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Grand Angle

Déchets et eaux usées : Le CESE appelle à faire de l’économie circulaire un choix étatique

Tout en appelant à «l’adoption d’une stratégie nationale visant la transition vers une économie circulaire» et d’une loi anti-gaspillage, le CESE recommande de rendre les eaux usées épurées «compétitive» pour leur réutilisation.

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Photo d'illustration. / DR
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Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié, cette semaine, une auto-saisine sur l’intégration des principes de l’économie circulaire aux traitements des déchets ménagers et des eaux usées. Un avis ayant pour objectif de mettre en exergue les «fenêtres d’opportunités» qui s’ouvrent au Maroc s’il adoptait et mettait en pratique les principes de l’économie circulaire. Dans son travail, le CESE s’est focalisé sur deux domaines à fort potentiel pour le Maroc, à savoir le traitement et recyclage des déchets ménagers (organiques) et la réutilisation des eaux usées.

Ainsi, le conseil reconnaît que les efforts déployés en matière de gestion des déchets ménagers demeurent, à ce jour, «assez limités avec des résultats encore insuffisants en termes de recyclage et de valorisation». «Malgré quelques avancées, notamment en matière de nettoiement, la gestion des déchets ménagers reste marquée par une collecte en vrac et une absence de tri à la source, rendant ainsi leur transformation difficile, couteuse et partant peu rentable pour le secteur privé», ajoute-t-il.

Pour une transition vers une économie circulaire

Quant à l’assainissement liquide, l’avis ajoute que malgré les résultats significatifs obtenus, la réutilisation des eaux usées demeure, elle aussi, «encore limitée». «En 2020, le pourcentage d’utilisation des eaux usées épurées est estimé à 17% dans le secteur industriel et à 51% dans l’arrosage des espaces verts. Ce faible niveau de réutilisation est notamment attribué aux difficultés d’accès au financement, au manque de disponibilité du foncier ainsi qu’à l’absence d’une réglementation relative au devenir des boues résiduelles et à leur mise en décharge», déplore-t-il.

Partant de ces deux constats, le CESE a plaidé pour «l’adoption d’une stratégie nationale visant la transition vers une économie circulaire». L’avis recommande ainsi d’élaborer une loi-cadre relative à l’économie circulaire et une loi anti-gaspillage, en veillant à réorienter et réviser les lois déjà existantes pour in fine évoluer d’une économie de fonctionnement linéaire à une économie circulaire.

Il propose de «créer une instance, au sein du ministère chargé de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques qui sera chargée de la coordination entre toutes les parties prenantes dans le sens d’assurer une déclinaison optimale de cette stratégie, selon une approche sectorielle et un déploiement territorialisé». L’avis recommande aussi de «conditionner, dans une certaine mesure, les appuis de l’État accordés aux territoires et aux secteurs, aux efforts déployés en matière de circularité».

Une réutilisation des eaux usées

Pour les déchets ménagers, le CESE suggère de «réviser les contrats de gestion actuels conclus entre les collectivités et les sociétés privées, en y intégrant la valorisation des déchets (au lieu de leur mise en dépôt, leur enfouissement ou leur incinération)» et de «fixer pour les territoires des objectifs chiffrés de réduction de la mise en décharge des déchets pour qu’ils deviennent à moyen ou long terme, vers des territoires à ‘zéro déchets’».

Quant aux eaux usées, le conseil plaide pour une révision «des choix politiques qui ont privilégié l’investissement dans la mobilisation de la ressource hydrique (barrages et dessalement) au détriment de la réutilisation des eaux usées et du stockage des eaux pluviales». Son avis propose de «fixer des objectifs nationaux et territoriaux en termes de réutilisation des eaux usées qui engageraient toutes les parties prenantes, pollueurs et utilisateurs, en veillant à mettre en place le cadre réglementaire idoine».

Le CESE recommande même de «rendre l’utilisation des eaux usées épurées compétitive en définissant le coût réel de l’eau selon ses différentes sources» et d’«inscrire la réutilisation des eaux usées parmi les missions des futures "sociétés régionales multiservices" (SRM), avec l’obligation de prévoir, dès leur création, cet objectif dans leur business-plan».

À rappeler que l’avis du CESE, élaboré sur la base d’une approche participative avec l’ensemble des parties prenantes, est le résultat d’un large débat entre les différentes catégories qui composent le Conseil ainsi que des auditions organisées avec les principaux acteurs concernés. Le conseil précise que l’avis s’est également basé sur une consultation lancée sur la nouvelle plateforme digitale de participation citoyenne «Ouchariko».

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