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THORAYA AHMED OBAID À LA HAVANE
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26 décembre 2004 01:11
THORAYA AHMED OBAID À LA HAVANE
«J’ai été séduite par Cuba»

PAR ALBERTO D. PÉREZ, spécialement pour Granma international
CETTE grande femme brune, née à Bagdad au sein d’une famille nombreuse originaire d’Arabie Séoudite et qui ne fait pas ses 60 ans, dirige l’une des plus petites institutions des Nations Unies –le Fonds de l’ONU pour les activités en matière de population (FNUAP)–, laquelle a néanmoins une influence étendue et travaille sur la principale ressource de notre planète: ses habitants.

Il reste beaucoup à faire dans le monde, comme le montrent les Tâches du développement du millénaire, adoptées par les chefs d’État et de gouvernement lors d’un sommet tenu en 2001 à la demande de l’ONU. Une femme meurt chaque minute sur notre planète des suites de complications de l’accouchement ou de la grossesse.

Mais la cause réelle est le manque d’attention à la santé sexuelle et reproductive des fillettes, des adolescentes et des femmes, un fait qui favorise aussi les avancées de diverses maladies telles que le sida ou d’autres sexuellement transmissibles. La discrimination envers le sexe féminin constitue la toile de fonds d’une telle barbarie.

Je profite de la courte visite à Cuba de Thoraya Ahmed Obaid, docteur en Humanités, pour dialoguer avec elle à l’intention des lecteurs de Granma international. Depuis 2001, elle est directrice exécutive de la FNUAP et sous-secrétaire généralr des Nations Unies. Elle était accompagnée durant sa visite de Marisela Padron, directrice pour la région; du représentant au Mexique et directeur pour le Bureau de La Havane, Rogelio Fernandez, et de la chef de Bureau Cecile Cuffley, auxquels se sont joints à La Havane le représentant à Cuba, Bruno Moro, et le représentant assistant, Alfonso Farnos.

À Cuba, la FNUAP parraine un petit programme de coopération (un demi-million de dollars par an) en tenant compte du fait que l’île a réussi à résoudre la majeure partie des problèmes dans ce domaine même si elle a besoin d’être aidée dans des secteurs très spécifiques, surtout les plus fortement touchés par le blocus que les États-Unis maintiennent contre Cuba depuis le début des années 60. Je pose à Thoraya A. Obaid la première question :

Parlez-moi de la FNUAP

«Vous serez surpris si je vous dis que bien que nous travaillions dans presque tous les pays en voie de développement, la FNUAP est l’une des plus petites institutions des Nations Unies. L’ensemble de notre personnel atteint à peine le millier de fonctionnaires dont les deux tiers sont nationaux. Nous sommes arrivés à la conclusion que pour assurer des services de qualité nous devons avoir du personnel national: il a les connaissances et les capacités requises et est au fait des coutumes et des usages locaux. Nous sommes en réalité uniques en ce sens: petits par la taille mais nous parlons à voix haute.»
Vous êtes petits mais vous avez une énorme clientèle, la plus large de toutes les institutions de l’ONU

«Oui. Nous travaillons avec les gouvernements, avec les organisations non gouvernementales, avec les groupes de femmes et de jeunes et cela représente beaucoup de personnes. Nous essayons de nous joindre à des programmes en cours concernant la santé sexuelle et reproductive et l’égalité des sexes, ou de les promouvoir là où ils n’existent pas. De fait, les personnes elles-mêmes deviennent, par ces programmes et projets, nos associés, les promoteurs et les acteurs principaux de cette grande tâche.»

Le travail de la FNUAP a des ennemis puissants et l’institution est soumise à de fortes pressions.

«En effet, nous subissons beaucoup de pressions, surtout d’un pays spécifique qui n’apporte pas à notre institution les contributions financières qu’il devrait. Cependant, en cette fin d’année, durant toutes les rencontres régionales destinées à commémorer le dixième anniversaire de l’historique Conférence internationale sur la population et le développement, qui s’est déroulée dans la capitale égyptienne en 1994, les pays ont réaffirmé leur engagement envers le Programme d’action du Caire et ont souligné que la santé sexuelle et reproductive fait déjà partie intégrante de leurs lois et de leurs politiques nationales de telle sorte qu’ils sont maintenant les propriétaires de ce programme, qu’ils savent quoi faire et comment le faire. Ceci est très réconfortant.»

Vous venez d’effectuer une très courte visite à Cuba. Quel a été votre programme?
«Avec ma délégation, j’ai rendu visite à nos correspondants concernant le programme de coopération: plusieurs ministères sont concernés —l’Éducation, la Santé publique, la Coopération étrangère, les Relations extérieures—, j’ai pu voir le grand travail de l’École latino-américaine de médecine, j’ai parlé avec des dirigeantes de la Fédération des femmes cubaines, j’ai apprécié l’effort national concernant l’éducation sexuelle pour les adolescents dans une école secondaire et j’ai participé à un atelier où ont été passées en revue les expériences multisectorielles cubaines de ces 10 années d’existence du programme d’action du Caire. Je me suis rendue à l’usine d’contraceptifs oraux, construite avec l’appui de la FNUAP et j’ai reçu aussi des informations sur la réussite du programme contre le virus du sida mis en oeuvre par le gouvernement cubain avec l’aide du Fonds global, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et d’autres institutions du système de l’ONU parmi lesquelles la FNUAP. Je me suis réunie évidemment avec mes collègues des Nations Unies à Cuba et j’ai écouté leurs rapports sur la réussite de leurs programmes respectifs de coopération.

»J’ai pu apprécier partout le sérieux du travail des personnes et des institutions. On note un vrai désir de réaliser des efforts et d’atteindre de bons résultats. Et malgré les pressions et les difficultés auquel le pays est confronté, la décision est évidente de forger une vie meilleure pour le peuple. Cette décision et cette discipline, croyez-moi, ne sont pas fréquentes ailleurs. Et elles entraînent comme conséquence un professionnalisme et des résultats de première qualité. C’est là ce que j’ai constaté à Cuba durant toutes mes rencontres et visites, et j’en ai ressenti une forte impression et beaucoup de plaisir.»

Y a t-il un projet qui vous tient particulièrement à coeur?
«Je penche pour le projet d’éducation sexuelle pour les jeunes du secondaire, y compris des écoles technico-professionnelles et préuniversitaires. On peut voir comment les uns et les autres apprennent à se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida et éviter les grossesses non souhaitées, ainsi que l’excellente relation qui s’est établie entre les professeurs et les médiateurs, les étudiants et leurs familles. Ceci constitue un lien trilatéral particulier qu’il est très difficile de rencontrer dans d’autres pays, où l’on ne s’adresse habituellement qu’aux jeunes,ce qui contribue à creuser le fossé entre eux et leurs parents. Mais ici, à Cuba, tous les facteurs se conjuguent pour donner d’excellents résultats. Ce projet a énormément attiré mon attention mais tous nos soutiens sont généralement très bons dans ce pays car ils sont vraiment liés les uns aux autres.»

Quelque chose à ajouter?
«Oui, j’ai parlé de mes impressions professionnelles. Pour ce qui concerne le côté humain —et il est évident que vous avez du sang arabe dans les veines—, les Cubains sont chaleureux, ils expriment leurs émotions avec sincérité et font en sorte que les visiteurs se sentent comme chez eux. Je peux vous assurer que j’ai été séduite par Cuba.»


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