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TERRITOIRES PALESTINIENS - Entre "la résistance armée" et...
4 avril 2006 12:16
Le mouvement palestinien islamiste Hamas vient tout juste d'accéder au pouvoir sur fond de boycott international et il doit déjà faire face aux rivalités entre factions palestiniennes, qui ont dégénéré en combats armés.

Le gouvernement Hamas, qui a pris ses fonctions le jeudi 30 mars, n'aura pas eu droit à l'état de grâce. "Des affrontements interpalestiniens ont commencé vendredi 31 mars dans la bande de Gaza et se sont prolongés durant tout le week-end, faisant 3 morts et plus de 36 blessés", souligne le quotidien israélien Ha'Aretz. Un bilan très lourd eu égard aux promesses du nouveau cabinet d'Ismail Haniyeh qui avait déclaré pendant sa campagne électorale vouloir instaurer l'ordre public.

Les combats entre des groupes palestiniens armés et les services de sécurité ont été déclenchés par l'assassinat vendredi, à Gaza, d'Abou Youssef Al-Gouga, chef des Comités de résistance populaire, un groupe issu du Fatah, l'ancien parti au pouvoir, mais dont les positions se rapprochent de plus en plus de celles du Hamas. Les Comités de résistance populaire ont alors accusé la police palestinienne, pourtant encore dirigée par des cadres du Fatah, d'avoir une part de responsabilité dans la mort de Youssef Al-Gouga, dont les circonstances n'ont pas encore été clairement élucidées.

Pour le porte-parole du Fatah, Ahmad Abdel Rahman, "l'assassinat d'Al-Gouga est inacceptable, et les accusations portées à l'encontre du Fatah sont des plus déconcertantes. Elles ne reposent sur aucune preuve solide", relate le quotidien palestinien Al-Quds. De son côté, le nouveau ministre de l'Intérieur palestinien, Saïd Siyam, a affirmé sa détermination à mettre fin au chaos sécuritaire et à l'impunité des groupes armés, poursuit le journal. Toutefois, a reconnu le ministre, "les Palestiniens qui ont vécu pendant des années le chaos sécuritaire et le désordre devront attendre encore un peu, environ un an".

"Le dossier du désordre sécuritaire doit être abordé le plus vite possible", souligne Al-Ayyam dans son éditorial. Pour le quotidien palestinien, "il est temps de définir avec précision les contours de la résistance palestinienne à l'occupation israélienne". Le journal insiste sur la nécessité d'un débat sur ce sujet sans que pour autant soit remis en cause "le droit légitime du peuple palestinien d'avoir recours à tous les moyens, y compris les armes, pour se défendre".

"La question est de savoir faire la différence entre ‘la résistance armée' et ‘l'anarchie des armes'. Tout le monde sait que la résistance armée est la porte ouverte à la propagation des armes parmi les citoyens. Il n'y a pas un foyer dans les Territoires qui ne possède un armement. Il suffit du moindre prétexte pour déclencher des affrontements se soldant par des morts et des blessés."

Le journal brosse un tableau de la situation politique actuelle dans les Territoires. Le Hamas vient de troquer sa position de chef de file de l'opposition radicale contre celle de dirigeant de l'Autorité palestinienne alors que le Fatah, l'ancien parti au pouvoir, se retrouve dans les rangs de l'opposition tout en ayant encore entre ses mains plusieurs rouages des institutions palestiniennes, et notamment les services de sécurité. "Et voilà les multiples groupuscules issus du Fatah qui reprennent à leur compte les anciens agissements du Hamas. Semer le désordre pour mettre le parti au pouvoir dans l'embarras." Les Brigades d'Al-Aqsa, issues du Fatah, ont ainsi perpétré vendredi un attentat suicide en Cisjordanie.

Le résultat de ces actes de violence est des plus nuisible pour les Palestiniens, estime Al-Ayyam, "et ne sert que les intérêts d'Israël. Cette confusion entre ‘résistance' et ‘anarchie' et entre ‘opposition' et ‘sabotage' indique un recul dans la stratégie palestinienne qui semble ne plus tenir compte de l'efficacité des moyens de résistance non armée". Le quotidien met en garde : le prochain gouvernement israélien, dont la formation est attendue à la suite des élections du 28 mars, se prépare à appliquer le plan unilatéral de retrait de Cisjordanie défendu par Ehoud Olmert dont le parti Kadima est arrivé en tête du scrutin. "Quand Israël imposera les frontières qui lui conviennent, il n'y aura plus de négociations possibles et il ne nous restera plus que les slogans pour nous défendre."

Paradoxalement, c'est un éditorial de Ha'Aretz qui prend la défense du gouvernement Hamas et demande qu'il lui soit "laissé le temps de faire son travail." Le quotidien israélien relève que "ce cabinet est le seul au monde qui se réunit à l'aide de vidéo-conférence. Les ministres palestiniens ne peuvent pas se rencontrer ou se croiser dans les couloirs pour discuter des affaires courantes." Le refus d'Israël de traiter avec ce gouvernement – un boycott largement soutenu par l'administration américaine – est inapproprié compte tenu des besoins au quotiden de la population palestinienne, largement dépendante des relations avec Israël, poursuit le journal. Et de rappeler que, concernant l'Irak, les Américains n'hésitent pas à négocier avec l'Iran ou avec des groupes terroristes quand il y va de leur intérêt.

Ha'Aretz souligne que les dirigeants du Hamas ont "commencé à adopter un nouveau langage où il est question de ‘cessez-le-feu' et de ‘calme'. Alors que ce sont des groupes affiliés au Fatah, qui reconnaît Israël, qui sont responsables des derniers actes terroristes."


Hoda Saliby


Source : [www.courrierint.com]


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