Samedi 12 avril à Constantine, un sit-in organisé par les jeunes du mouvement Barakat, opposés au quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, a été vite dispersé par les agents de la sûreté. Sur la listes des interpellés figure le nom de Nabila Haddad, 33 ans, ayant un passeport français. Mais ce sont ses origines marocaines qui ont vite alerté la police.
Relâchée mais placée sous surveillance
Après un passage chez la police locale où elle a subi un interrogatoire sur les raisons de sa présence en Algérie et surtout par quel moyen de transport est-elle rentrée au pays, Nabila a pu retrouver la liberté. Toutefois, elle n’est pas encore tirée d’affaire. Les autorités sécuritaires de Constantine l’ont placé sous surveillance en attendant les conclusions de l’enquête en cours. Ce qui signifie que la Franco-marocaine n’a pas le droit de quitter le territoire.
A la police, Nabila Haddad aurait justifié sa présence au sit-in du mouvement Barakat pour des raisons professionnels, se présentant comme une journaliste free-lance.
La presse ne croit pas à la version de Nabila
Le quotidien arabophone El Bilad, adepte de l’exagération dès que cela concerne le Maroc, a inscrit l’arrestation de Nabila Haddad dans le cadre d’un «plan» marocain qui serait élaboré par «trois généraux des services de renseignements». La même source ajoute que le «Makhzen» a mis en place «trois cellules» pour la déstabilisation de l’Algérie. Toute cette machination serait exécutée par des agents qui seraient entrés individuellement en Algérie afin de ne pas éveiller les soupçons des autorités.
Heureusement pour Nabila Haddad, elle n’a pas pris un vol de Casablanca vers l’aéroport Houari Boumediene. C’est par le territoire tunisien qu’elle a pu rejoindre Constantine. Seulement, sur son passeport figure un passage en Israël. Ce qui pourrait lui causer des ennuis en Algérie. De son côté, le quotidien francophone Le Temps de l’Algérie, annonce que l’enquête sur Nabila «se poursuit pour déterminer les raisons de sa venue en Algérie en ce moment précis». Et de s'interroger: « est-elle seule ou est-elle entrée avec un autre groupe du mouvement Barakat ?».
Par ailleurs, le jour même de l’arrestation de Nabila Haddad à Constantine, le président Abdelaziz Bouteflika avait évoqué, comme le rapporte El Bilad, des «plans semant la Fitna dans le pays» et «des dangers de l’intervention étrangère» qui guettent l’Algérie après les présidentielles du 17 avril. C'était lors d’une apparition à la télévision officielle où il reçevait le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Margallo.