Chaque année, l’Unesco met à jour son index Translatonium, une base de données géante répertoriant les livres traduits dans le monde depuis 1979. La mise à jour de 2012 vient d’être publiée sur le site de l’Unesco.
L’arabe versus le coréen
Sur les 50 langues les plus utilisées dans le monde pour traduire des livres, l’arabe est classé uniquement à la 29ème position. 12 663 livres étrangers ont été traduits vers l’arabe seulement. Le comble est que l’arabe est classé bien après le coréen (20ème rang), le catalan (25) ou l’estonien (21).
Le top 5 des idiomes vers lesquels se fait le plus de traduction est l’Allemand (1) avec plus de 290 000 livres traduits vers l’allemand, le français (2), l’espagnol (3), l’anglais (4) et enfin le japonais.
En revanche, lorsqu’il s’agit de traduire des ouvrages écrit à l’origine en arabe vers d’autres langues étrangères, l’arabe grappille quelques places et arrive à la 17ème position des langues les plus traduites au monde sur un total de 50. Ce n’est pas une surprise, l’anglais arrive à la première position des langues les plus traduites, suivi du français, de l’allemand, russe et italien.
L’arabe, une langue fermée ?
Mais pourquoi dans les deux cas de figure, l’arabe n’a pas de meilleur positionnement ? Pourquoi n’avons-nous pas plus de livres étrangers traduits vers l’arabe ? «C’est la fermeture de l’arabe littéraire sur le religieux qui bloque l’acquisition du savoir en langue arabe», répond Mohamed Benrabah, écrivain et linguiste dans son ouvrage intitulé Devenir langue dominante mondiale, un défi pour l’arabe. «Contrairement à l’allemand, idiome qui n’a pas de liens religieux, l’arabe reste une langue enrobée dans sa gangue religieuse qui empêche toute tentative de réforme (…) Certains parmi les plus farouches défenseurs du maintien du classique à l’école insistent sur son unicité issue du lien du Coran», ajoute-t-il.
Pour Mohamed Benrabah, il est important pour les pays, d’une manière générale, de traduire des livres vers une langue étrangère car c’est une manière non seulement de transmettre un savoir mais également d’avoir accès au savoir produit par d’autres pays et de créer des liens culturels. «Ce sont souvent les nations à la pointe dans les domaines scientifiques qui traduisent le plus – une façon de maintenir leur avance en diversifiant leurs sources d’information et en préservant leur propre idiome contre la pénétration d’autres langues», précise-t-il.