelle allocution au début de chaque conseil de gouvernement, que la non-participation de Salaheddine Mezouar à la marche de Paris en «soutien à la liberté d’expression suite au tragique événement de Charlie Hebdo (…) est un acte qui honore le Maroc». Benkirane durant son intervention d’environ 3'30 mn, a refusé de qualifier la manifestation de Paris de "marche contre le terrorisme".
Malheureusement pour Mezouar, un déplacement d’urgence au siège de la Ligue arabe au Caire, un de plus consacré à l’examen de la question palestinienne, a privé le ministre des Affaires étrangères d’assister aux éloges émises par son ancien grand adversaire politique.
"Mezouar est le chef de la diplomatie du commandeur des croyants"
Ce boycott a donné l’occasion à Benkirane de parler de la place de la religion musulmane dans le système politique marocain. «Il faut que le monde n’oublie pas que cet Etat est chérifien, bâtit sur l’islam et l’amour du prophète Sidna Mohammed et de sa descendance. C’est ce qui nous a aidés, grâce à Dieu, à préserver notre indépendance durant plus de douze siècles. Et c’est notre attachement à ses fondements qui assure l’équilibre à la nation», a-t-il souligné dans son discours.
Dans un élan d'enthousiasme, le chef du gouvernement même a qualifié Salaheddine Mezouar «de ministre des Affaires étrangères du commandeur de croyants» qui a refusé de prendre part à une manifestation au cours de laquelle des participants avaient brandi des caricatures blasphématoires du prophète, déjà publiées par Charlie Hebdo.
Benkirane s’est dit, par ailleurs, satisfait de la position adoptée par le royaume suite à l’attaque contre la magazine français. «Le Maroc a présenté ses condoléances et sa solidarité avec la France», a-t-il déclaré, pour conclure ensuite en français, qu’il «faut savoir faire la part des choses».
Benkirane, conscient du peu de marge de manoeuvre en matière de politique étrangère, s'est gardé de dénoncer la nouvelle caricature du prophète publiée par Charlie Hebdo. Il attend d'abord la réaction officielle pour s'exprimer.