42 anciens combattants originaires d’Afrique du Nord se sont fait escroqués par un sexagénaire à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Celui que l’on surnomme «Monsieur Jacques» dans le quartier de Saint-Michel est soupçonné d’avoir détourné, entre 2009 et 2012, près d’un million d’euros de leurs comptes. Depuis mercredi soir, l’homme fait l’objet d’une mise en examen pour «blanchiment et escroqueries», rapporte ce jeudi 7 mars, le quotidien local Sud Ouest.
Âgé de 65 ans, Monsieur Jacques aurait «beaucoup de connaissances parmi les anciens combattants d'Afrique du Nord, et en particulier chez les Marocains». Après être entré en contacts avec ses futures victimes, l’homme devenait «peu à peu» leur confident. Le sexagénaire, dont la personnalité et le physique leur inspiraient déjà confiance, se voyait ensuite confier la procuration sur leurs comptes, explique le journal. Une fois la procuration dans la poche, il pouvait en faire ce qu’il voulait. C’est ainsi qu’à chaque fois que les anciens combattants recevaient les allocations qui leur étaient versées, au titre de la solidarité aux personnes âgées, il en détournait la plus grande partie.
Certains seraient morts depuis longtemps
C’est un dirigeant de la Banque Postale, intrigué par la fréquence des visites de Monsieur Jacques, qui a alerté en premier lieu la police. Selon lui, l’homme, muni de plusieurs procurations, se présentait chaque fin de mois à l’agence pour retirer l’argent versé par la Caisse des dépôts sur les comptes des anciens combattants marocains. Les bénéficiaires étaient, par ailleurs, tous domiciliés à la même adresse, en l’occurrence rue des Faures à Bordeaux. Certains d’entre eux seraient même morts depuis longtemps.
Pour bénéficier des allocations en question, ils doivent absolument justifier d’une résidence d’au moins six mois en France, rappelle la même source. Monsieur Jacques, en bon samaritain, s’arrangeait alors pour leur fournir des adresses. Alertés, les policiers de la brigade des affaires financières de la Sûreté départementale se sont emparés de l’affaire. Ils se sont notamment rendus dans les immeubles concernés et ont vérifié les factures d'eau et d'électricité. Rien. Celles-ci «sont quasi inexistantes».
Monsieur Jacques, quant à lui, continue de tout nier, affirmant qu’il agissait seulement en «bienfaiteur» rendant «service à des personnes ne sachant ni lire, ni écrire». Les agents de police du Groupe d'intervention régional (GIR) d'Aquitaine ont, d’ores et déjà, procédé à une saisie de 280 000 euros à son domicile, en attendant l’évaluation de son patrimoine et les témoignages des victimes, dont la majorité résiderait aujourd’hui au Maroc. L’enquête se poursuit.