Refus de prénom à Pontoise : Quand un parent MRE ne peut trouver de l’assistance auprès du consulat

Vendredi 17 janvier, Sara Louazzani - une MRE confrontée au rejet du prénom de son enfant - s’est rendu au consulat de Pontoise pour s’enquérir de la décision de la Haute Commission de l’état civil qui devait, tel qu’initialement prévu, trancher le 15 janvier sur l’octroi ou non du prénom Rawane à son enfant. Elle témoigne auprès de Yabiladi : «Déjà la vice-consule était énervée parce que nous avons alerté les médias. Après avoir un peu attendu, la responsable de l’état civil nous a dit que la Commission a rejeté le prénom, en nous remettant la lettre qu’elle a reçue».

Le consulat a en effet, reçu une lettre du ministère de l’Intérieur le 3 janvier 2014, attestant qu’ «à ce jour, le prénom Rawane ne peut être utilisé, car il n’est pas autorisé par la commission». «Pourquoi ce prénom est rejeté alors qu’il y a des Rawane au Maroc ?» s’interroge Mme Louazzani. En effet, la jeune maman avait réussi à obtenir – par le biais de son père – l’acte de naissance d’une Rawane au Maroc. Elle se dit déçue, car le consulat ne lui «propose rien». 

«Esclave en arabe, c’est Jariya»

Pour rappel, la Commission avait rejetté ce prénom en 2011 lorsque qu'un parent MRE voulait l'attribuer à son enfant. L'instance justifait sa décision par l'origine perse de Rawane, dont la transcription en arabe classique signifie «esclave». Mais la jeune maman s’offusque, car avant de prénommer ainsi sa fille, elle avait découvert que Rawane est bel et bien arabe et signifie "contemplation de la beauté". «"Esclave" en arabe c’est "Jariya". Pourquoi on laisse l’arabe et va chercher dans d’autres langues ?», s’interroge-t-elle.

Contactée par nos soins, la Haute commission est surprise d’apprendre qu’elle aurait rendu son verdict concernant le prénom Rawane. «Ce n’est pas possible puisque nous ne nous sommes pas réunis depuis novembre dernier», affirme Abdelwahad Ourzik, gouverneur directeur des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur et membre du secrétariat de la Haute commission. En effet, la commission devait statuer sur le cas de la MRE de Pontoise lors de son assemblée prévue le 15 janvier dernier. Seulement la rencontre n’a pas eu lieu pour cause de jour ferié. «Elle se tiendra plutôt le jeudi 23 janvier, dans trois jours», indique M. Ourzik.

Mais de quelle décision parle le consulat ?

Au consulat du Maroc à Pontoise, c’est le flou. «Le prénom a été rejeté par la Commission», déclare à Yabiladi Souad Zairi, l’adjointe au consul. Mais comment la commission aurait-elle pu émettre cette décision sans s’être réunie ? «Nous avions écrit au ministère à propos des prénoms. Yara a été accepté, mais pas Rawane», affirme Mme Zairi. 

En fait, sachant bien que la commission devait se réunir en janvier pour décider de l'autorisation de Rawane aux parents MRE, le consulat a écrit au ministère de l'Intérieur à propos de deux prénoms. Cependant, la réponse du chef du service de l'état civil, Mohamed Ghazzouz, a été claire: «...à ce jour, le prénom Rawane ne peut être utilisé, car il n’est pas autorisé par la commission».

Que veut dire cela? «Rien n'a encore été décidé pour Rawane. On attend la décision de la commission dont la réunion a été reportée au 23 janvier», explique à Yabiladi M. Ghazzouz. Et M. Ourzik d'insister: «Au vu des échanges récents concernant ce prénom entre le consulat et le ministère, on comprend logiquement qu'il faudrait attendre que la commission se réunisse, tel que prévu ». D'autant plus que le dernier courrier du consulat est parvenu au ministère quand tous étaient censés attendre que la commission statue. «C’est par le biais de votre article que nous avions appris que la Commission devait se réunir le 15 janvier, quand nous avons reçu la lettre, nous nous sommes dit qu’elle avait déjà statué», justifie Mme Zairi. En fait, la vice-consule veut dire qu'elle n'était pas informé du jour exact de cette réunion.

La commission décidée à régler cette affaire une bonne fois pour toute

Il est assez curieux qu’une institution comme le consulat qui a pour principale mission d’assurer les services d’état civil, apprenne par le biais des journalistes à quelle date a lieu une réunion qui l’implique directement. D’autant plus que le consulat disait suivre de près le cas spécifique de Sara Louazzani. «Oui, mais le plus important c'est de savoir si le prénom est accepté ou non...» s’empresse de répondre Mme Zairi, avant d’ajouter : «on va attendre jeudi pour voir ce qui sera décidé».

De nombreux parents MRE se retrouvent souvent dans la même situation que Sara Louazzani. «Le plus difficile à supporter, c’est le manque de communication», déplore la jeune maman. Pour la Haute commission, il faut en finir avec ce problème de prénom. «Quand on fait des recherches, les avis divergent. Nous ferons tout ce qu’il faut pour régler cette question autour du prénom Rawane», assure Abdelwahad Ourzik.