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A tous les hommes tombés sous les balles de l'ennemi
C
2 août 2024 13:35
Arthur RIMBAUD
1854 - 1891

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
2 août 2024 13:39
Welcome
« Le premier des droits de l'homme c'est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail. » Jean Jaurès.
U
2 août 2024 14:48
Salam,

[...] On les amène au pied de l'affreux mur.
C'est bien.
Ils ont été battus du vent contraire.
L'homme dit au soldat qui l'ajuste : Adieu, frère.
La femme dit : - Mon homme est tué. C'est assez.
Je ne sais s'il eut tort ou raison, mais je sais
Que nous avons traîné le malheur côte à côte ;
Il fut mon compagnon de chaîne ; si l'on m'ôte
Cet homme, je n'ai plus besoin de vivre. Ainsi
Puisqu'il est mort, il faut que je meure. Merci. -
Et dans les carrefours les cadavres s'entassent.
Dans un noir peloton vingt jeunes filles passent ;
Elles chantent ; leur grâce et leur calme innocent
Inquiètent la foule effarée ; un passant
Tremble. - Où donc allez-vous ? dit-il à la plus belle.
Parlez.
- Je crois qu'on va nous fusiller, dit-elle.
Un bruit lugubre emplit la caserne Lobau ;
C'est le tonnerre ouvrant et fermant le tombeau.
Là des tas d'hommes sont mitraillés ; nul ne pleure ;
Il semble que leur mort à peine les effleure,
Qu'ils ont hâte de fuir un monde âpre, incomplet,
Triste, et que cette mise en liberté leur plaît.
Nul ne bronche. On adosse à la même muraille
Le petit-fils avec l'aïeul, et l'aïeul raille,
Et l'enfant blond et frais s'écrie en riant : Feu !

Victor Hugo, L’Année terrible.
2 août 2024 15:26
"Je suis Katabolonga et je ne réponds pas à tes questions. Je parle quand je le veux. Je suis venu pour te voir. Et te dire, devant tous les tiens réunis, ce qui doit être dit. Tu as rasé ma maison. Et tué mes femmes. Tu as piétiné mes terres sous les sabots de ton cheval. Tes hommes ont respiré mon air et ont fait des miens des bêtes en fuite qui disputent leur nourriture aux singes. Tu es venu de loin. Pour brûler ce que j'avais. Je suis Katabolonga et personne ne brûle ce que je possède sans perdre la vie. Je suis là. Devant toi. Je suis là. Au milieu de tous tes hommes réunis. Je veux te dire cela. Je suis Katabolonga et je te tuerai. Car par ma hutte piétinée, par mes femmes tuées, par mon pays brûlé, ta mort m'appartient."

La mort du roi Tsongor - Laurent Gaudé
C
2 août 2024 15:34
"..... Un bruit lugubre emplit la caserne Lobau..... cette mise en liberté leur plaît."


Trop beau ce passage.
Citation
Ne3Ne3 La Jolie a écrit:
Salam,

[...] On les amène au pied de l'affreux mur.
C'est bien.
Ils ont été battus du vent contraire.
L'homme dit au soldat qui l'ajuste : Adieu, frère.
La femme dit : - Mon homme est tué. C'est assez.
Je ne sais s'il eut tort ou raison, mais je sais
Que nous avons traîné le malheur côte à côte ;
Il fut mon compagnon de chaîne ; si l'on m'ôte
Cet homme, je n'ai plus besoin de vivre. Ainsi
Puisqu'il est mort, il faut que je meure. Merci. -
Et dans les carrefours les cadavres s'entassent.
Dans un noir peloton vingt jeunes filles passent ;
Elles chantent ; leur grâce et leur calme innocent
Inquiètent la foule effarée ; un passant
Tremble. - Où donc allez-vous ? dit-il à la plus belle.
Parlez.
- Je crois qu'on va nous fusiller, dit-elle.
Un bruit lugubre emplit la caserne Lobau ;
C'est le tonnerre ouvrant et fermant le tombeau.
Là des tas d'hommes sont mitraillés ; nul ne pleure ;
Il semble que leur mort à peine les effleure,
Qu'ils ont hâte de fuir un monde âpre, incomplet,
Triste, et que cette mise en liberté leur plaît.
Nul ne bronche. On adosse à la même muraille
Le petit-fils avec l'aïeul, et l'aïeul raille,
Et l'enfant blond et frais s'écrie en riant : Feu !

Victor Hugo, L’Année terrible.
2 août 2024 15:36
Requiem pour toutes les âmes
De ces enfants, ces femmes, ces hommes
Tombés des deux côtés du drame
Assez de sang coulés
la paix doit régner
Salam,
Shalom
Il n'y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir
C
2 août 2024 15:38
La dignité..
Très beau texte.
Citation
Magneto* a écrit:
"Je suis Katabolonga et je ne réponds pas à tes questions. Je parle quand je le veux. Je suis venu pour te voir. Et te dire, devant tous les tiens réunis, ce qui doit être dit. Tu as rasé ma maison. Et tué mes femmes. Tu as piétiné mes terres sous les sabots de ton cheval. Tes hommes ont respiré mon air et ont fait des miens des bêtes en fuite qui disputent leur nourriture aux singes. Tu es venu de loin. Pour brûler ce que j'avais. Je suis Katabolonga et personne ne brûle ce que je possède sans perdre la vie. Je suis là. Devant toi. Je suis là. Au milieu de tous tes hommes réunis. Je veux te dire cela. Je suis Katabolonga et je te tuerai. Car par ma hutte piétinée, par mes femmes tuées, par mon pays brûlé, ta mort m'appartient."

La mort du roi Tsongor - Laurent Gaudé
C
2 août 2024 16:12
C'est de toi?
Citation
Pom'pom a écrit:
Requiem pour toutes les âmes
De ces enfants, ces femmes, ces hommes
Tombés des deux côtés du drame
Assez de sang coulés
la paix doit régner
Salam,
Shalom
2 août 2024 16:31
Salam

Dans un paysage marqué par les tempêtes passées,
Les ombres des combats s’dessinent à l’horizon,
Les débris d’une guerre, entre désordre et ruines,
Reposent sous un ciel où l’éternité s’dérobe.

Les soldats tombés, ensevelis sous la poussière,
Laissent derrière eux des rêves brisés et éteints,
Les tranchées abandonnées, chargées d’solitude,
Gardent les traces d’une époque de mélancolie et de nostalgie.

Les champs jadis verdoyants sont désormais stériles,
Leurs racines mêlées à la boue et aux vestiges de guerre,
Les fleurs fanées murmurent les récits d’antan,
Et le vent fredonne les airs d’une ère disparue.

Les voix des guerriers se dissipent dans l’air glacé,
Chaque écho porte le poids des années écoulées,
Et la paix, toujours éloignée, semble un rêve fragile,
Dans l’ombre persistante des souvenirs évanouis.
C
2 août 2024 16:38
Merci.

Joli texte.
Citation
√L’Élu a écrit:
Salam

Dans un paysage marqué par les tempêtes passées,
Les ombres des combats s’dessinent à l’horizon,
Les débris d’une guerre, entre désordre et ruines,
Reposent sous un ciel où l’éternité s’dérobe.

Les soldats tombés, ensevelis sous la poussière,
Laissent derrière eux des rêves brisés et éteints,
Les tranchées abandonnées, chargées d’solitude,
Gardent les traces d’une époque de mélancolie et de nostalgie.

Les champs jadis verdoyants sont désormais stériles,
Leurs racines mêlées à la boue et aux vestiges de guerre,
Les fleurs fanées murmurent les récits d’antan,
Et le vent fredonne les airs d’une ère disparue.

Les voix des guerriers se dissipent dans l’air glacé,
Chaque écho porte le poids des années écoulées,
Et la paix, toujours éloignée, semble un rêve fragile,
Dans l’ombre persistante des souvenirs évanouis.
U
2 août 2024 17:17
Salam,

J'avais lu ce livre y'a quelques années (d'ailleurs je l'ai encore), et purée on réalise à quel point nul n'échappe à son Destin, qui lui est fatal.

Il n'a jamais versé une seule larme, malgré le poids du regret.
Devrait-on peut-être prendre exemple, et n'pas nous rembrunir à la moindre épreuve?

"Tu ne pleures pas, Tsongor?"
Citation
Magneto* a écrit:
"Je suis Katabolonga et je ne réponds pas à tes questions. Je parle quand je le veux. Je suis venu pour te voir. Et te dire, devant tous les tiens réunis, ce qui doit être dit. Tu as rasé ma maison. Et tué mes femmes. Tu as piétiné mes terres sous les sabots de ton cheval. Tes hommes ont respiré mon air et ont fait des miens des bêtes en fuite qui disputent leur nourriture aux singes. Tu es venu de loin. Pour brûler ce que j'avais. Je suis Katabolonga et personne ne brûle ce que je possède sans perdre la vie. Je suis là. Devant toi. Je suis là. Au milieu de tous tes hommes réunis. Je veux te dire cela. Je suis Katabolonga et je te tuerai. Car par ma hutte piétinée, par mes femmes tuées, par mon pays brûlé, ta mort m'appartient."

La mort du roi Tsongor - Laurent Gaudé
2 août 2024 17:24
Non, j'y ai juste ajouté ma touche perso pour compter les pieds.
Citation
Citron pavot7 a écrit:
C'est de toi?
Il n'y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir
2 août 2024 17:46
🙌🏻 super
Les livres des écrivains contemporains ne sont pas très connus comparés aux grands classiques… j’ai entendu je ne sais plus où des références à ce livre dans un débat. Le contexte imaginaire m’a bien plus, avec ses codes d’honneur africains lointains. J’en ai lu des extraits en me disant qu’il me plairait bien.
Du coup il fait la queue devant tous autres que je me suis promis de lire 😁
Citation
Ne3Ne3 La Jolie a écrit:
Salam,

J'avais lu ce livre y'a quelques années (d'ailleurs je l'ai encore), et purée on réalise à quel point nul n'échappe à son Destin, qui lui est fatal.

Il n'a jamais versé une seule larme, malgré le poids du regret.
Devrait-on peut-être prendre exemple, et n'pas nous rembrunir à la moindre épreuve?

"Tu ne pleures pas, Tsongor?"
U
2 août 2024 17:59
De même, laisse tomber une étagère encore inexplorée... 😌

Pour ma part, j'ai bientôt fini (ça fait quelques mois qu'j'ai commencé, quand même 🤔) Les Piliers de la Terre, mais comment t'dire qu'j'ai la haine contre l'protagoniste principal? Je me force un peu, et puis bon, c'n’est pas extraordinaire. Puis, il m'reste aussi Les Démons de Dostoïevski à finir, mais j'pense commencer d'abord un "p'tit" livre arabe.

Et je crois qu'il m'reste un Flaubert et un Balzac, enfin bref, j'ai d'quoi m'amuser un peu. ^^
Citation
Magneto* a écrit:
🙌🏻 super
Les livres des écrivains contemporains ne sont pas très connus comparés aux grands classiques… j’ai entendu je ne sais plus où des références à ce livre dans un débat. Le contexte imaginaire m’a bien plus, avec ses codes d’honneur africains lointains. J’en ai lu des extraits en me disant qu’il me plairait bien.
Du coup il fait la queue devant tous autres que je me suis promis de lire 😁
2 août 2024 18:19
Je trouve qu’il y a quelque chose de rassurant sur les étagères à livres non lus In love

Comme s’il y’avait encore du temps, que rien ne presse … même si certains livres je les ai achetés il y a 3 ou 4 ans Oups

Dostoyevsky et Tolstoï c’est un univers que j’aime beaucoup mais leurs œuvres sont recalées par mon pied à coulisse. Trop de pages crying(


Citation
Ne3Ne3 La Jolie a écrit:
De même, laisse tomber une étagère encore inexplorée... 😌

Pour ma part, j'ai bientôt fini (ça fait quelques mois qu'j'ai commencé, quand même 🤔) Les Piliers de la Terre, mais comment t'dire qu'j'ai la haine contre l'protagoniste principal? Je me force un peu, et puis bon, c'n’est pas extraordinaire. Puis, il m'reste aussi Les Démons de Dostoïevski à finir, mais j'pense commencer d'abord un "p'tit" livre arabe.

Et je crois qu'il m'reste un Flaubert et un Balzac, enfin bref, j'ai d'quoi m'amuser un peu. ^^



Modifié 1 fois. Dernière modification le 02/08/24 18:47 par Magneto*.
C
2 août 2024 19:08
Les colons arrivèrent en masse, aléas de l'histoire
De velléités guerrières en projets génocidaires
Meurtres, vols et destruction, l'œuvre de ces coeurs noirs
Inattendu déferlement d'horreurs qui m'est donné de voir

On vous a qualifié d'animaux humains !
Vous valeureux peuple qui subissait et subissez encore
Nul doute que la victoire approche et sera belle demain
Et que chaque orphelin qui souffre et il y'en a pléthore

Fera de cette terre votre futur tombeau
Car si une armée peut détruire
Un bras, une jambe ou une maison
Jamais elle n'effacera l'honneur et la raison.
C
2 août 2024 20:25
Belle idée ton post.
ça donne envie de relire certains auteurs

Et puis ça manque la littérature sur le forum.
2 août 2024 21:18
Je l'aime d'amour ce poème, j'étais très jeune quand je l'ai découvert et c'était ma première claque littéraire 🥺🥰.

Merci Welcome
Citation
Citron pavot7 a écrit:
Arthur RIMBAUD
1854 - 1891

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit.
C
2 août 2024 21:19
Une merveille.
Citation
Vittoria a écrit:
Je l'aime d'amour ce poème, j'étais très jeune quand je l'ai découvert et c'était ma première claque littéraire 🥺🥰.

Merci Welcome
2 août 2024 21:36
Parfaitement d'actualité 🇵🇸.

D'ailleurs voici les vers d'un poète que les démons ont assassiné récemment, Allah y rahmou 🥺.

Si je dois mourir, tu dois vivre
pour raconter mon histoire
pour vendre mes affaires
pour acheter un bout de tissu
et quelques morceaux de ficelle,
(fais en sorte qu’il soit blanc avec une longue queue)
pour qu’un enfant, quelque part à Gaza
en regardant le ciel dans les yeux
attendant son papa emporté dans une explosion
sans faire ses adieux à personne
pas même à sa chair,
pas même à lui-même
voie le cerf-volant,
mon cerf-volant que tu as fait,
voler au-dessus de lui
et pense, un instant,
qu’un ange est là.
Pour ramener l’amour.
Si je dois mourir,
que cela ramène l’espoir.
Que cela devienne un conte.


Reefat Alarrer

Un article de BFM à son sujet :
[www.bfmtv.com]
Citation
Citron pavot7 a écrit:
Les colons arrivèrent en masse, aléas de l'histoire
De velléités guerrières en projets génocidaires
Meurtres, vols et destruction, l'œuvre de ces coeurs noirs
Inattendu déferlement d'horreurs qui m'est donné de voir

On vous a qualifié d'animaux humains !
Vous valeureux peuple qui subissait et subissez encore
Nul doute que la victoire approche et sera belle demain
Et que chaque orphelin qui souffre et il y'en a pléthore

Fera de cette terre votre futur tombeau
Car si une armée peut détruire
Un bras, une jambe ou une maison
Jamais elle n'effacera l'honneur et la raison.
Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit.
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