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Le Yabi Café
b
20 février 2020 13:29
Une rencontre …

Elle remontait la rue, à pas lent, découvrant la capitale, elle qui venait de loin, d’une ville de campagne où la misère et la pauvreté avaient trouvé refuge. Une ville de campagne, un lieu stratégique, en maillon de cette ceinture coloniale en peau d’anaconda, qui étranglait et étouffait ce peuple en silence. Un verrou militaire, celui de la geôle à ciel ouvert emprisonnant la Chaouia et les tribus Mzab.
Là où les petits colons de basse extraction comme les appelés de la garnison se prenaient pour des seigneurs dotés du droit de cuissage sur les pauvres veuves indigènes dont ils avaient tué les époux, en chantonnant cet hymne des raclures et des gueux, des cafards sortis de pénitencier.

Ces gibiers de potence, digne du gibet, qui violaient, décapitaient, pissaient sur les morts qu’ils condamnaient au port du linceul en peau de porc, au nom de cette universalité, humaine de cette Liberté, Egalité, Fraternité, gardaient pourtant bonne conscience, la peur vrillée au ventre.

Toute l’arrogance du pouvoir ne pouvait les protéger d’une balle, d’une lame, d’une hache, de quelques sous, les ramenant à cette humilité et raison nécessaire.

Une bourgade, celle jadis de blad essiba, qui razziait les caravanes chargées du produit des impôts et dont le caïd avait été condamné à l’emprisonnement à Safi. Une bourgade qui a aussi vu naitre paradoxalement aussi ces collabos, qui s’expatrièrent en France, par crainte de la vindicte populaire.

Pauvreté, misère, trahison, prostitution mères de tous les vices …

Ahl dikr, peuple de Mémoire, as-tu déjà oublié les infamies des occupants français et espagnols, les sacrifices des résistants, des insoumis, les massacres, se disait-elle en se souvenant de ce grand oncle en fuite, celui qui avait jeté l’opprobre sur toute la famille restée au Maroc, contrainte de retourner à la bourgade natale pour se faire oublier …

Belle et comme tout paysanne de bon goût, elle avait revêtu une veste noire miroitante, aux paillettes de pacotille, pour troubler la lumière, paraitre en pensant se distinguer et aller à la conquête d’un emploi, d’un avenir à la Capitale.

A suivre …
A
20 février 2020 15:48
Les oiseaux se sont envolés, je n'ai pu les en empêcher.
Ce n'est pas faute d'avoir tout fait, mais c'est dans les contrées chaudes qu'elles ont préféré se réfugier.
Qui pourrait donc leur reprocher de reprendre vie, tout comme le roi déchu qui retrouve sa couronne bénie. Ils m'ont appris ce que je n'avais pas appris, maintenant je ne chercherais plus rien avant d'avoir dormi. Ils étaient si majestueux à mes côtés, ils vécurent un temps heureux. Hésitants et à la fois impatients, quelqu'un aurait-il su me dire comment les retenir plus longtemps.
b
21 février 2020 13:18
Elle portait en sa mémoire, les fragments d’une histoire, les restes d’une culture tribale ancestrale comme cette vivacité pulpeuse de la jeunesse, resplendissante au soleil, pleine d’espoirs et de vie, débordante de fraicheur telle une fleur odorante en pleine épanouissement.

Un sillage, en un arôme parfumé ensemençait, à chaque pas, l’air pourtant torride, chargé de phéromones en aumône au rêve.

La muraille longeant la rue, renvoyait en écho, le bruit des ses pas, souples et décidés, elle marchait à la rencontre d’un destin, d’un amour, d’une renaissance, d’un accomplissement loin de cette terre natale aux horizons fermés.

Elle avait pris résolument son envol pour espérer nidifier ailleurs, là où les routes étaient goudronnées, les jardins entretenus et où l’espace bénéficiait d’une plus grande sollicitude au gré des impôts, attirant convoitises, richesses et compétences.

Gravir l’échelle sociale, sans passer par les bidonvilles périphériques des laissés pour compte était son défi, avec pour seule arme le respect de son propre honneur, de son intégrité,, de ces valeurs morales séculaires en désuétude.

Héritière d’une culture patriarcale bien ancrée,, jeune fille, elle avait appris à reconnaitre l’essentiel dans cette éducation qui la destinait à tenir durablement un foyer , à devenir une femme, féminine, attirante, passionnée, conciliante et responsable.
b
21 février 2020 23:31
Elle avançait, distraite, plongée dans ses souvenirs, d’un pas alerte, propre à ceux qui depuis toujours ont usé leurs chaussures en cheminant.

Point de taxi-carrioles rafistolés, à deux sous, pour se rendre au marché du dimanche, trainés par des mules faméliques, ni de coche ou de mouche installée sur le timon, au nez du cocher, mais des taxis flambants neufs racoleurs.

La familiarité chaleureuse du Derb R’ja fi Alllah, laissait place aux sifflements pervers anonymes et aux remarques désobligeantes, un autre monde, d’autres us qui lui faisaient accélérer le pas pour se perdre dans la foule.

Un autre monde que celui qu’elle avait connu, édifié autour de la Mosquée, sans cinémas, ni théâtres, ni bars, où tout le quartier se connaissait et où même les voyous et les fous savaient faire montre de respect.

Un monde oublié, dans le recoin d’une mémoire, en déliquescence programmée : coupures d’eau, voies crevassées, peuplées de nids de poule et d’ornières qui imposaient l’achat de bottes en fournitures scolaires, rivière emportant des écoliers imprudents, trottoirs impudemment dénudés et encombrés du trop plein d’ateliers mitoyens déversé, avaloirs engorgés de boues.

L’œil s’était accoutumé à ce désordre, plus rien ne surprenait, l’adaptation avait fait son travail épaulée par l’impuissance et la soumission autre effet de la loi du moindre effort. Soumission à des conditions de vie difficiles, à un environnement où même les mots n’osaient prendre racines dans un terreau d’ignorance et d’analphabétisme.

La vie s’octroyait alors une pause, dans l’attente de la fraicheur du soir, repeuplant entre les deux dernières prières, le seul jardin public, de retraités sur le départ,

A l’entrée de l’hôpital était garée une ambulance délabrée et hors service, bien en vue, pour dissuader ceux qui auraient la prétention d’en solliciter l’usage … L’hôpital jouxtait un bosquet de pins souffreteux, lui aussi malade en l’’absence de soins.

Même la verdure avait fait ses valises, 3arsat Al 9adi, n’était plus qu’un terrain aride, un souvenir.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 21/02/20 23:32 par blagueur.
*
22 février 2020 10:43
- « Setiiiis !!! akker anrouh al djama3, dhayen al waqt »

La voix de sa petite-fille la tira de son sommeil, elle s’était assoupie à peine quelques minutes, son chapelet à la main, son corps n’est plus ce qu’il était, et même si elle restait étonnement alerte pour son âge, elle sentait sa résistance amoindrie, brisée par la dureté de la vie.

La grand-mère ouvrit les yeux, croisant ceux écarquillés couleur de miel de sa descendante, venue scruter de près son visage pour s’assurer de son réveil, elle regarda attendrie cette petite frimousse, aux joues parsemées de petites taches de rousseur, les sourcils à présent froncés se voulant grondeurs.

- Grand-mère il est l’heure de se lever pour aller à la mosquée.

Du haut de ses 4 ans elle était étonnement précoce, d’une vivacité d’esprit et d’une maturité hors du commun, elle fixait sa grand-mère d’un regard ferme, sa petite main tendue avec 3 dattes au creux de sa paume :

- Tiens grand-mère, maman te dit qu’il faut prendre des forces pour bien travailler.

Sa belle-fille veillait toujours à ce qu’elle se nourrisse un minimum, surtout lorsqu’il fallait braver le froid pour aller à la mosquée qui se trouvait à plusieurs pâtés de maisons, en pleine place du village. Même épuisée, elle tenait à emmener sa petite fille tous les jours pour apprendre l’arabe et le coran, l’écoutait réciter et profitait pour apprendre, elle qui n’avait pas eu la chance d’aller à l’école. Par-là aussi, elle lui transmettait un enseignement moral, muet, celui du savoir être, à l’extérieur, en tant que femme dans cette société à fortes traditions qui était la leur, et qui sera son héritage.

Main dans la main, sa silhouette maigre, soutenue par cette petite fille, dont elle tirait le peu de force nécessaire à ses pas lents mais pleins de ténacité à rester en vie, elles descendaient la côte pour se rendre à la mosquée. Le village était composé de plusieurs familles apparentées, les silhouettes se croisaient et se saluaient discrètement sans jamais s'attarder, aucune femme ne s’arrêtait sur la place du village pour discuter, et se limitaient à des salutations lointaines et respectueuses.

A la vue des portes de la mosquée, la petite fille tira sur la main de sa grand-mère pour lui presser le pas, elle adorait venir pour ses cours d’apprentissage et s’avérait extrêmement douée, une fois à l'intérieur, elle prit place sur le tapis se mêlant aux petits groupes d’enfants accroupis en ronde, tandis qu'elle même restait en retrait, les regardant réciter le coran et apprendre les règles de la langue arabe avec application, écoutant d’une oreille, perdue dans ses pensées ...

Elle l’avait vu naitre et grandir, la trouvait exceptionnelle et lui voulait un avenir meilleur, son chapelet à la main, elle récitait une énième prière pour sa petite fille, son rayon de soleil, unique descendante, au milieu de mâles dominants, dans une société qui lui offrait si peu. Elle se battrait pour elle tant qu’elle serait en vie, se battrait pour son apprentissage, pour en faire une femme instruite et épanouie … Une prière qui a traversé le ciel, une magnifique litanie, serinée à l’infini, emportée par les anges tel un collier de perles qui s’égrainait par la force de l’espoir, de la foi profonde, et de la confiance aveugle en Dieu ... Soubhane Allah, al hamdouliLah, Allahou Akbar …

… Elle marche sans s’arrêter, perdue dans ses pensées, pressant le pas pour arriver à destination. Trainant sa valisette, elle s’arrête devant un numéro de rue, fixe le papier qu’elle a dans sa main pour y vérifier l’exactitude de l’adresse. Il semble qu’elle soit arrivée.

Elle avait quitté les siens avec leur bénédiction, mais connaissait parfaitement les conditions qui lui permettaient d’aller finir ces études qui lui tenaient tant à cœur, la première étant son lieu de résidence, une cousine éloignée à sa grand-mère, vieille et sans enfants vivant seule, qui avait accepté de l’héberger le temps qu’elle trouve un lieu décent pour y vivre.

La voix émue de sa mère, résonnait encore à ses oreilles, lorsqu’elle l’avait serrée dans ses bras avant de la laisser partir :

- Rouh a’yelli, adh yadj3al rebbi al baraka, mais n’oublie jamais qui tu es, ni d’où tu viens.

La voilà à présent, face à son destin, plantée devant cette lourde porte qu'elle fixe comme une entrée vers un nouveau monde, elle scrute cet immeuble haussmannien à la pierre poreuse, vestige du temps de la colonisation, puis appuie dans un soupir sur l’interphone. Une vieille voix répond à l’appel, déclinant son identité, elle l’invite à monter …

A suivre … si possible.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 22/02/20 10:57 par Jade*.
b
23 février 2020 13:32
Même la verdure avait fait ses valises.

Ces havres qui comblaient les regards et les âmes, en oasis de paix, se faisaient de plus en plus rares, Cycle des sept vaches maigres et des sept vaches grasses ? Réchauffement climatique ? Exode rurale et émigrations fuyant la misère ?

L’espoir avait pris les devants pour s’installer sur l’autre rive de la méditerranée, en Italie.

Sa ville natale, comme sa famille s’était progressivement dépeuplée.

Italie, là où la plupart perdaient assurément leur latin, là où plusieurs membres de sa famille s’étaient installés, là où la nouvelle génération - celle de Rayan, brillant au cours du primaire - commence elle aussi à perdre pied, noyée sous le flot tumultueux d’une langue qui lui échappe.
Plus le niveau scolaire s’élève et plus les parents ont eux-mêmes des difficultés pour suivre, assurer le suivi et souvent finissent par jeter l’éponge.

Ma 9arich … Ma 9arich, un verdict de condamnation à mort de tout espoir en de meilleurs lendemains …

Troisième génération de sacrifiés, réduits à vivoter dans l’univers hostile des marocchinates, de l’individualisme, de l’isolement, de la xénophobie et du racisme, au jour le jour, eux qui ont pourtant le sens communautaire, de la famille et l’attachement aux valeurs.

Immergés totalement dans un environnement linguistique italophone, francophone, hispanophone, scolarisés dans des établissements publics, nés et élevés en Europe, les enfants des immigrés peinent toujours, selon les statistiques, à s’instruire et à se former.
Qu’en sera-t-il de nos jeunes générations, au Maroc, avec la nouvelle loi cadre adoptant la francophonie en franchise, portant délégation de formatage et d’asservissement des âmes en redevances ?
Sauront-elles, contrairement aux autres, ouvrir un dictionnaire pour mieux appréhender les nouveaux concepts ? Avec le temps alloué à la télé, au jeu, aux réseaux sociaux, au ludique, à la rue, aux drogues et aux dragues, leur chance de s’en sortir s’amenuise.

Des larmes envahirent son cœur, embrumant ses yeux. Non, elle ne prendrait pas les frêles embarcations menant irrémédiablement à la noyade d’une manière ou d’une autre.

Non, elle n’irait pas à Casablanca rejoindre ces esclaves des nouveaux temps, travaillant chez eux pour servir l’étranger, sans couverture sociale, ni de santé.

Une ville construite autour du port, une mâchoire prête à broyer, un immense tube digestif prêt à avaler toutes les importations, pour en extraire avant quiconque les bienfaits.

Premiers à servir mais aussi premiers à se servir, les casablancais avaient oublié le bombardement du 5 au 7 Aout 1907.

Drôle d’époque où l’immigré suit le colon pour le servir, où le nationaliste offre ses services à l’ancien occupant, où le religieux s’efface devenant flatteur dévoyant les prosternations en courbettes à Sa Sainteté Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur de puissance étrangère.

Non, elle ira à Rabat cette ville administrative et impériale, ville de hauts fonctionnaires, de tous les marchés publics, des meilleures universités et écoles, des meilleurs hôpitaux, ville de tous les espoirs d’enrichissement sans cause apparente …



Modifié 2 fois. Dernière modification le 23/02/20 15:56 par blagueur.
23 février 2020 13:51
Je pose ça là, bien que ce ne soit pas l'endroit : je veux être maman d'une petite fille. Les filles sont tellement mignonnes.
b
23 février 2020 15:21
Mignonnes ... Des poupées à habiller, coiffer, dorloter ?

Des petites filles, délicates, douces, attentionnées, minutieuses, attachantes, moins indépendantes que leurs frères, un baume pour le cœur des pères.
Des petites filles qui demandent une attention redoublée, elles qui porteront le poids de la lourde charge de transmettre l'éducation, les us et les traditions.

Des bijoux, des perles précieuses ?

Le creuset de l'amour des parents mais aussi des générations futures, entretenant la cohésion de la famille et des descendants.

Mères, sœurs, femmes, filles elles rayonnent et illuminent la vie.

Citation
Sarah* a écrit:
Je pose ça là, bien que ce ne soit pas l'endroit : je veux être maman d'une petite fille. Les filles sont tellement mignonnes.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 23/02/20 15:24 par blagueur.
23 février 2020 15:30
Mignonnes dans le sens attendrissantes, innocentes, douces etc... Je ne saurais définir avec précision, c'est inexplicable mais c'est pour cette spécificité qu'on ne retrouve pas chez les garçons.

C'est beau ce que tu écris.
Citation
blagueur a écrit:
Mignonnes ... Des poupées à habiller, coiffer, dorloter ?

Des petites filles, délicates, douces, attentionnées, minutieuses, attachantes, moins indépendantes que leurs frères, un baume pour le cœur des pères.
Des petites filles qui demandent une attention redoublée, elles qui porteront le poids de la lourde charge de transmettre l'éducation, les us et les traditions.

Des bijoux, des perles précieuses ?

Le creuset de l'amour des parents mais aussi des générations futures, entretenant la cohésion de la famille et des descendants.

Mères, sœurs, filles elles rayonnent et illuminent la vie.
K
23 février 2020 19:50
Trois petits cochons décidèrent de construire une.maison individuel chacun

Une.en paille,une.en terre et une en chimilbik

Le.loup passe et soufle,et il demande dediter

Alors les cochons lui donnèrent l'autorisation d'éditer.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 24/02/20 14:06 par 100Coeur *.
K
24 février 2020 21:24
Dis paysans,va sur le lien en bas,et lis le,a un moment tu verras un pseudo,paysan81, c toi?

[www.yabiladi.com]
Citation
LePaysan76 a écrit:
Je pense que c'est le super vilain qui a affronté spiderman grinning smiley
L
24 février 2020 23:27
Ah non ce n'est pas moi, je ne me permettrai jamais d'insulter, même si on m'insulte Heu
Citation
100Coeur * a écrit:
Dis paysans,va sur le lien en bas,et lis le,a un moment tu verras un pseudo,paysan81, c toi?

[www.yabiladi.com]
*
24 février 2020 23:32
Salam,

C'est beau ce que tu écris

Je suis d'accord avec toi. C'est un artiste avec une plume.


Citation
Sarah* a écrit:
Mignonnes dans le sens attendrissantes, innocentes, douces etc... Je ne saurais définir avec précision, c'est inexplicable mais c'est pour cette spécificité qu'on ne retrouve pas chez les garçons.

C'est beau ce que tu écris.
24 février 2020 23:40
Salam.

Exact. C'est un don mashae Allah.
Citation
Jade* a écrit:
Salam,

C'est beau ce que tu écris

Je suis d'accord avec toi. C'est un artiste avec une plume.
25 février 2020 15:46
Bonjour....
Quel magnifique déclaration....tu as sûrement des princesses ....
Nous transmettons plus a nos filles qu'à nos fils ....
Citation
blagueur a écrit:
Mignonnes ... Des poupées à habiller, coiffer, dorloter ?

Des petites filles, délicates, douces, attentionnées, minutieuses, attachantes, moins indépendantes que leurs frères, un baume pour le cœur des pères.
Des petites filles qui demandent une attention redoublée, elles qui porteront le poids de la lourde charge de transmettre l'éducation, les us et les traditions.

Des bijoux, des perles précieuses ?

Le creuset de l'amour des parents mais aussi des générations futures, entretenant la cohésion de la famille et des descendants.

Mères, sœurs, femmes, filles elles rayonnent et illuminent la vie.
M
25 février 2020 15:58
ça explique pourquoi les papas ont du mal à laisser partir leurs filles. C'est très beau merci smiling smiley
Citation
blagueur a écrit:
Mignonnes ... Des poupées à habiller, coiffer, dorloter ?

Des petites filles, délicates, douces, attentionnées, minutieuses, attachantes, moins indépendantes que leurs frères, un baume pour le cœur des pères.
Des petites filles qui demandent une attention redoublée, elles qui porteront le poids de la lourde charge de transmettre l'éducation, les us et les traditions.

Des bijoux, des perles précieuses ?

Le creuset de l'amour des parents mais aussi des générations futures, entretenant la cohésion de la famille et des descendants.

Mères, sœurs, femmes, filles elles rayonnent et illuminent la vie.
*
27 février 2020 00:01
Il rentrait tard, épuisé après une longue journée de travail, sa silhouette légère et silencieuse se déplaçait avec souplesse, mais il n’y avait pas besoin de le voir pour sentir sa présence.

Il commençait toujours par embrasser le front de sa maman assise en retrait dans un coin sur son tapis de laine, tenant son éternel chapelet dans sa main droite, se mettait à côté d’elle pour s’enquérir de sa santé et de sa journée. Elle lui racontait alors ses douleurs rhumatismales, le froid du jour, la leçon d’arabe et les sourates récitées par sa fille à la mosquée, lui passait le bonjour du fils du voisin, demandait des nouvelles des arbres dont elle ne pouvait plus s’occuper avec le froid, puis de certaines récoltes, il l’écoutait patiemment, répondant d’une voix douce, sans jamais l’élever, ni lui dire aucune fois, qu’il avait répondu aux mêmes questions, la veille. Lorsque sa femme arrivait avec son diner, dans cette magnifique éducation qui leur était propre, la grand-mère se retirait pour aller dormir, les laissant à leur tour échanger sur les évènements du jour.

Les enfants étaient déjà au lit, lorsque leur père rentrait de sa longue journée, mais sa petite princesse ne pouvait dormir sans avoir fait son câlin du soir à papa, elle déboulait ses longs cheveux noirs et raides flottant, déposait ses pantoufles à ses pieds « tiens papa, sinon tu vas avoir froid aux pieds », puis grimpait sur ses genoux l’étreignant de ses petits bras, pendant qu’il mangeait, attendant patiemment qu’il arrive au dessert pour le partager avec lui.

C’est alors qu’elle l’admirait éplucher religieusement sa clémentine, lui posant toujours la même question :

- Combien de quartiers veut ma fille aujourd’hui?

Elle réfléchissait un instant puis lui répondait :

- Trois ! en l’accompagnant du nombre de doigts équivalents.

Il disposait alors plusieurs quartiers sur la table en file indienne, qu’elle s’empressait d’avaler, c’est alors qu’il prenait un air faussement grondeur :

- Ben … tu n’as pas dit trois ?

Elle le fixait de ses yeux de miel, l’air innocent, en secouant la tête :

- Je suis trop petite papa, je sais pas compter.
- Ah, je comprends mieux, on est obligé d’en éplucher une autre pour que tu apprennes à compter …
- Ah oui, j’en veux encore lui disait-elle les yeux brillants en tapant des mains.

- Dis moi, qu’à tu appris aujourd’hui à la mosquée ?

Dans sa mémoire de petit poisson rouge, elle avait déjà oublié la clémentine, et glissait de ses genoux, se faufilant dans la pièce à côté, puis revenait exhibant fièrement son trophée.

- J’ai eu un bon point ! parce que j’ai récité toute sourate al Bayyina !
- Ah, elle est dure cette sourate ... tu t’en rappelles encore ?

Elle hochait la tête excitée : oui tu veux que je la récite ? et sans attendre sa réponse elle emplissait l’espace et le vide de la pièce par ses récitations …

- Bravo ma fille, tu mérites un bon point, mais attention le bon point de papa est spécial, il est encore plus puissant que celui du maître …

Et elle le regardait les yeux émerveillés, son père son héros …

… Les étalages du marché offrait un choix outrancier de fruits et de légumes, depuis qu’elle vivait dans la capitale, elle avait du mal avec cette exhibition, habituée à cuisiner et manger les légumes plantés dans leur jardin qui respectaient les saisons.

Une voix la tira de sa rêverie, pendant qu’elle fixait une clémentine dans sa main perdue dans ses souvenirs:

- Mademoiselle voulez-vous des clémentines ? lui demanda le vendeur

Il lui fallut quelques secondes avant de sortir de son rêve éveillé, fixant le vendeur sans le voir, elle reposa la clémentine, et lui répondit :

- Non, merci, je n’ai personne pour me les éplucher …

Puis s’en alla sans un regard en arrière laissant le vendeur perplexe …

A la mémoire de mon père.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 27/02/20 00:07 par Jade*.
27 février 2020 00:55
Quand il es né, il a compris. Il a compris ce qu’était un amour pur, vrai, plus fort que tout.

Quand il l’a pris dans ses bras, alors qu’il avait peur de lui casser un bras, mais tellement heureux, il était secoué par une foule d’émotions sur lesquelles il était incapable de mettre des mots. Puis, c’est arrivé. Il croisa son regard, des petits yeux qui renfermaient les mêmes craintes que les siennes. Puis, une si petite main a tenté d’agripper la sienne, comme pour lui dire « ça va aller ». C’était une nouvelle aventure pour tous les deux.

Il avait peur de l’inconnu, mais il savait déjà qu’il avait un rôle très important et que grâce aux liens qui les unissaient, ils pourraient déplacer des montagnes, ensemble, lui et son petit frère.

————————————————————————

Il n’aurait jamais pu imaginer l’aimer autant, l’aimer d’amour, de peur et de nostalgie.

Le destin a séparé leur chemin ici bas, mais il prie chaque jour de le retrouver dans l’au-delà.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 27/02/20 01:11 par القمر.
.
M
27 février 2020 12:06
Salam 'alaykoum Jade,

Tu as une très belle plume tbarkAllah 3lik ! On se plonge facilement dans la peau de ton personnage. C'est un très beau texte mais aussi très triste...Qu'Allah fasse Miséricorde à ton papa ainsi qu'à l'ensemble des musulmans.

Hâte de te relire winking smiley
Citation
Jade* a écrit:
Il rentrait tard, épuisé après une longue journée de travail, sa silhouette légère et silencieuse se déplaçait avec souplesse, mais il n’y avait pas besoin de le voir pour sentir sa présence.

Il commençait toujours par embrasser le front de sa maman assise en retrait dans un coin sur son tapis de laine, tenant son éternel chapelet dans sa main droite, se mettait à côté d’elle pour s’enquérir de sa santé et de sa journée. Elle lui racontait alors ses douleurs rhumatismales, le froid du jour, la leçon d’arabe et les sourates récitées par sa fille à la mosquée, lui passait le bonjour du fils du voisin, demandait des nouvelles des arbres dont elle ne pouvait plus s’occuper avec le froid, puis de certaines récoltes, il l’écoutait patiemment, répondant d’une voix douce, sans jamais l’élever, ni lui dire aucune fois, qu’il avait répondu aux mêmes questions, la veille. Lorsque sa femme arrivait avec son diner, dans cette magnifique éducation qui leur était propre, la grand-mère se retirait pour aller dormir, les laissant à leur tour échanger sur les évènements du jour.

Les enfants étaient déjà au lit, lorsque leur père rentrait de sa longue journée, mais sa petite princesse ne pouvait dormir sans avoir fait son câlin du soir à papa, elle déboulait ses longs cheveux noirs et raides flottant, déposait ses pantoufles à ses pieds « tiens papa, sinon tu vas avoir froid aux pieds », puis grimpait sur ses genoux l’étreignant de ses petits bras, pendant qu’il mangeait, attendant patiemment qu’il arrive au dessert pour le partager avec lui.

C’est alors qu’elle l’admirait éplucher religieusement sa clémentine, lui posant toujours la même question :

- Combien de quartiers veut ma fille aujourd’hui?

Elle réfléchissait un instant puis lui répondait :

- Trois ! en l’accompagnant du nombre de doigts équivalents.

Il disposait alors plusieurs quartiers sur la table en file indienne, qu’elle s’empressait d’avaler, c’est alors qu’il prenait un air faussement grondeur :

- Ben … tu n’as pas dit trois ?

Elle le fixait de ses yeux de miel, l’air innocent, en secouant la tête :

- Je suis trop petite papa, je sais pas compter.
- Ah, je comprends mieux, on est obligé d’en éplucher une autre pour que tu apprennes à compter …
- Ah oui, j’en veux encore lui disait-elle les yeux brillants en tapant des mains.

- Dis moi, qu’à tu appris aujourd’hui à la mosquée ?

Dans sa mémoire de petit poisson rouge, elle avait déjà oublié la clémentine, et glissait de ses genoux, se faufilant dans la pièce à côté, puis revenait exhibant fièrement son trophée.

- J’ai eu un bon point ! parce que j’ai récité toute sourate al Bayyina !
- Ah, elle est dure cette sourate ... tu t’en rappelles encore ?

Elle hochait la tête excitée : oui tu veux que je la récite ? et sans attendre sa réponse elle emplissait l’espace et le vide de la pièce par ses récitations …

- Bravo ma fille, tu mérites un bon point, mais attention le bon point de papa est spécial, il est encore plus puissant que celui du maître …

Et elle le regardait les yeux émerveillés, son père son héros …

… Les étalages du marché offrait un choix outrancier de fruits et de légumes, depuis qu’elle vivait dans la capitale, elle avait du mal avec cette exhibition, habituée à cuisiner et manger les légumes plantés dans leur jardin qui respectaient les saisons.

Une voix la tira de sa rêverie, pendant qu’elle fixait une clémentine dans sa main perdue dans ses souvenirs:

- Mademoiselle voulez-vous des clémentines ? lui demanda le vendeur

Il lui fallut quelques secondes avant de sortir de son rêve éveillé, fixant le vendeur sans le voir, elle reposa la clémentine, et lui répondit :

- Non, merci, je n’ai personne pour me les éplucher …

Puis s’en alla sans un regard en arrière laissant le vendeur perplexe …

A la mémoire de mon père.
M
27 février 2020 12:09
Très joli tbarkAllah, ça m'a mis les larmes aux yeux.

Qu'Allah fasse Miséricorde à l'ensemble des muslims
Citation
القمر a écrit:
Quand il es né, il a compris. Il a compris ce qu’était un amour pur, vrai, plus fort que tout.

Quand il l’a pris dans ses bras, alors qu’il avait peur de lui casser un bras, mais tellement heureux, il était secoué par une foule d’émotions sur lesquelles il était incapable de mettre des mots. Puis, c’est arrivé. Il croisa son regard, des petits yeux qui renfermaient les mêmes craintes que les siennes. Puis, une si petite main a tenté d’agripper la sienne, comme pour lui dire « ça va aller ». C’était une nouvelle aventure pour tous les deux.

Il avait peur de l’inconnu, mais il savait déjà qu’il avait un rôle très important et que grâce aux liens qui les unissaient, ils pourraient déplacer des montagnes, ensemble, lui et son petit frère.

————————————————————————

Il n’aurait jamais pu imaginer l’aimer autant, l’aimer d’amour, de peur et de nostalgie.

Le destin a séparé leur chemin ici bas, mais il prie chaque jour de le retrouver dans l’au-delà.
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