En septembre 2003, juste une année après la création de l’Institut royal de la culture amazighe, le Maroc lançait officiellement l’enseignement de l’amazighe dans les écoles primaires. Une expérience pilote qui devait s’étendre par la suite aux autres niveaux scolaires. Onze années après, la généralisation tant espérée est toujours renvoyée aux calendes grecques.
Mais en dépit de ce contexte morose, le dossier est toujours d’actualité. Des élus d’origine amazighe se relaient, en effet, pour l’aborder au parlement. Hier, à la séance des questions hebdomadaires à la Chambre des représentants, c’était au tour de Mohamed Amekraz, député du PJD, d’interpeller le gouvernement Benkirane sur l’enseignement de cette langue au niveau secondaire.
«La généralisation au primaire n’est pas encore atteinte»
Le ministre de la Fonction publique et de la Modernisation des secteurs publics a reconnu, dans sa réponse, que la généralisation de l’amazigh dans le primaire se heurte à de nombreuses difficultés. Selon lui, l’objectif de sa généralisation n’est pas encore atteint mais sans donner de chiffre ou d’estimation sur le taux de réussite du projet. Dans ces conditions, Mohamed Moubdiî a admis qu’il est prématuré d'entamer une étape suivante, arguant du manque flagrant de ressources humaines compétentes à même de garantir la réussite d’une telle initiative.
Une version des faits qui n’est nullement partagée par les premiers concernés : les instituteurs. L’Association des enseignants de l’amazigh qui les représente a révélé, début juin, lors d’un point de presse à Rabat, que seul 12% des élèves au Maroc apprennent cette matière. Elle a en outre précisé que plusieurs écoles ont fermé les classes destinées auparavant à l’apprentissage de cette langue, citant les exemples à Mohammedia et Casablanca. Pire encore, le ministère de l’Education nationale a mis un terme aux missions de certains de ces fonctionnaires qui enseignaient l’amazigh. Ils ont été orientés vers d'autres tâches administratives.
Cet aveu d'échec du ministre de la Fonction publique risque d'attiser les critiques des associations et politiques qui invoquent la constitutionnalisation de la langue amazighe en 2011, pour obtenir une généralisation de son enseignement.