Le tribunal correctionnel de Paris a condamné hier, mercredi 26 juin, un Marocain de 24 ans, à 18 mois de prison avec sursis pour avoir appelé, en septembre dernier, à décapiter Charb, le directeur de Charlie Hebdo. Un appel qui faisait, alors, suite à la publication par le magazine satirique français de caricatures du prophète Mohamed le même mois. La peine prononcée par le tribunal parisien est «largement supérieure» aux réquisitions du parquet, note l’AFP. Celui-ci avait réclamait une peine de six mois de prison avec sursis.
Lors de sa garde à vue, le jeune homme avait bien reconnu avoir publié, sur un site «extrémiste» un message rédigé en arabe comprenant la phrase «Qui m'apporte la tête de ce chien ?». Dans ce message, le Marocain appelait également les musulmans à espionner Charb et à «le tuer de diverses manières». «Il ne connaissait pas le journal, pas plus que son caractère satirique», affirme l’AFP.
Absent à son procès
Le prévenu n’était pas présent à son procès. Arrivé en France en 2009, l’homme, qui habitait à La Rochelle, est aujourd’hui au Maroc, derrière les barreaux. Il a été expulsé «en vertu d'un arrêté du ministère de l'Intérieur, notamment en raison de ses écrits qui lui valent ces poursuites pénales pour provocation non suivie d'effets à la commission d'une atteinte à la vie», explique-t-on. Selon son avocat, Me Eric Cianciarullo, le prévenu ignore les motifs de son incarcération au Maroc.
Selon ce dernier, lorsqu’il était en France, il allait à la mosquée une fois par semaine. Il avait ensuite commencé à fréquenter des sites extrémistes pour avoir plus d’informations sur l’Irak ou l’Afghanistan. Il «va coller son intervention à ce que les gens veulent lire», explique Me Eric Cianciarullo.
Erreur de jeunesse
Pour ce qui est des propos mis en cause, l’avocat a assuré que c’était «une erreur de jeunesse» de la part de son client. Selon lui, le message qu’il a posté, appelant à décapiter Charb, a été «écrit dans un moment de colère tout à fait violent». Le tribunal correctionnel de Paris a, par ailleurs, accordé à Charb l’euro de dommages et intérêt qu’il avait sollicité.
Ce verdict intervient en parallèle avec la publication du deuxième tome de «La Vie de Mahomet», intitulé «Le Prophète de l’islam». Il s’agit d’une bande dessinée biographique de 80 pages, accompagnée de textes écrits par Zineb El Rhazoui, sociologue franco-marocaine des religions. Les dessins, eux, sont signés Charb. Contrairement au premier tome, celui-ci n’a pas suscité autant de critiques à sa publication.