2015 sera-t-elle l’année de la normalisation des relations entre Rabat et Paris ? En déplacement au royaume, Elisabeth Guigou, la présidente de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée française, a eu droit hier à un accueil des plus chaleureux de la part de haut responsables marocains.
Au siège du ministère des Affaires étrangères, la députée socialiste, également membre du Groupe d’amitié France-Maroc à la Chambre basse du parlement, s’est réunie avec Salaheddine Mezouar et Mme Mbarka Bouaida. Plus tard, la voilà qui discute avec Abdelilah Benkirane. «Les entretiens entre les deux parties ont porté sur les perspectives des relations» entre les deux pays, indique un communiqué du département du chef du gouvernement. Il ne lui manquait qu’une audience avec le roi Mohammed VI.
Une réponse à la main tendue de François Hollande ?
Depuis l’éclatement de l’affaire Hammouchi, en février 2014, aucun membre des cabinets Ayrault ou Valls, en visite de travail au royaume, n’a été traité avec tant d’égards. Nous sommes très loin de la légèreté, voire même de l’indifférence, avec laquelle les médias officiels avaient traité l’arrivée, en mars 2014, à Rabat de l’ancien ministre de la Politique de la Ville, François Lamy.
Cet accueil de l’ancienne Garde des Sceaux (juin 1997 à octobre 2000) serait-il une réponse des autorités marocaines à la main tendue par le président François Hollande au roi Mohammed VI lors de l’inauguration de l’exposition «Le Maroc contemporain» à l’IMA à Paris ?
Même s’il est encore prématuré d’apporter une réponse précise à cette question, la qualité de l'accueil laisse entrevoir un changement sensible dans la position marocaine. D'autres signaux concourrent à ce réchauffement graduel. Alors qu'en octobre dernier le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, avait vivement dénoncé la politique «coloniale» de la France et avait même prédit d’autres convocations similaires à celle de Abdellatif Hammouchi, un mois plus tard, dans des déclarations à la presse, Mme Mbarka Bouaida, la n°2 de la diplomatie, invitait la France à faire un geste en faveur du Maroc.