Depuis l’arrestation, vendredi à Trappes, d’un homme dont la femme, intégralement voilée, a fait l’objet d’un contrôle d’identité controversé, plusieurs violences ont été perpétrées dans cette commune des Yvelines, située à quelques 30 kilomètres de la capitale. Des arrestations, 6 au moins selon le ministre de l’Intérieur, ont eu lieu entre dimanche et lundi, à Trappes et dans les villes avoisinantes.
La nuit de vendredi à samedi 20 juillet à Trappes a été, toutefois, celle qui a connu le plus de «violences urbaines». Entre 200 et 400 personnes se sont rassemblées devant le commissariat, où était placé en garde à vue le mari, pour protester contre son interpellation. Le rassemblement a donné lieu à des échauffourées entre jeunes de la commune et les forces de l’ordre. Un adolescent a perdu l’usage de son œil après avoir reçu un projectile au visage dont l’origine est encore inconnue.
«Le contrôle s’est fait dans les meilleures conditions», selon Manuel Valls
En visite surprise ce lundi matin à Trappes, Manuel Valls a souligné devant les journalistes que « grâce au travail des policiers, le calme est en train de revenir, c'est l'essentiel ». « Les forces de l’ordre continueront à être présentes autant que nécessaire », a-t-il fait savoir, disant être « dans la volonté d’apaisement », rapporte le quotidien Les Echos. Interrogé sur le contrôle policier à l’origine des protestations, le ministre de l’Intérieur français a affirmé que « le contrôle s’est fait dans les meilleures conditions possibles ».
« Chacun doit respecter la loi. Il n’y a qu’une loi dans notre pays, la loi de la République », a-t-il précisé. « On ne peut pas confondre l’immense majorité de nos compatriotes musulmans avec une minorité qui voudrait imposer une autre loi », a ajouté le ministre. Pour rappel, une loi interdisant le port du voile intégral ou de la burqa dans l’espace public est en vigueur en France depuis avril 2011.
Déploiement des forces de l'ordre démesuré
Alerté par les informations relayées par les médias, un de nos internautes qui se trouvait sur place, vendredi soir, au début des "incidents", assure que la situation n’était pas aussi chaotique que ça. «J'étais chez ma famille sur Trappes, le vendredi soir. Le soir du début de ces fameuses "échauffourées" et batailles rangées. Avant le ftour, j'ai accompagné en voiture mon beau frère à la mosquée en plein centre de la ville. J'ai aperçu des dizaines de (ndlr : d’unités de) CRS, des camions de policiers, un hélicoptère qui tournait... mais rien et personne en face», affirme Bouchicar Ayad dans un courrier qui nous est parvenu ce lundi matin.
«Les policiers étaient armés jusqu'aux dents : boucliers, flashballs, un état de guerre et aussi paradoxal que ça puisse paraitre... il n’y avait personne en face, juste deux poubelles en feu et un abri bus cassé ! A moi, tout seul, j'aurais pu être l'auteur de ces méfaits», poursuit-il.
«Sur mes vidéos, vous verrez circulez les voitures en toute tranquillité, les conducteurs prennent même le temps de mettre leur clignotant. Les gens marchent posément et sereinement. D'autres attendent leur bus....sans panique. Les voitures roulent tranquillement sans inquiétude, car personne n'a compris l'ampleur de ce déploiement pour deux poubelles. Il y a bien eu un attroupement en fin d’après-midi, devant le commissariat, mais PACIFISTE suite à la violente interpellation du mari», estime-t-il.
Vidéo filmée à Trappes, vendredi 19 juillet
«J'ai filmé ces vidéos, en me baladant dans Trappes, en toute tranquillité. A mon retour, quand j'ai écouté la radio, je n’ai pas compris leur version et j'avais l'impression qu'il parlait d'une autre ville, une ville en guerre», regrette-t-il. Et pourtant selon les images relayées par les différents médias français et internationaux, Trappes s’est transformée en véritable théâtre de violences ce week-end.
«On se croirait à Sarajevo»
Bouchicar Ayad n'est pas le seul à avoir été surpris par l'ampleur qu'ont pris ces événements. llhame Atillah, qui réside à Trappes où elle travaille dans le milieu associatif, s'occupant notamment des jeunes en difficulté, nous a raconté aussi sa version des choses. Contactée par nos soins, la jeune femme dit avoir «constaté une présence surdimensionnée des forces de l’ordre et des hélicoptères qui tournaient durant toute la nuit».
«On se croirait à Sarajevo ou à Bagdad alors qu’en réalité, il n’y avait pas de violence sauf durant le rassemblement devant le commissariat de police. Et là encore, c’est arrivé après que la police ait lancé des bombes lacrymogènes, mais depuis ça s’est calmé. J’étais aussi très surprise par la présence massive des policiers», explique-t-elle. Des polciers que Manuel Valls n'a pas cessé de défendre, depuis vendredi dernier.