Depuis sa mésaventure au Qatar, l’international marocain multiplie ses sorties médiatique contre l’émirat du Golfe. En pleine polémique sur le Mondial 2022 et les accusations de mauvais traitements que subiraient les ouvriers bâtissant les stades, Abdeslam Ouaddou a tenu à apporter sa pierre à l’édifice.
Réattribuer l’organisation de la Coupe du Monde 2022 à un pays autre que le Qatar, qui soit «plus respectueux des droits de l’homme». C’est ce que souhaite l’ancien international marocain Abdeslam Ouaddou, depuis son passage dans ce pays. Invité ce lundi matin au micro d’Yves Calvi, sur RTL, le joueur, qui a évolué entre 2010 et 2012 à Lekhwiya SC, puis au Qatar SC, tous deux appartenant au cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, n’a pas manqué de le faire rappeler.
«En juillet 2010, j'étais libre de tout contrat (Ndlr : son second contrat avec l'AS Nancy Lorraine étant arrivé à terme) Je n'avais pas d'autre opportunité, donc j'y suis allé pour travailler. La première année s'est super bien passée. On a été champion alors que le club montait de deuxième division», se rappelle-t-il. Ce sentiment de satisfaction ne durera pas très longtemps pour le joueur.
«Je suis rentré en France pour les vacances puis les choses ont commencé à se compliquer», explique Ouaddou.
Les ordres du prince ne se discutent pas
Malgré qu’il ait signé une très bonne saison, l’ancien rennais n’était plus désiré à Lekhwiya SC. «On m'a annoncé que je devais changer de club, alors que je pensais avoir été performant. Quand j'ai demandé des explications on m'a dit que les ordres du prince ne se discutaient pas au Qatar. Alors j'ai signé à Qatar SC», confie-t-il. Une fois la nouvelle saison entamée, les choses ne se déroulent pas comme prévu pour le joueur.
«Je n'ai pas été payé pendant pratiquement six mois. Je n'ai jamais reçu d'explications de la part de mes dirigeants. Mes avocats ont déposé une requête à la Fédération internationale de football (FIFA) et mes dirigeants se sont énervés», se souvient Abdeslam Ouaddou. «Ils ne voulaient pas me rendre mon visa et me laisser rentrer en France. J'étais bloqué là-bas», déplore-t-il.
Méthodes archaïques
Au Qatar, tout étranger qui souhaite travailler doit, en effet, être «sponsorisé» par une entité qatarie, en d’autres termes, il doit absolument être sous la tutelle de quelqu’un du pays. De plus, l’autorisation de ce dernier est indispensable pour quitter le territoire. Ce système s’appelle la Kafala.
«Quand vous n'êtes plus payé, que vous ne pouvez pas quitter le pays et vous ne pouvez pas changer de métier, vous avez les mains liées», souligne le joueur. Si Ouaddou a finalement réussi à quitter l’émirat, d’autres joueurs n’y sont toujours pas parvenu selon lui. «Je tiens à médiatiser ces méthodes archaïques et barbares pour pouvoir sortir les ressortissants français coincés là-bas depuis plusieurs années à cause de ce système du Kafala», assure-t-il.
«Aujourd'hui j'ai peur pour M. Belounis (un footballeur franco-algérien retenu seul et sans salaire depuis deux ans) et Morello (un entraîneur de football). Ils sont dans un état dépressif, j'essaie de les appeler trois ou quatre fois par semaine. Je crains qu'ils n'aient le même sort que les Népalais que l'on a vus dans un journal anglais», poursuit-il.
La Fifa ne s’est toujours pas décidée
Fin septembre, le quotidien The Guardian révélait que 44 ouvriers d'origine népalaise, au Qatar pour les besoins du Mondial 2022, avaient perdu la vie cet été. Malgré le démenti des autorités locales, le pays est plus que jamais soupçonné de réduire à l’esclavage ses travailleurs étrangers. A cela, s’ajoutent des accusations de corruption relatives l’attribution de l’événement au Qatar, outre les réticences de plusieurs parties quant au fait de l’organiser dans un pays où il fait près de 50 degrés de chaleur en été.
Pour y remédier, certains proposent de faire jouer le mondial en hiver. Mais cela basculerait tout le calendrier sportif du football, les championnats de clubs devant alors être mis en pause.
Du coté de la Fifa, rien n’a été encore décidé. La semaine dernière, son président Sepp Blatter a annoncé le lancement d’une consultation sur les dates auprès de «toutes les parties prenantes», assurant «qu'aucune décision» n’allait être «prise avant le Mondial 2014 au Brésil».