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Le terme kâfir
T
3 août 2006 17:50
1 Le terme kâfir dans le Coran

« C'est le sort réservés aux dénégateurs » (Sourate 2, La génisse, verset 191). Trop souvent, ce verset est utilisé pour justifier les persécutions contre des non musulmans. Le terme arabe kâfir (pl. kuffâr) est bien souvent improprement compris par les musulmans eux-mêmes. Pour beaucoup, il désignerait tout non musulman ! Cette interprétation est erronée.

La sourate 109, Les dénégateurs, désigne par ce terme quatre notables Mecquois, qui face à la nouvelle religion, étaient venus proposer au Prophète une sorte de syncrétisme.

Dans la sourate 51, Les vents, au verset 7, les kuffâr sont très précisément définis comme ceux qui ne font pas l'aumône (littéralement la « purification », que le Coran définie ailleurs par l'aumône - cf. sourate 9, verset 103 -, comme moyen d'atteindre cette purification) et comme ceux qui ne croient pas à la vie future. Cette définition par la négative, à l'évidence, ne concerne ni les chrétiens ni les juifs, pour lesquels le don (aumône, charité) et la croyance à la vue future font partie intégrante de leur foi.

Beaucoup de bonnes actions sont accomplies par des non musulmans ; elles seraient accomplies par des musulmans, elles seraient qualifiées de « pieuses ». Le fait que ceux qui les accomplissent ne sont pas musulmans transforme-t-il ces bonnes actions en mauvaises actions ? Ne seront-elles pas rétribuées de la même manière par Dieu ? « Quiconque se présentera avec une bonne action en recevra une récompense décuplée et quiconque en aura commis une mauvaise sera rétribuée par une peine en rapport. Nul ne sera lésé » (Sourate 6, Le bétail, verset 160). Un hadîth rapporté par Muslim et Ibn Mâja dit même : « Celui qui commet une mauvaise action, elle lui sera inscrite comme telle ou Je lui pardonnerai. Quiconque a commis des péchés autant que la terre puisse en appartenir et me rencontrera sans rien m’associer [= le polythéisme], Je lui accorderai autant de pardons ». Un autre hadîth rapporté par Bukhâri et Muslim dit : « Lorsque l’homme [insân, et non seulement le fidèle, a fortiori le musulman] meurt, ses actes cessent pour lui [= s’il se repent après son décès, cela ne rachète aucunement ses mauvaises actions], exception faite d’une charité courante, d’une science profitable à l’humanité, ou d’un enfant vertueux qui invoque Dieu en sa faveur ».

Au verset 6 de la sourate 59, L’exode, il est fait mention de « ceux qui ont fait acte de kufr parmi les gens du Livre » : al-ladhîna kafarû min ahl al-kitâb ; ce qui sous entend sans ambiguïté que ce n’est qu’une partie des gens du Livre qui est visée et assimilée à des kuffâr, en l’occurrence ceux parmi eux qui se sont attaqués aux musulmans, et, en aucun cas, l’ensemble des communautés des gens du Livre.

Le verset 4 de la sourate 76, L’homme, décrit ce qui attend les kuffâr. Puis, ce qui est promis aux « vertueux ». Ici encore, chrétiens et juifs peuvent aussi faire partie des vertueux, au même titre que les musulmans… Le Coran ne fait-il pas lui-même le lien entre le refus de Dieu et celui d’accorder la charité, le refus de la générosité humaine, ne rappelle-t-il pas que prière et aumône sont deux piliers indissociables ? : « As-tu vu celui qui tient le jugement dernier pour un mensonge ? Le même repousse brutalement l’orphelin et n’encourage pas à ce que soit nourri le pauvre. Malheur à ceux qui prient tout en négligeant leur prière, qui font preuve d’ostentation et refusent un secours ! » (Sourate 107, Le secours). Ce verset ne concerne pas que les musulmans.


Il convient aussi de rappeler ce verset : « Point de contrainte en religion [= on ne saurait contraindre quelqu’un à adhérer à l’Islam ; ce qui ne signifie pas que l’Islam ne comporte pas de contraintes] : désormais, la voie droite se distingue de l’égarement. Dénier [noter le verbe : yakfur] l’idole [autre traduction possible : le démon], croire en Dieu, c’est se saisir d’un cordon solide, que rien ne peut rompre. Dieu est l’Entendant, le Connaissant ». (Sourate 2, La génisse, verset 256). Ainsi, celui qui croit en Dieu, même s’il ne suit pas à toutes les prescriptions coraniques, fait partie des justes.

En outre, le Prophète n'a-t-il pas été très proche son oncle Abû Talib alors que celui-ci n'a jamais souhaité se convertir à l'Islam ? N'a-t-il pas envoyé certains de ses compagnons se réfugier auprès du roi chrétien d'Abyssinie ?

Enfin, si l’on pose la question de savoir si chrétiens et juifs répondent à la définition première du musulman, autrement dit « s’abandonnent volontairement à Dieu », la réponse coule de source… Pour eux comme les musulmans, cet abandon est plus ou moins parfait, mais il est alors de l’ordre de la plus ou moins grande fidélité à Dieu.



2 La charte de Médine

Dans la charte de Médine, à laquelle les signataires musulmans, tribus juives, chrétiennes ou polythéistes adhèrent pour constituer une « communauté distincte des autres » (‘umma min dûn al-nâs), charte qui régit les relations entre communautés adhérentes et au sein des communautés, les adhérents sont désignés par le terme de mu’ minûn, et leurs opposants par celui de kuffar, en totale indépendance donc des croyances des uns et des autres.

Mu’ minûn est généralement et improprement traduit par « Croyants » et kuffar par infidèles, impies, mécréants. Pourtant, le premier de ces termes, mu’ min, a pour racine amn, qui signifie « sécurité ». Le verbe ‘âmana porte certes le sens de « croire », « adhérer à la foi », mais aussi de « mettre en sécurité », « mettre à l’abri ». Le verset coranique emploie successivement le même terme dans ses deux sens : falaya'budû rabba hâdhâ-l-bayti lladhî 'at amahum min ju'in wa 'âmanahum min khawf : « Qu’ils adorent le Dieu de cette demeure qui les a nourris lorsqu’ils avaient faim, et mis en sécurité lorsqu’ils avaient peur » (Sourate 106, versets 3 et 4, Les Qoraishites). Mu’ min est aussi l’un des 99 attributs de Dieu : « Celui qui rassure ».

La charte est donc un pacte de sécurité entre des communautés de croyances pourtant très différentes, face à ceux qui menaceraient la sécurité de ces communautés, les kuffars.



3 Le terme kâfir au travers de sa racine

Originellement, le terme de kâfir désignait le paysan, le semeur, celui qui « cache » la graine. Le kâfir est celui qui nie les bienfaits dont il est redevable. De là, le kâfir est devenu le « rebelle », celui qui est « ingrat », qui n’est pas reconnaissant ».

L’occultation de ces sens premiers réduit à une opposition simplificatrice entre « Musulmans » et « Non musulmans », le terme kuffar englobant alors le reste de l’humanité. Comme nous l’avons vu, la charte de Médine ne définissait pourtant en rien une théocratie, un état islamique.



4 Réfutation de l’argumentation des extrémistes


Malgré toutes ces preuves sur la déviation du terme kâfir par les extrémistes, revenons à leurs arguments.

Ils ont transformé la signification originelle, « celui qui cache la graine » en « celui qui se voile », puis, surtout, en « celui qui est infidèle à l'Islam ». Serait donc « kâfir », selon eux, celui ou celle qui serait infidèle au message de l'Islam.

Ils omettent de rappeler que l’Islam est d'abord et avant tout une religion de paix. Ne se rendent-ils pas ainsi infidèle à leur propre religion ? Islam a pour racine originelle « SLM », « Paix ». Dans le Coran, les termes Silm et Salâm, au sens de Paix, reviennent dans 49 versets. Littéralement, « Islâm » signifie « Religion de Paix ». Dans la Sourate 59 de L'exode, au verset 23, « Paix » est l'un des plus beaux noms donnés à Dieu : « es-salamou », « L'Apaisant ». Pas une fois dans la Révélation, Dieu n'est dit « le guerrier ». Lorsque des croyants se rencontrent ou se séparent, leurs souhaits réciproques expriment cette Paix : « es-salamou alaykoum » : « que la Paix sois sur toi ! » ; « bslama » : « Que la Paix t'accompagne ». De ce premier sens découle le second : l' « Islâm », c'est « Entrer en Paix avec Dieu », « S'abandonner à Lui, se laisser conduire à Lui ». L’abandon à Dieu (Islâm) qui conduit à la Foi (Îmân) et à l'excellence (Ihsân). Dans sa forme verbale, Islâm signifie « se rendre à », se consacrer à ».

Kâfir, au sens d’ « infidèle à l’Islam » ne peut à l’évidence non plus s'appliquer à celui qui n'a jamais eu accès à l'Islam ou qui n'en aurait qu'une connaissance éloignée, puisqu’il ne peut lui être infidèle.

Le fait donc qu'un pays ou un individu soit non musulman ne constitue pas un facteur autorisant les musulmans à entrer avec lui en état de belligérance. Car ce pays, cet homme ou cette femme n'a probablement jamais eu accès à une connaissance authentique de l'Islam, « religion de paix ». Il ne peut donc être infidèle à l'Islam.

Quand bien même, un pays ou une personne aurait eu accès à une connaissance authentique de celui-ci, n’y accèderait finalement pas ne constitue pas non plus, à lui seul, un facteur d'agression, mais une tristesse pour le musulman.

Par contre, si ce rejet se traduit en agression, menaçant ainsi la sécurité (on en revient à la charte de Médine), la communauté musulmane est en droit non seulement de se défendre mais aussi de poursuivre les hostilités : « Cessez les hostilités si ce n'est contre les iniques » (Sourate 2, La génisse, verset 192). Car, connaissant pourtant ce qu'est l'Islam, « religion de paix », celui qui agresse des musulmans se détourne de Dieu, se montre injuste et hypocrite, inique et persécuteur : « Leur persécution est pire que le meurtre » (Sourate 2, La Génisse, verset 191).



Modifié 3 fois. Dernière modification le 03/08/06 21:21 par TOUNE.
s
3 août 2006 19:37
barakallahou fik wa jazaka allaho khayrane
s
4 août 2006 10:31
BarakaAllah o fik Toune, très intéressant.
s
9 août 2006 10:04
s
14 août 2006 11:07
s
19 août 2006 20:35
Allez encore un p'tit up
s
24 août 2006 10:42
Dernier up pour moi
-
30 août 2006 22:26
BarkaAllah Ofik Toune,


smiling smiley
T
3 septembre 2006 23:43
up winking smiley

Car apporte des éléments de réponse à d'autres sujets de discussion (mariages mixtes, paradis pour les non musulmans...)

Amicalement
n
4 septembre 2006 00:29
Toune
j'aimerai aussi avoir ton avis sur ceux et celles qui ont cessé de croire en la religion sans ni nier ni confirmer l'existence ou l'enixstence de dieu tout en épousant les valeurs humaines, ces valeurs qui sont basées sur les droits des êtres sur terre à vivre heureux et en paix ?
Et puis j'aimerais savoir si achahada, la prière, le ramadan et le pélérinage peuvent être considérés comme des bonnes actions alors que pour moi les bonnes actions sont celles gartuites sans contre parties, uniquement des actions concrêtes pour aider les autres et les aimer. Toutes ces actions de la vie quotidienne de la vie sociale de la vie professionnelle etc
Il est tard, je ne pense pas avoir bien exprimer d'une manière claire mes pensées, mais je te laisse le soin de m'aider pour comprendre. merci
h
4 septembre 2006 00:46
ça me rassure dans mes idées, merci toune
M
4 septembre 2006 19:45
Barak allahou fikwinking smiley
T
4 septembre 2006 20:49
Citation
nahar a écrit:
Toune
j'aimerai aussi avoir ton avis sur ceux et celles qui ont cessé de croire en la religion sans ni nier ni confirmer l'existence ou l'enixstence de dieu tout en épousant les valeurs humaines, ces valeurs qui sont basées sur les droits des êtres sur terre à vivre heureux et en paix ?
Et puis j'aimerais savoir si achahada, la prière, le ramadan et le pélérinage peuvent être considérés comme des bonnes actions alors que pour moi les bonnes actions sont celles gartuites sans contre parties, uniquement des actions concrêtes pour aider les autres et les aimer. Toutes ces actions de la vie quotidienne de la vie sociale de la vie professionnelle etc
Il est tard, je ne pense pas avoir bien exprimer d'une manière claire mes pensées, mais je te laisse le soin de m'aider pour comprendre. merci



Salam

La shahada, la prière, le Ramadan et le pèlerinage sont de bonnes actions... s'ils te conduisent à ce que tu appelles des actions gratuites ou concrètes pour aider les autres et les aimer smiling smiley Si ce n'est pas le cas, c'est,je pense, "être musulman par les apparences" sad smiley pour parler crûment : de l'hypocrisie. Je mettrai le verset exact où il est dit qu'il est mieux de prier sans ostentation winking smiley


Mais toutes ces bonnes actions sont parfois difficiles, lourdes à porter. Et se ressourcer régulièrement auprès de Dieu, être à son écoute par la récitation du Saint Coran, et lui confier tes difficultés par tes prières, c'est comme recharger les batteries smiling smiley


Amicalement

Invoquez votre Seigneur en toute humilité et recueillement et avec discrétion (7,55).


Et plus encore, pour illustrer : "Malheur à ceux qui prient tout en négligeant leur prière, qui font preuvent d'ostentation et refusent [d'accorder] un secours" (107, 4-5)



Modifié 2 fois. Dernière modification le 04/09/06 21:02 par TOUNE.
n
4 septembre 2006 21:37
Merci Toune mais tu oublies de répondre à la première partie de ma question.
Tu as écrit :
Invoquez votre Seigneur en toute humilité et recueillement et avec discrétion (7,55
Mais alors que devions-nous penser des hauts parleurs qui déchirent le silence de l'aube et dérangent le sommeil des gens ( surtout ceux, la majorité qui ne font pas SALAT AL FOUJR ) ?
Personnellement je ne vois pas comme bonnes actions, mais plutôt comme obligations envers dieu : Achahada Assalat assiyam al Haj et la seule bone action dans les cinq plilier qui n'est pas une obligation env ers dieu mais envers LES AUTRES c'est Azzakat. Et c'est vrai que j'aurais aimé que les bonnes actions soient parmi les piliers de l'islam aussi importantes que la Chahada qui en fin de compte ne demande pas d'effort. Au Maroc par exemple on entend toute la journée des Chahada des mots faisant louange à dieu sans aucune influence positive ou un interrêt collectif ou social.
 
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