Il n’attendait plus que ça depuis qu’il est en France et il l’a finalement eue : la nationalité française. Hamza est un jeune marocain d’une vingtaine d’années arrivé en France en 2004, en tant qu’étudiant, comme des milliers d’autres Marocains venant de décrocher leur baccalauréat au royaume. Après avoir étudié dans des classes préparatoires françaises, il intègre ensuite une école d’ingénieur informatique. En 2009, à la fin de ses études, il est recruté en CDI en tant qu’analyste financier. Puis, quatre ans plus tard, il décroche enfin le fameux Saint-graal et est naturalisé français. Dans un témoignage publié aujourd’hui, 1 avril, sur Rue 89, il raconte comment s’est passé la cérémonie de naturalisation à Paris, fin mars dernier. Tiré à quatre épingles, il arrive à la préfecture et voit qu’une cinquantaine d’autres personnes attendent également devant les portes de la préfecture pour devenir eux, aussi, Français.
Sentiment de trahison envers le Maroc
Au moment où les personnes fraîchement naturalisées se lèvent pour chanter la Marseillaise dans la salle de cérémonie prénommée Marianne, lui se sent soudainement mal à l’aise. «Je me suis vraiment rendu compte que j’allais changer d’identité – surtout le fait de se lever et de chanter un hymne national autre que le mien. (…) mais là, j’avais l’impression de trahir un petit peu mon pays.», explique-t-il. «De toute façon, c’est trop tard maintenant pour se poser ces questions. Au moment du chant, je me suis levé et j’ai chanté. Je n’avais pas besoin des paroles qu’on nous avait distribué car je regarde beaucoup le foot et à force, j’ai appris la Marseillaise par cœur.», ajoute-t-il.
Maintenant que Hamza n’a plus à se rendre à la préfecture pour renouveler son titre de séjour et qu’il peut profiter pleinement de sa nouvelle liberté de pouvoir voyager où il veut, lui décide de quitter l’hexagone sur le champ et de rentrer au Maroc. «Maintenant que je suis français, mon premier objectif est de rentrer dans mon pays d’origine et d’y vivre.» confie-t-il. La principale raison de ce retour est tout simplement que sa famille et son pays d’origine lui manquent, malgré la stabilité professionnelle qu’il a réussi à avoir en France. Il est actuellement à la recherche d’un poste à Casablanca.
Hamza fait ainsi partie de ces 72% de diplômés marocains qui ont toujours désirés rentrer au Maroc, après leurs études en France, d’après une étude réalisée par Careers in Morocco, en partenariat avec le Club France Maroc et la fondation Académia, publiée en 2012. D’après l'enquête, l’un des facteurs qui freine les étudiants marocains à franchir le cap du retour est la crainte que les salaires soient trop bas au Maroc. Un facteur qui ne semble pas freiner Hamza.
9 ans d'absence loin du Maroc
Après 9 ans passés en France, loin de son pays d’origine, le Maroc d'aujourd'hui n'est plus celui qu'Hamza a laissé en 2004. L’étude de Careers in Morocco explique que pour les anciens étudiants rentrés au Maroc définitivement, plusieurs problèmes se posent à eux. Le système de santé marocain constitue le principal facteur d’insatisfaction, car ils ont pour référence le système de santé français. Enfin, le manque de transparence en général, le mode de vie ou les mentalités au Maroc sont d'autres facteurs qui ne laissent pas indifférents ces ex-MRE et qui peuvent même les agacer au quotidien.