Un mois à un an de prison. C’est la peine encourue actuellement au Maroc par tout adulte qui a des relations sexuelles en dehors du mariage , une peine prévue par l’article 490 du code pénal. Pour Khadija Ryadi, présidente de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), cet article de loi est une véritable «hypocrisie» du système juridique du pays. Elle a demandé l'aborgation de cet article de loi, lors d’une rencontre récente à Rabat, rapporte l’AFP.
Pour la militante des droits de l’homme, cet article de loi est une entrave à la liberté sexuelle qui est l’une des libertés individuelles que défend l’association. «Nous savons tous que les relations sexuelles en dehors du mariage sont courantes au Maroc. Le fait que tout cela soit caché favorise les abus et les atteintes aux libertés individuelles», lance-t-elle.
La proposition d’abroger l’article 490 ne fait pas que des heureux. Elle a été vivement critiquée par les islamistes et les membres du parti majoritaire à la Chambre des député, le PJD. «Tout acte sexuel en dehors du mariage est considéré comme un acte de débauche, un crime. […] Ces philosophies permissives qui sont nées en Europe ont-elles amélioré les relations sociales et familiales dans ce continent ? Je ne le pense pas», a estimé El Moukri Abouzeid, un membre dirigeant du PJD. «La liberté sexuelle favorisera le phénomène des enfants nés hors mariage et cela a des conséquences graves pour la société», a déclaré de son côté part Abdelwahab Rafiki, l'un des célèbres cheikhs de la Salafiya au Maroc.
80 000 enfants hors mariage
Chaque année au Maroc, d’après les chiffres de l'association marocaine Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en Détresse (Insaf), cités par l’AFP, plus de 80 000 enfants naissent en dehors du mariage. Des enfants qui n’auront aucune chance d’avoir un statut social ou d’être reconnu par leur père.
Omar el Kindi président de l’Insaf, joint ce matin par Yabiladi, ajoute que plus de 21 000 mères célibataires se retrouvent discriminées chaque année au Maroc. «L’AMDH a un rôle précurseur dans la société civile marocaine. Elle crée des sillons et va là où il y a violation des droits humains au sens universel du terme. C’est à nous, autres associations, de nous engouffrer ensuite dans ces sillons pour que les choses évoluent. On ne peut qu’être solidaire avec la proposition de l’AMDH», explique Omar El Kindi.
«Au niveau de l’Insaf, nous avons une démarche purement caritative. On est sur le terrain. Notre mission est de faire pression pour que la mère célibataire soit traitée normalement, qu’on puisse lui offrir de bonnes conditions de réinsertion sociale, que son enfant ait un statut social, qu’elle soit protégée dans les maternités et qu’elle ne soit pas victime d’injustices», ajoute-t-il.
En cas de viol, explique-t-il, les enquêteurs peuvent faire un test ADN pour tenter de retrouver l’agresseur. Cependant, lorsqu’une mère célibataire demande à ce qu’un test ADN soit pratiqué pour mettre le père de l’enfant devant sa responsabilité, le juge refuse systématiquement de le faire.