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Grand Angle

Maroc : Anarchie des prix sur le marché de la farine de blé

La farine de blé est-elle encore subventionnée ? C’est la question qu’on pourrait se poser vu l’anarchie quelque peu présente dans la pratique des prix par les industriels. Sur le segment de la farine dite de luxe, le prix est souvent justifié notamment par le niveau de qualité affiné. Mais qu’en est-il des industiels qui n’investissent pas autant dans la qualité et vendent parfois en vrac ?

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Habituellement pendant le Ramadan, les prix de certains produits de base augmentent légèrement, en dépit de la subvention. Une situation qui s’explique par l'importante demande de ces produits dont les prix flambent depuis la source. Cela ne fait certainement pas la joie des professionnels qui sont contraints de répercuter le coût supplémentaire sur le client en augmentant les prix des pâtisseries artisanales très prisées pendant le mois de jeûne. Mais selon un grossiste cité par l’Economiste, «des hausses de 10 à 15%, voire plus sont largement appliqués même en période normale».

Un prix réglementé de 2 dirhams/kilo pour la farine nationale de blé tendre

Jusqu’à preuve du contraire, le prix réglementé de la farine de blé tendre issue de la production locale est fixé à 2 dirhams le kilo. Mais il est difficile, voire quasi-impossible d’en acheter à ce prix-là. Lorsqu’on en trouve, la farine «fait souvent l’objet de vente conditionnée», dénonce un patron de four traditionnel également cité par le quotidien économique.

Le constat est encore plus flagrant concernant la farine dite de luxe, celle issue de l'import. Son prix reste très variable d’un industriel à l’autre. Pourtant ce produit est subventionnée depuis 2010. Il est vrai que certaines marques justifient leurs prix élevés par le développement de produits de qualité avec des additifs alimentaires, l’usage d’emballages consommateurs au design particulier, etc. Cependant, les prix des produits de qualité moyenne et vendus en vrac ne sauraient être justifiés. D’autant qu’avec 80kg de farine industrielle consommée par habitant chaque année, contre 27kg pour ce qui est du pain acheté en boulangerie, des quantités importantes de ce type de farine sont écoulées.

Où sont les contrôleurs ?

Le fait est que ce produit coûte des sommes importantes à l’Etat sans que le consommateur ne puisse pleinement bénéficier de ces aides, puisqu’il est soumis au gré des industriels. Selon des révélations du ministre des Affaires générales et de la Gouvernance Najib Boulif, les subventions à la farine de blé coûte 2,3 milliards de dirhams par an à l’Etat. Et en 2012, le montant accordé à la farine dite de luxe aurait dépassé le milliard de dirhams, d'après l'Economiste. A cela, il faut ajouter le différentiel entre le cours de blé tendre à l'import et le prix de cession aux minotiers restitué par l'Etat aux importateurs. Il était de 1,3 milliards de dirhams, ajoute la même source. Sans compter le manque à gagner sur le gel des droits de douane dont le taux est de 135%. 

Mais jusqu’où le gouvernement supportera-t-il ces dépenses de plus en plus élevées ? D’autant que ses finances sont actuellement au plus bas de leur forme. Bien que l’Etat ait dit pendant longtemps vouloir privilégier le pouvoir d’achat des citoyens, il envisage déjà de réduire les subventions sur le pétrole et le sucre. Quel sera le prochain produit ?

Toutefois depuis l’annonce de cette orientation par M. Boulif, les autorités sont restées plutôt muettes. Il est vrai que l'Etat réitéraient encore en juillet 2012 sa volonté de maintenir à tout prix la subvention sur la farine de blé, mais avec la pression du FMI, il faudrait s'attendre à tout. Le gouvernement marche sur des oeufs puisque les Marocains sont hostiles tant à la réduction qu’à la suppression des subventions sur les produit de base.

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