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Ultradroite en Flandre : Le soldat Boutens voulait passer à l'acte
a
15 septembre 2006 19:43
LE MONDE, France



Thomas Boutens n'était pas précisément un ange. Mais lorsque B., l'un de ses voisins, a appris que le jeune homme de 25 ans, fils d'un chauffeur et d'une employée de banque, était le chef présumé de Bloed-Bodem-Eer-Trouw (BBET, Sang-Terre-Honneur-Fidélité), un groupe néonazi qui projetait apparemment de commettre des attentats pour déstabiliser la Belgique, il en est, dit-il, "tombé à la renverse".



Jeudi 7 septembre, Thomas Boutens a été appréhendé en même temps qu'une vingtaine de personnes en divers endroits de Flandre. Outre le jeune activiste, 11 suspects sont aujourd'hui sous les verrous à Termonde, pour un mois au moins. Ils ont été mis en examen pour terrorisme, détention illégale d'armes - près de 300 au total - et infractions aux lois sur le racisme et la xénophobie.

Des informations, démenties par le parquet mais maintenues par les journalistes qui les ont révélées, indiquent que le groupe aurait voulu créer une "stratégie de la tension" en assassinant successivement Filip Dewinter, le dirigeant du parti d'extrême droite Vlaams Belang à Anvers, et Dyab Abou Jajhah, leader du groupe islamiste Ligue arabe européenne. Cette situation devait permettre, selon ces plans, d'instaurer une dictature de type fasciste.

Thomas Boutens serait l'un des principaux militants et le recruteur de BBET, groupuscule s'inspirant des thèses néo-nazies de Blood & Honour (B & H), fondé en 1987 par Ian Stuart Donaldson, le chanteur anglais du groupe Skrewdriver, mort accidentellement six ans plus tard.

A Opstal-Buggenhout, ce grand gaillard aux cheveux ras n'a laissé qu'un vague souvenir. B. se rappelle de son allure "menaçante", de son amour immodéré des armes et de son "exploit" : l'incendie, en mars 1999, de l'école libre catholique d'Opstal, où il était élève de cinquième année. Bilan : "250 000 euros de dégâts", se rappelle un enseignant. Victime de "mauvaises influences", le jeune homme, qui s'affirmait à l'époque "sataniste", s'en est tiré avec une peine de principe : un séjour de quelques mois dans une institution. Il a ensuite décidé de s'engager dans l'armée.

"Excellent soldat, avec une connaissance étendue des armes et des techniques de combat", explique son supérieur à la caserne de Bourg-Léopold, le colonel Philippe Dasseville. Mais il a dû écarter le jeune homme de son groupe parce qu'il y faisait régner "la loi du plus fort". Thomas Boutens, qui a déjà effectué des missions avec l'armée belge en Afghanistan, devait partir prochainement pour le Liban, où la Belgique envoie quelque quatre cents casques bleus.

Sous le pseudonyme de Lupus, le jeune extrémiste laissait libre cours à ses obsessions sur Internet : la lutte contre les juifs, la nécessité d'une "révolution blanche", la description du national-socialisme comme seul remède au déclin de l'Occident. D'après un enquêteur, Boutens n'était toutefois pas l'idéologue du groupe. C'est un autre suspect appréhendé, Marc Horemans, un informaticien de la banlieue anversoise, qui tenait ce rôle, sous le pseudonyme de Paul Kruger. C'est lui aussi qui s'occupait des contacts internationaux du réseau avec, notamment, le mouvement néonazi néerlandais Nationale Alliantie ou encore Robert Griffin, un professeur américain que les nostalgiques de l'hitlérisme idolâtrent pour ses thèses révisionnistes.

Réputé "charismatique" à Bourg-Léopold, Thomas Boutens aurait recruté une vingtaine de membres pour le BBET - le groupe comprendrait, au total, une centaine de personnes en Flandre, selon la police. Le militant néonazi serait parvenu à utiliser des terrains militaires pour entraîner son groupe. L'armée est également mise en cause pour n'avoir pas détecté plus tôt le danger que représentaient Boutens et ses comparses.

Un syndicaliste de la CGSP (socialiste) a beau tenté de minimiser l'affaire en affirmant que "les forces armées sont à l'image de la société flamande" - à savoir qu'elles regrouperaient de 20 % à 25 % de sympathisants de l'extrême droite -, divers responsables politiques s'interrogent sur l'efficacité des tests psychologiques et de personnalité auxquels l'armée soumet ses candidats. Ces épreuves ont été renforcées en 1998, après que des militaires belges eurent été convaincus d'avoir maltraité des enfants lors d'une mission en Somalie, mais Thomas Boutens semble être passé entre les mailles du filet en n'évoquant jamais son passé d'incendiaire.

Un autre cas intrigue parmi les personnes appréhendées, celui de Tamara Van Aalst, 25 ans. Ancienne petite amie de Thomas Boutens, militaire de carrière elle aussi, elle était employée à la surveillance de la base de Kleine Brogel, dans le Limbourg, où se trouvent des ogives nucléaires américaines. Soumise, en théorie, à des contrôles de sécurité sévères, elle ne paraît pas avoir été inquiétée avant la semaine dernière. Contrairement aux règles en vigueur dans l'armée, cette adepte des sites Web néonazis tenait à Bourg-Léopold, en dehors de son service, un café, The Viking, où se réunissaient régulièrement des extrémistes

Son avocat, Guy Sols, dément toute implication de sa cliente dans un réseau terroriste et sous-entend qu'on a donné à cette affaire - sur laquelle la police enquêterait depuis 2004 - une ampleur qu'elle ne mérite pas. Une thèse reprise par Me Piet Noé, défenseur de deux autres suspects - et naguère d'un élu négationniste du Vlaams Belang - qui évoque une bande de "fous de l'armement" immatures.

Les zones d'ombre de l'enquête menée par la police amènent des observateurs, surtout flamands, à s'interroger sur la portée exacte du complot, mis au jour un mois avant les élections municipales qui vont avoir lieu le 8 octobre en Belgique. Certains analystes soulignent que l'affaire tombe à pic pour Patrick Dewael, le ministre libéral flamand de l'intérieur, qui tente de convaincre les électeurs en Flandre que l'extrême droite représente une menace réelle pour la démocratie. De même la ministre de la justice socialiste du gouvernement fédéral, la francophone Laurette Onkelinx, pourra justifier plus facilement ses plans antiterroristes, incluant l'extension de "mesures spéciales d'enquête", très critiquées dans son propre camp. "Il reste, souligne Manuel Abramowicz, un spécialiste des mouvements d'extrême droite, que le BBET répondait aux critères qui définissent une organisation dangereuse : une idéologie de la haine, des moyens militaires, une structure de combat de type terroriste et des moyens d'actions réels."



Jean-Pierre Stroobants
c
15 septembre 2006 21:40
Andi Espoir, je suis en plein dedans comme je vis en Belgique, crois-moi c'est exagerée cette histoire. On est aussi en pleine campagne électorale ici et comme l'extrême-droite flamande bat tous les records depuis quelques années, on exploite à fond cette histoire pour essayer de limiter les dégats lors du vote en octobre.
a
15 septembre 2006 21:57
La peur toujours la peur comme argument électoral ?
 
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