Finalement, Ahmed Lahlimi vient d'opérer une marche arrière. Le Haut-commissariat au plan a annoncé le retrait du formulaire de recensement d'une question polémique sur la capacité des résidents au Maroc à comprendre la langue amazighe en caractère tifinagh. Et pourtant le site du HCP réservé à cette opération, n'a pas tari d'éloges sur l'introduction d'une telle question, affirmant que " pour la première fois, la langue amazighe lue et écrite avec l’alphabet tifinagh est introduite dans le questionnaire du recensement". Un optimisme nullement partagé par le mouvement associatif amazigh.
Le HCP se contentera, comme indique une note adressée aux enquêteurs chargés de mener le recensement général de la population et de l'habitat, d'une interrogation, comme c'était le cas en 2004, sur les langues lues et écrites maitrisées par les résidents. Cette concession intervient dans un contexte très tendu entre les services de Lahlimi et quelques têtes d'affiche de la mosaïque associative berbère dans le royaume. Ces ONG ont considéré la présence de la fameuse question comme "discriminatoire" envers la population berbère et participe à une "politique de désinformation". Ils ont du coup, appelé les amazighs à boycotter le recensement qui s'étalera du 1er au 20 septembre.
Une relation tendue qui remonte à 2004
Ce retrait annonce-t-il, pour autant, la fin des "hostilités" entre Ahmed Lahlimi et les associations amazighes ? Rien n'est moins sûr, sachant que les différends entre les deux parties ne se limitent pas à cette seule affaire. Plusieurs ONG contestent, en effet, le pourcentage de 28% des berbères au Maroc, relevé par le recensement de 2004 et accusent les services du HCP de "falsification" de données.
Par ailleurs, il n'y a pas que des enseignes amazighes, réputées pour une certaine forme d'opposition au gouvernement et à la monarchie, qui contestent le recensement du Haut-commissariat au plan, Al Adl Wal Ihsane est également sur la même longueur d'onde. La Jamaâ dénonce la mise à l'écart de certains de ses disciples qui ont présenté leurs candidature pour prendre part au RGPH en tant qu'enquêteurs.