Les indicateurs internationaux du marché des céréales n’annoncent pas de bonnes nouvelles. L’indice FAO des prix des céréales s'est établi en moyenne à 260 points en juillet, soit en hausse de 17% par rapport à juin, selon les données de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Un niveau jamais atteint depuis 2008, où l’indice était à de 274 points au mois d’avril.
Selon l’ONU, les cours internationaux du blé ont augmenté de 19% en juillet. Pire, depuis la mi-juin, le cours du blé a grimpé de plus de 30%, le maïs s’est envolé de 38%, tandis que l’orge s’est apprécié de 18%. Ces résultats s’expliquent par la crise de production aux Etats Unis et en Russie les deux principaux producteurs de blé et de céréales au monde.
Sur le marché national, la tendance est la même. Les prix des blés tendre et dur, notamment, se sont appréciés d'environ 15 à 20% sur les halles aux céréales et souks ruraux ces dix derniers jours. A titre d'exemple, le blé tendre est passé d'une moyenne de 290 DH la tonne à 350 DH, tandis que l'orge, initialement vendu à 250 DH, en moyenne, est passé à 500 DHS la tonne.
Avec cette continuelle flambée des cours des céréales, la facture sera lourde pour le Maroc qui va devoir importer. La campagne agricole a dégagé, cette année, une récolte céréalière en baisse de 38%, par rapport à la précédente. En plus, le royaume n’a reçu aucune offre de vente à son appel d’offre à l’importation de 300 000 tonnes de blé tendre des Etats Unis, en dépit de l’accord de libre-échange liant les deux pays.
En 2011, la facture céréalière s’est élevée à 17 milliards de dirhams, alors que le Maroc avait engrangé une récolte de 85 millions de quintaux, jugée plutôt satisfaisante. Cette année, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dès le mois d’octobre, le compteur commencera à tourner pour le Trésor. Il doit supporter en plus du manque à gagner dû au gel des droits de douane et des taxes, le soutien des importations du blé et sucre.
Hausse du prix du pain?
Au moment où la rumeur enfle sur la hausse du prix du pain, le gouvernement se veut rassurant, mais les professionnels sont inquiets. En plus de la flambée des cours du blé, ils doivent également faire face au «renchérissement des cours énergétiques, de la main d’œuvre ainsi que l’augmentation du revenu minimum et des coûts de transport suite à la hausse du carburant», comme l'expliquent, aux Echos quotidiens, Lahoussine Azaz, président de la Fédération nationale de boulangerie et pâtisserie.
Une rencontre, prévue la semaine prochaine entre le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Najib Boulif, et la fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie du Maroc, devrait aboutir à l’actualisation du cahier des charges signé le 27 octobre 2011. La question demeure : le gouvernement procèdera-t-il ou non à l’augmentation du prix du pain ?
En cette période tendue où la cherté de la vie se fait de plus en plus ressentir, le gouvernement ne dispose pas toujours des fonds suffisants pour honorer ses engagements. Le pain étant un produit de première nécessité et subventionné, la caisse de compensation, déjà mise à mal, risque de ne pas supporter une pression supplémentaire. Même si les émeutes de 1981 ont laissé un mauvais souvenir au Maroc, comme le confiait récemment Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, le climat contestataire demeure.