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“Si tu veux manger un bout de pain, il faut que tu baisses la tête”
J
23 avril 2010 23:09
Bonjour, j'aime bien entre autres les éditos de telquel, mais celui-ci en particulier tape dans le mille. Il aborde le projet de loi sur le travail domestique (loi sur les les bonnes). Il pointe en particulier les blocages qui pourraient s'élever contre ce projet, et c'est trés justement vu.

le lien : edito telquel : révolution culturelle

et le texte (j'ai souligné en gras le passage sur les possibles opposants à cette loi):

Si la “loi sur les bonnes” est appliquée, soudain, le mahgour relèvera la tête, et le haggar la baissera.

Certaines actualités peuvent sembler anodines. Pourtant, à y voir de plus près, elles sont potentiellement révolutionnaires. Ainsi de cet étonnant projet de loi sur le travail domestique, présenté il y a peu par le ministère de l’Emploi(1). Parmi ses points essentiels, l’instauration d’un contrat de travail type pour les employées de maison adultes (l’emploi des mineures de moins de 15 ans devenant interdit), la codification de leurs jours de repos et congés payés, la fixation d’un salaire minimum (la moitié du SMIG en plus du gîte et du couvert), la pénalisation des employeurs abusifs par des amendes et des peines de prison en cas de récidive, et la mise en place d’une instance de contrôle.
Le texte n’a pas encore été voté, ni même débattu au parlement. Mais il suscite déjà les critiques des défenseurs des droits de l’homme. Notamment stigmatisés : l’insuffisance des peines encourues par les contrevenants, le silence sur la couverture sociale et les congés maladie et – sans doute le plus important – le flou artistique entourant l’instance de contrôle, dont les agents sont supposés effectuer des vérifications aléatoires dans les domiciles. Ces critiques sont justes et pertinentes, et ceux qui les formulent ont raison. Et pourtant… Même si elle devait être votée en l’état, avec toutes ses faiblesses et imprécisions – il sera toujours temps de l’amender plus tard – cette loi créerait une formidable onde de choc socioculturelle. Rien de moins, et pas seulement pour les principales concernées.
Les “bonnes” font partie du paysage social marocain depuis des temps immémoriaux. Jusqu’à la moitié du XXème siècle, elles étaient des esclaves. Depuis, l’esclavage a été aboli, mais les mentalités n’ont pas vraiment suivi. Il y a quelques années, une journaliste de TelQuel s’était faite embaucher incognito et pendant une semaine, comme domestique dans une famille de Rabat, avant de réaliser un reportage in situ sur son aventure(2). Paye miséreuse (400 DH par mois, le cinquième du SMIG) coups, humiliations, insultes, nourriture insuffisante et conditions d’hygiène déplorables… Mais le plus effarant dans ce reportage, c’était… l’impression de déjà vu, voire de “normalité” qui s’en dégageait ! De l’avis général, notre courageuse journaliste avait eu “de la chance”, car elle aurait pu facilement tomber sur une famille “pire” que celle-là.
Imaginez, demain, que toutes les familles marocaines qui emploient des “bonnes” (elles se comptent par millions) aient pour obligation de leur faire signer un contrat de travail qui leur garantisse des droits. Même si les “droits des bonnes” sont chétifs et insuffisants, le simple fait de leur en accorder touchera à l’un des ressorts les plus intimes de notre mentalité collective : la hogra (mépris). Or la hogra est la pierre angulaire de notre rapport à l’autre quand il est moins riche, moins puissant, de moins bonne extraction. Soudain, l’Etat donnera l’opportunité au mahgour (méprisé) de relever la tête ; et au haggar (méprisant) de la baisser. L’exact contre-pied de cette phrase terrible que notre journaliste avait entendue de la bouche de son éphémère “maîtresse” : “Si tu veux manger un bout de pain, il faut que tu baisses la tête”. Vous verrez : même si elle garantit aux domestiques moins que le minimum de dignité requis pour tout travailleur, cette loi, si elle vient à être appliquée, suscitera une opposition féroce et générale, même si elle n’est pas ouvertement déclarée – exactement comme pour la Moudawana. Partout au Maroc, on verra des gens qu’on pensait honnêtes, moraux, pieux… déployer une énergie désespérée, prendre tous les risques, juste pour ne pas avoir à admettre que “la bonne” ait des droits – c’est-à-dire qu’elle puisse être, quelque part, leur égale.
Le ministre de l’Emploi, initiateur de ce projet de loi, part d’une excellente intention. Mais il n’a peut-être pas conscience de l’énormité du rocher qu’il s’apprête à soulever et des millions de pieuvres grouillantes tapies dessous. Avec toute la ferveur dont je suis capable, je prie pour que cette loi voie le jour et ne tombe pas dans l’oubli ou l’inapplicabilité. Elle porte en elle les germes d’une redéfinition profonde des rapports sociaux qui nous régissent, les germes de cette révolution culturelle dont notre pays a maladivement besoin.

(1) Voir le numéro précédent de TelQuel.
(2) “Dans la peau d’une bonne”, article paru dans TelQuel n°36 (épuisé) et dans le Best Of de TelQuel première édition (2005).
l
23 avril 2010 23:49
Je ne vois dans ta phrase soulignée en gras qu'une tentative odieuse de régler des comptes, via ces pauvres bonnes, avec un certain islamisme politique marocain...le clin d'œil sur la moudawana, l'utilisation des mots morales, pieux...est là pour nous le confirmer. Ce Benchemssi tient bien son rôle définit et dessiné par le pouvoir: c'est à dire le chien de garde contre les islamistes, des marocains comme nous représentant des millions d'autres marocains.
a
23 avril 2010 23:57
Le sujet est une loi pour donner une dignité aux bonnes, nul part de vouloir noyer le poisson en detournant sur des considèrations religieuses ou politiques.
Il s'agit avant tout d'un probleme social.combien d'entre nous au Maroc font travailler des bonnes en depit du bon sens.
Pour défendre une femme , il faut commencer par la respecter Etre tolérant , c'est faire un TOLLE A L'ERRANCE
l
24 avril 2010 00:30
Citation
azl95 a écrit:
Le sujet est une loi pour donner une dignité aux bonnes, nul part de vouloir noyer le poisson en detournant sur des considèrations religieuses ou politiques.
Il s'agit avant tout d'un probleme social.combien d'entre nous au Maroc font travailler des bonnes en depit du bon sens.

mais quel poisson azl? le bar ou la sole?
ça tombe sous le sens que je suis pour une amélioration des conditions de travail des bonnes comme des ouvrier et ouvrières du textile ou de l'agroalimentaire. mais c'est simplement que ce canard (torchon pardon) de Telquel, ne rate pas une occasion pour épicer ses articles avec plus au moins de religion...c'est obsessionnel et ridicule en même temps.

enfin j'espère ne pas faire de procès d'intention...pour une fois que ça ne parle pas de la sexualité des marocains dans cet hebdomadaire, on va pas cracher sur la soupe. Je suis, malgré tout, preneur de ce genre de sujet.
 
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