Cahiers des charges : El Khalfi une nouvelle fois au Parlement

Mercredi à la Chambre des Représentants, la commission de l’enseignement, culture et communication a examiné, pour la seconde fois, les cahiers des charges de l’audiovisuel.  Alors que la séance du 27 avril a connu une longue intervention du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi sans qu’elle fasse l’objet d’un débat, cette fois, la parole a été donnée aux députés. Ceux de l’opposition (RNI, PAM et USFP) ont critiqué la «rapidité» avec laquelle ces projets ont été élaborés, sans la moindre consultation du parlement ni même du gouvernement. La HACA (Haute autorité de la communication et de l’audiovisuel) a été, également, la cible de reproches de l’opposition, se demandant comme une telle institution a donné son feu vert aux cahiers des charges en l’espace de 24 heures ? Un record qui suscite bien des interrogations, même parmi des membres du PJD. Reste qu’en dépit de l’avis favorable de la HACA, le Secrétariat général du gouvernement n’a jusqu’à présent pas publié les documents régissant l’audiovisuel dans le Bulletin officiel.

Et ce n’était pas les seules critiques de l’opposition. Le président du groupe socialiste à la Chambre des Représentants, Ahmed Zaidi, a estimé que ces cahiers des charges sont des grilles de programmes, constituant une violation des libertés des professionnels. Celui-ci a remis en cause l’utilité de la diffusion des appels à la prière qui couperaient les émissions en proposant  de les remplacer par «une bande glissante» qui serait «suffisante» selon lui.

Le PPS et la publicité des jeux de hasard

La majorité n’a pas tari de reproches au projet de Mustapha El Khalfi. Les députés du PPS sont revenus sur l’interdiction des annonces publicitaires pour les jeux de hasard. Le député Rachid Roukbane, s’est dit surpris de l’adoption d’une telle mesure. Laquelle devrait priver les caisses, fortement endettée, de 2M, de 25 millions de dirhams. A ce chiffre, s’ajoute un autre qui n’a pas bénéficié d’une aussi vaste couverture médiatique. Celui-ci résulte du veto opposé par le ministre de la Communication sur les spots des numéros de téléphones destinés aux jeunes à la recherche d’amis !

 Faux débat pour Bekkali

De son côté, le député Abdellah Bekkali (un journaliste, ndlr) de l’Istiqlal a estimé, lors de son intervention, que les cahiers des charges de cette année ne s’inscrivent pas en totale rupture avec ceux élaborée en 2006 et 2009. Pour lui, la controverse autour de ces projets est «un faux débat». Le débat devrait porter, selon lui, essentiellement sur les moyens à mettre en œuvre afin d’extirper les médias publics des tentacules de la médiocrité dans laquelle ils se trouvent. Un objectif qui ne pourrait être atteint que par l’amélioration des conditions de travail des professionnels. Et il invite pour cela le ministre de la Communication à se pencher sur les cas des 800 salariés de la SNRT ayant des contrats CDD (Contrat à durée déterminée).  Par ailleurs, Bekkali est revenu sur les 260 millions de dirhams accordés à la direction de 2M, lors du dernier conseil d’administration du 24 avril. Le député s’est demandé comment le gouvernement a pris une telle initiative sans qu’elle soit suivie, ou précédée,  par un audit des finances de la chaine de Ain Sebaâ, et ce, conformément au principe liant la responsabilité à la reddition des comptes. Les critiques du député ont ciblé, également, les nominations  de postes de responsabilités dans les médias publics, soulignant qu’elles obéissent au «clientélisme».

Ces débats montrent que les députés comptent se réapproprier l’affaire des cahiers des charges. La controverse autour de ces projets et l’intervention royale leur donne une occasion de les examiner point par point.