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Grand Angle

Nil Amara : Le Franco-marocain qui mise sur un e-commerce pour tous [Portrait]

A 26 ans, ce Franco-marocain a créé une plateforme pour que chacun puisse lancer sa propre boutique en ligne.

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A 26 ans, ce Franco-marocain a créé une plateforme pour fondé sa propre boutique en ligne. / Ph. Nil Amara
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Le Maroc semble s’imposer de plus en plus comme un terreau propice aux start-ups. Ce n’est pas Nil Amara, 26 ans, qui dira le contraire. Ce Franco-marocain a fondé CreaSouk, un site qui permet de «créer sa propre boutique en ligne en quelques minutes au Maroc et à partir de zéro dirham. C’est le pitch très simple en une phrase», nous dit-il.

Ce natif de France est parti pour le Maroc à l’âge de 3 ans puis, à 15 ans, a de nouveau mis le cap sur l’Hexagone, en l’occurrence Montpellier, Lille, Nice et Paris pour ses études supérieures. Pêle-mêle, il effectue une prépa à l’Ecole normale supérieure de Cachan, initialement dans l’espoir de devenir enseignant, obtient par la suite un master 2 en droit des affaires européen à l’Université Lille Nord, un autre en école de commerce et une licence d’économie.

Pas d’intégration avec les partenaires locaux

Puis vient l’univers des jeunes pousses, dont ce passionné de digital est désormais un acteur chevronné. «Je travaillais à Paris dans une start-up spécialisée dans l’évènementiel sportif. Parallèlement, j’avais co-fondé une marque de vêtement avec des amis et je passais par une plateforme de e-commerce pour quelques euros par mois. Par la suite, j’ai décidé de me lancer dans cette activité au Maroc», poursuit-il. 2016 sera l’année du retour : «C’était programmé depuis longtemps. J’ai des attaches au pays, mes deux parents étant marocains. De plus, au niveau des opportunités de business, la conjoncture était propice pour un retour.»

Mais Nil Amara se heurte à plusieurs obstacles : «Les plateformes ici ne proposaient pas de transport logistique, ce qui rendait impossible le paiement à la livraison, et il n’y avait pas non plus d’intégration avec les partenaires locaux. Ça a vraiment été notre plus grande problématique : trouver un transporteur local assez sérieux et fiable sur le marché pour pouvoir répondre à notre demande. Le seul partenariat qu’on pouvait lier, c’était avec Amana, et les conditions sont unilatérales : on doit les respecter et on n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. En règle générale, la logistique, c’est une problématique qu’on retrouve partout en Afrique mais c’est une condition sine qua non pour développer une véritable activité de vente.»

D’autres problématiques s’accumulent : «Le paiement par carte n’est pas très répandu au Maroc, ça doit représenter 5% des transactions. Le souci, c’est que les plateformes ne proposaient que du paiement par carte bancaire. C’est sans compter les contraintes au niveau du Centre monétique interbancaire, qui bloque les transactions depuis l’étranger. Il faut avoir une implantation locale marocaine et implanter une solution de paiement marocaine. On s’est dit qu’on allait stopper notre activité de vente de t-shirt et avoir la même activité de plateforme mais depuis le Maroc. On a ainsi créé notre propre plateforme, compatible avec le marché marocain.»

«Des pures-players qui ont déjà fait le travail pour nous»

Si la révolution des start-ups en France a commencé voilà une dizaine d’années, les acteurs du marché marocain ont encore l’avantage de ne pas se livrer une concurrence à couteaux tirés. «Dès qu’on a un produit qui sort de l’ordinaire en termes de fonctionnalité, de design ou de rupture de marché, on a beaucoup plus d’exposition. En un an et demi, on a fait la tournée des médias et beaucoup d’utilisateurs s’intéressent à notre plateforme, ce qu’on n’aurait certainement pas eu en France», estime Nil Amara.

«Le modèle des start-ups commence à prendre au Maroc. Le pays a le taux d’internet le plus élevé d’Afrique. Les conditions sont réunies pour une vraie créativité business. De plus, le mouvement du e-commerce est assez mis en lumière ces dernières années. Il y a des pures-players qui ont déjà fait le travail pour nous, comme Jumia, ce qui nous permet d’avoir un bon coup de projecteur.»

Pour l’heure, avec son associé et trois collaborateurs, Nil Amara s’est implanté au Technopark de Rabat. «Soit ça prend, soit on tombera dans l’oubli. Mais le chemin accompli est largement satisfaisant. On compte un peu plus de 800 boutiques sur la plateforme. C’est un produit qui suscite l’intérêt», se réjouit l’entrepreneur. Signe que la conjoncture leur est favorable, lui et son équipe devraient quitter le Technopark d’ici un an. Et pour cause, l’équipe est amenée à s’agrandir.

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