HRW demande à l'Espagne de cesser les expulsions vers le Maroc

"Le gouvernement et les autorités locales de Melilia doivent cesser les expulsions illégales et prendre les mesures contre tout agents de la Guardia civil qui utiliserait excessivement la force contre les migrants", a déclaré Benjamin Ward, directeur adjoint de Human Rights Watch (HRW) en Europe et Asie centrale. "Le droit de l'Espagne à la protection de ses frontières ne lui donne pas carte blanche pour perpétrer des abus à l'encontre des migrants" a-t-il ajouté dans une communication parue ce lundi.

HRW fait particulièrement allusion aux incidents survenus la semaine dernière au niveau de la frontière entre le Maroc et Melilia où face aux multiples assauts des migrants, les agents de la Guardia civil ont utilisé la force. Une vidéo prise par un journaliste espagnol, le 13 août, montre comment un policier en uniforme frappe, à l'aide d'un bâton, un migrant agrippé aux fils barbelés de la clôture frontalière. Et ce n'est pas tout. D'après le témoignages de journalistes plusieurs autres migrants ont subi le même sort, si bien que d'aucuns ont chuté du haut de la clôture. Blessés, ils gisaient sur le sol sous le regard indifférents des agents.

La Guardia civil dit respecter la loi, mais quelle loi? 

Selon le quotidien El Diaro, les éléments de la Guardia civil à Melilia auraient renvoyé vers le Maroc 60 migrants les 12 et 13 août derniers. Des actes qui se seraient poursuivis le jeudi 14 également.

Interrogé par HRW, un porte-parole de la Guardia civil se serait défendu affirmant : "nous agissons toujours dans le respect total de la loi espagnole sur l'immigration". Ce qui n'est pas du tout juste, renchérit l'ONG, soulignant que la loi espagnole veut que les agents de la Garde civile engagent une procédure d'expulsion pour tous les migrants entrés illégalement sur le territoire espagnol. Cette procédure confère au migrant le droit d'avoir un interprète et un avocat qui l'accompagnent dans la démarche. Du coup, l'expulsion ne peut être systématique, comme c'est parfois le cas actuellement.

Madrid appelé à traduire les coupables en justice

De plus, dénonce HRW, ces expulsions systématiques sont en violation de la loi internationale des droits de l'homme et du droit des réfugiés qui offrent la possibilité aux migrants de demander l'asile lorsque leur crainte de mauvais traitement en cas de retour sur leur terre de provenance est bien fondée.

Benjamin Ward appelle les autorités ibériques à "ouvrir une enquête sur les allégations d'usage excessif de la force par les agents de la Garde civile et traduire les responsables en justice.

Arrangement sur la réadmission systématique?

Rappelons que les assauts de migrants perpétrés la semaine dernière ont tellement affolés en Espagne que très vite le Maroc a été accusé de passivité. Chose que le ministre marocain de l'Intérieur Mohamed Hassad aurait reconnu, d'après la presse espagnole. Et comme au Maroc les autorités restent toujours discrètes au sujet de l'immigration Maroc-Espagne, on ne sait toujours pas où en sont officiellement les négociations entre les deux parties sur la réadmission systématique des migrants au Maroc telle que voulu par Madrid. Et reste à savoir ce que feront finalement les deux gouvernements puisque les voies ne font que s'élever contre cette pratique.