Le projet de loi prévoyant un durcissement des peines contre les Marocains et Marocaines qui rejoignent les rangs des groupes terroristes est en examen en commission à la Chambre des représentants. Le texte a, pour rappel, été adopté par le gouvernement Benkirane en septembre dernier.
Le PAM a saisi cette occasion pour présenter une proposition toute particulière. Les députés du Tracteur souhaitent que la future loi criminalise également le ralliement des sahraouis au Polisario dans les camps de Tindouf. Pour justifier leur initiative, ils avancent que le Japon aurait inscrit le Front dans la liste des organisations terroristes. L’information figurerait dans un rapport publié en 2013 par la direction de la sécurité civile relevant du ministère de la Justice japonais.
Une surenchère politicienne de plus
Force est de constater que la requête en question est en complet déphasage avec la ligne politique prônée par Ilyas El Omari, l’homme fort au sein du parti. Il faut d’ailleurs se rappeler que la séance inaugurale du dernier congrès du PAM, tenue en février 2012 à Bouznika, avait accueilli des partisans du Polisario. C’est El Omari lui-même qui avait révélé l’information.
Et surtout, il n’est pas du tout sûr qu’une telle initiative soit bénéfique au royaume. D’autant que celui-ci négocie, sous l’égide des Nations-Unies, depuis plusieurs années avec le Front séparatiste en vue d’une solution pacifique au conflit du Sahara occidental. Et comme un Etat ne négocie jamais officiellement avec une organisation terroriste, cela pourrait encore plus compliquer les choses Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères n’a jusqu’à présent pas mis le Polisario dans le même sac qu’AQMI, Daesh, le Front Annosra ou Al Qaida. Même les médias officiels marocains se contentent de qualifier le Front d’organisation séparatiste.
En automne 2009, les autorités marocaines avaient arrêté sept sahraouis de retour des camps de Tindouf à l'aéroport Mohammed V. Ils étaient accusés d’«intelligence avec une puissance étrangère» et d’«atteinte à la sûreté de l’Etat». Deux ans plus tard et sous la pression internationale le Maroc les avaient tous libérés. Les partenaires du Maroc à l’international ne verraient donc surement pas d’un bon œil l’adoption de la proposition des députés PAMistes.