L’affaire Ben Barka est de nouveau propulsée sur le devant de la scène suite à la plainte de Miloud Tounzi contre Me Maurice Buttin, l’avocat de la famille de l’opposant marocain disparu en 1965 à Paris. Mardi dernier, le tribunal de Lille a décidé de rendre son jugement le 15 avril prochain.
L'audience du 18 février a duré 5 heures sous l’œil du président du Tribunal correctionnel de Lille et de ses deux collègues. L’accusé, qui risque un an de prison et 15 000 euros d’amende, continue pourtant d'afficher son soutient à la famille Ben Barka même s'il ne s'occupe plus de l'affaire. «J'ai pu ’’plaider’’ 50 minutes, ce qui m'a rajeuni. J'ai pu ainsi exposer au Tribunal mon combat, celui, au côté de la famille Ben Barka, depuis près de 50 ans, de la recherche de la vérité dans la ’’disparition’’…», a expliqué à l’issue de l’audience Me Buttin.
J’ai évoqué la «complicité» du Maroc et de la France
Pour rappel, l’avocat est accusé de violation du secret professionnel. En effet, il avait révélé en 2007 qu’un mandat d’arrêt international allait être lancé contre Tounzi par le juge d’instruction chargé du dossier, Patrick Ramaël. Malgré sa comparution à Lille, Me Buttin continue de pointer du doigt le Maroc et la France pour leurs rôles joués dans l'évolution de l’affaire. «J'ai évoqué la complicité des deux Etats : le marocain, n'exécutant pas une Commission Interrogatoire Internationale depuis 2003 ! Le français ne diffusant pas les mandats d'arrêt lancés par le juge d'instruction M. Patrick Ramaël depuis 2007 !» a-t-il écrit, dans un message à son comité de soutien.
S’il estime que son avocat a été «brillant et excellent orateur» car il avait une «connaissance parfaite du dossier», il pense en revanche que l'un des avocats de la partie adverse a été «plus que médiocre». Il a «menti et je ne me suis pas gêné pour le lui faire remarquer sèchement», souligne Me Buttin. Ce dernier indique qu’un avocat marocain constitué à ses côtés, «a fait ce qu'il pouvait...»
Lors de la première comparution, le procureur avait indiqué que l’accusé n'avait pas divulgué un acte d'enquête mais une étape de la procédure. «Si vous condamnez Maurice Buttin, vous enterrez la vérité sur l'affaire Ben Barka». Maurice Buttin a «agi pour les intérêts de la défense» car «il savait que dans un dossier comme celui-là, le silence tue!», avait déclaré de son côté Me Alexis Gublin auprès de La Voix du Nord.