La rumeur sur une prétendue mise en garde de l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants (OICS) au Maroc contre la légalisation du cannabis au Maroc, s'est répandue comme une trainée de poudre sur les colonnes de certains médias. Après vérification de notre part aucune trace de ce rapport n’a été trouvée. S'agit-il d'une intox, diffusée par quelques supports arabophones et reprise par d'autres médias sans la moindre vérification ? Le site de l’OICS ne contient aucun communiqué, ni rapport admonestant le Maroc. Et rien non plus, sur la page web de l’ONUDEC (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime).
Une histoire cousue de fil blanc
En revanche, si on creuse plus loin, l’OICS, créée en 1961, ne voit pas d’un bon œil la dépénalisation du cannabis décrétée par le parlement du Paraguay. Le 11 décembre, l’organisation a publié un communiqué dans lequel elle soulignait qu’une telle décision est contraire aux conventions internationales de lutte contre les drogues. Son président Raymond Yans s’est même dit «surpris» de la mesure prise par les députés paraguayens.
A aucun moment, le royaume n’est cité dans le texte de l’OICS, surtout que, contrairement au Paraguay, aucune loi n'est passée au Maroc. Mais apparemment, certains médias marocains sont allés vite en besogne, inventant de toutes pièces cette histoire de mise en garde de l’OICS adressée au Maroc.
Chakib El Khyari : «une certaine presse qui joue les perturbateurs»
Le fait que plusieurs supports publient la même rumeur en même temps suscite des interrogations. «Visiblement, sur ce sujet une certaine presse n’a pas pris le temps de vérifier les sources. Elle s’est contentée de suivre la tendance d’une partie hostile au débat enclenché sur la légalisation du cannabis au Maroc», nous confie Chakib El Khyari, président de l’association Rif des droits de l’homme ARDH. «Il s’agit-là d’un signal fort des opposants à notre initiative parce que la légalisation de cette culture fait peur aux trafiquants de drogue, habitués à la clandestinité et à l'anarchie» ajoute-t-il.
Revenant sur la journée d'étude, tenue le 4 décembre à la Chambre des représentants, consacrée au kif, Chakib El Khyari estime qu’il est encore prématuré de parler de l'élaboration d’une proposition de loi légalisant la culture du cannabis. «Nous avons noué le dialogue avec le PJD et l’Istiqlal. Au sein de l’USFP, il y a un débat interne sur cette question. Nous souhaitons que le futur projet de loi soit le fruit d’un large compromis et non l’œuvre d’une seule formation politique», assure le président de l’ARDH.