J-17 avant le lancement des Jeux Olympiques de Londres. Quatre judokas marocains ont été sélectionnés pour se battre aux couleurs du pays, dont une seule femme : Rizlane Zouak, championne de France d’origine marocaine vivant à Paris. Elle sera d’ailleurs la première femme MRE sélectionnée pour les JO dans cette discipline sportive. «Elle est entrée dans le Mouloudia Club de Sala Al Jadida il y a maintenant deux ans et je crois dur comme fer que c’est la seule qui peut amener réellement une médaille olympique au Maroc dans le judo», lance avec fierté Adil Belgaïd, fondateur et directeur technique du club le Mouloudia Club de Sala Al Jadida. Lui-même est franco-marocain et champion international de judo. La fondation de ce club a été le plus grand challenge de sa vie : créer une équipe englobant judoka natifs du Maroc et judokas MRE, champions dans leur pays d’accueil. Un pari remporté haut la main puisque ce club est le meilleur du Maroc. D’’ailleurs, le club a remporté la Coupe du trône samedi dernier 7 juillet dans la ville de Kénitra après avoir été sacré champion du Maroc par équipe il y a 3 semaines à Casablanca. Deux victoires décrochées plusieurs années consécutives.
Jalousie et manque de patriotisme
Pourtant, cette victoire ne réjouit pas tout le monde, confie Adil Belgaïd. Ce-dernier dénonce une certaine «jalousie» et un «manque de patriotisme» de la part de certains membres du personnel technique de la Fédération Royale Marocaine de Judo. Selon lui, ses membres font tout pour éviter que les judokas MRE, ayant accepté de se battre au Maroc par patriotisme, se sentent à l’aise au sein des équipes de leur pays d’origine. Il explique par exemple que certains de ses membres voient avant tout ces judokas MRE comme des Européens et non comme des citoyens marocains, craignant de surcroît qu’ils prennent leur place. «Quand on se retrouve entre judokas, on est tous Marocains, on reste et restera marocain», s’exclame Adil Belgaïd. Il parle également du fait que la Fédération ne verse aucune indemnité aux judokas MRE acceptant de se battre pour les couleurs de leur pays et ne verse aucune prise en charge des coûts de transport pour participer à des compétitions. La plupart du temps, Adil Belgaïd affirme prendre à sa charge ces frais de déplacement. Il évoque également le manque de soutien psychologique aux sportifs MRE ou le fait qu’ils n’aient pas le droit à l’erreur. «S’ils font une erreur, on les oublie aussitôt !» lâche-t-il. Enfin, il dénonce des erreurs d’arbitrage pénalisantes lors de compétitions au Maroc déplorant que certains arbitres marocains sont plus exigeants avec les sportifs MRE que ceux natifs du Maroc.
Nouveau staff technique
Pour Adil Belgaïd, il est temps que l’organigramme de la fédération change. «Cela fait 30 ans qu’on a les mêmes personnes dans le staff technique. La fédération doit prendre ses dispositions pour nommer un nouveau staff technique. Cette situation actuelle ne fait que saboter les clubs marocains au lieu de les développer et de les faire participer à de grandes compétitions internationales. Normalement on aurait dû avoir plus de judokas qualifiés pour les JO. Pourtant le judo est l’une des disciplines sportives dans laquelle excellent les Marocains. J’attends de voir ce qui va se passer après les Jeux Olympiques», conclut-il.
Yabiladi a tenté de joindre la Fédération Royale Marocaine de Judo pour lui donner également la parole, mais sans résultat.