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TERRIBLE TEMOIGNAGE
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7 mars 2005 12:24
De la difficulté de passer son bac à Gaza et en Cisjordanie

Sa voix tremble encore de l'émotion qu'il a ressentie lorsqu'il s'est retrouvé, mardi matin 25 juin, à genoux, face à un mur, les mains attachées dans le dos et tenu en joue par deux soldats israéliens. Wadia, 17 ans, se rendait avec un de ses amis à l'une des épreuves du taoujihi, le baccalauréat palestinien, dans un centre d'examens de Ramallah. « Ils nous ont fait descendre de voiture puis nous ont brutalisés ; ils nous ont demandé de soulever nos T-shirts pour voir si l'on ne portait pas d'explosifs. Ce n'est qu'au bout d'une demi-heure qu'ils nous ont demandé si, par hasard, on avait un papier prouvant qu'on allait passer le bac. On leur a montré notre convocation, et ils nous ont relâchés. »

Tout juste remis de leur mésaventure, Wadia et son copain sont parvenus au centre d'examens pour s'entendre dire que l'épreuve était annulée. La ville était toujours soumise au couvre-feu imposé par l'armée israélienne depuis près d'une semaine. « Le problème, c'est qu'on ne sait jamais quand le couvre-feu est levé ou pas. Mardi matin, il y avait des gens dans la rue ; même les soldats ne savent pas exactement ce qu'il en est », poursuit Wadia. « Demain, on doit passer l'épreuve de chimie à 10 heures ; alors j'essaie de réviser jusqu'au dernier moment. Mais on ne saura qu'une heure avant si le couvre-feu est levé ou pas. C'est impossible de se concentrer dans des conditions pareilles », dit Tarek, un autre de ces 50 000 candidats qui, depuis une semaine, en Cisjordanie et à Gaza, tentent, en dépit de l'occupation israélienne, de passer leur taoujihi. « Il y a trente tanks en bas de chez moi. Ils vont et viennent en permanence, ça fait un bruit terrible ; les soldats crient et tirent en l'air. On a tout le temps peur. Cette peur s'ajoute au stress qu'on avait déjà par rapport aux examens », raconte Wadia. « Partout où les épreuves peuvent se tenir, dans les villages et dans les rares villes qui ne sont pas réoccupés, nous demandons aux candidats de se présenter » , explique Gaby Baramki, conseiller du ministre de l'éducation et de l'enseignement supérieur. « Pour tous ceux qui auront raté une ou plusieurs disciplines, nous organiserons de nouvelles épreuves dès que possible. C'est très important à nos yeux. L'éducation demeure un symbole de liberté dans notre société, et ce n'est pas en empêchant nos jeunes de s'instruire que les Israéliens vont combattre ce qu'ils appellent le «terrorisme». » « On passe douze ans de notre vie à préparer cet examen et, lorsque arrive le moment de le passer, les Israéliens sont là et nous enlèvent tout espoir », insiste Wadia. « Notre vie, notre futur dépend du bon vouloir des Israéliens ; on ne peut rien faire, même plus étudier », renchérit Tarek, qui, depuis le début de l'Intifada, n'a pas mis les pieds hors de Ramallah.

Après son arrestation, Wadia a reçu un coup de téléphone du ministre de l'éducation en personne. Ce dernier souhaitait réconforter le jeune garçon. Visiblement, il a plutôt accru son désespoir. « Même lui m'a avoué qu'il ne savait pas si l'on pourrait passer toutes nos épreuves cette année. »

 
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