Le discours du roi à l'occasion de la fête du trône est sur certains points positifs. Mettant à profit l'avènement de ses 15 ans de règne, le souverain a reconnu que les progrès qu'a connus le Maroc n'ont pas bénéficié à tous les Marocains. Mieux encore, il a mis en relief un problème de répartition des richesses, cherchant à trouver de nouvelles pistes pour corriger cette situation.
Une des solutions est d'évaluer le capital immatériel pour mieux le prendre en compte. On ne peut qu'applaudir cette prise de conscience visant à faire de la connaissance, les compétences, la sécurité, l'environnement, le patrimoine naturel,... des composantes du développement futur du Maroc. Le roi tient compte du nouveau contexte du monde d'aujourd'hui pour projeter le Maroc dans l'avenir.
Une faille dans le discours
Mais le discours ne dit pas exactement ça. Ou en tout cas il ne dit pas que ça. En effet, il s'articulera ensuite sur le remplacement des indicateurs de développement actuels (Indice de développement humain par exemple) par un autre qui prendrait en compte ce capital immatériel. Rien de nouveau puisqu'il existe un classement mondial "Goodwill" qui prend en compte cet élément. Mais la question qu'il faut se poser c'est en quoi un changement de mode de calcul modifiera le bien-être des Marocains ou la répartition des richesses ? Changer de thermomètre ne suffira pas pour faire redescendre la fièvre.
Si le Maroc parvient globalement à de bons résultats sur les objectifs du millénaire (OMD), il y a un vrai problème entre les moyens engagés (INDH, budget pour la réforme du système éducatif,...) et les résultats sociaux tangibles comme le taux d'analphabétisme, la mortalité infantile ou maternelle, ...
Nouveau contrat social
Pour corriger les inégalités sociales, il n'y aura pas de recette miracle, mais un long et douloureux travail de re-légitimation de notre appareil administratif et juridique. Il sera en effet difficile de transformer le rapport entre citoyen et administration miné par la corruption, les passe-droits, l'absentéisme, les lenteurs, et le sentiment d'impunité. Si je devais retenir quelques réformes prioritaires, les 5 pistes suivantes me paraissent incontournables :
1- Refonte fiscale pour assurer une meilleur progressivité des impôts, taxer l'accumulation de patrimoine et l'économie de rente.
2- Meilleur identification des populations vulnérables pour pouvoir les cibler avec une vraie politique sociale.
3- Fusionner dans un même organisme INDH, allocations familiales et allocation de soutien aux plus démunis (qui aurait du voir le jour avec la réforme de la caisse de compensation).
4- Coordination étroite entre ce nouvel outil de redistribution et le RAMED.
5- Sanctionner sérieusement la corruption, la prévarication, le népotisme qui ont rendu des pans entier de notre administration inefficients.