C’est lundi 18 mars, que le procès de sept personnes impliquées dans l’agression de trois ouvriers maghrébins sans papier - de nationalités marocaine et tunisienne - a repris au tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, après une première audience en novembre dernier, rapporte hier le site La Provence.
«Je t’apporterai une dent !»
Les faits remontent au décembre 2011. Alors que les trois victimes maghrébines dorment tranquillement dans leur cabanon peu confortable, situé dans la commune de Salon-de-Provence, sept jeunes cagoulés – six sont âgés à l’époque entre 18 à 27 ans, et un est mineur – frappent à leur porte, se faisant passer pour des policiers venus les expulser. Les «faux-policiers» ne sont pas venus les mains vides. Ils sont armés de deux fusils, d’une matraque télescopique, de deux bombes lacrymogènes, d'un gomme-cogne [arme de défense à balle de caoutchouc] et d'un fusil de paint-ball, souligne l’AFP.
L’un des ouvriers se lève et ouvre la porte. Une fois entrés, les jeunes commencent à frapper les Maghrébins, les menacent avec leurs armes et les injurient. L’un des Maghrébins est plaqué au sol, par un jeune, qui lui met le pied sur la tête. Un autre est gazé. Deux balles de caoutchouc sont tirées blessant l’un des trois Maghrébins. Dans un échange de SMS, l’un des jeunes promet à l’un de ses amis, n’ayant pas pu se libérer pour les accompagner, de lui apporter une dent des victimes.
Une «ratonnade»…non reconnue comme raciste
Les ouvriers portent plainte. Quelques jours plus tard, les jeunes sont arrêtés par la police et placés en garde en vue. Ayant un casier judiciaire vierge, les jeunes reconnaissent tout de suite ce qu’ils ont fait, sans aucune résistance. Ils précisent qu’ils ne sont pas racistes car «ils ont des amis maghrébins». Ils expliquent s’en être pris à ces ouvriers, pour se venger et manifester leur ras-le-bol suite aux dégradations et cambriolages ainsi que du climat d’insécurité régnant dans leur commune, à cause disent-il, des étrangers et des sans-papiers vivant dans la commune.
Néanmoins, malgré la gravité des faits et la violence subie par les trois Maghrébins, le juge n’a pas considéré cette attaque, comme étant raciste. Cela veut tout simplement dire que la peine finale contre les accusés ne sera pas lourde. Un coup dûr pour les avocats des victimes qui réclamaient 9 mois de prison, dont 5 avec sursis et 4 fermes contre ces jeunes. Pourtant, deux éléments soumis par les avocats des victimes prouvent que le motif de l’agression était bel et bien raciste. Le premier élément est le témoignage d’un ami des accusés qui explique, que l’un d’eux s’était vanté d’avoir mené une «ratonnade», terme péjoratif désignant une agression d’un Maghrébin. La seconde preuve est un échange de SMS dans lequel l’un des accusés écrit à un autre «tu ve venir se soir o arabe». Une invitation comme s’il s’agissait d’aller dans un magasin ou au cinéma.
Quel sera donc le verdict final ? Réponse le 15 avril prochain.