Semaine sociale test pour le gouvernement Raffarin
PARIS (Reuters) - La semaine sociale s'annonce agitée pour le gouvernement Raffarin, à l'approche du premier tour des élections régionales, avec "l'ultimatum" des chercheurs mardi, suivi par les grèves des personnels hospitaliers, jeudi, et de l'Education nationale, vendredi.
Treize syndicats de l'enseignement supérieur, de chercheurs et d'étudiants appellent à la grève mardi, jour où plusieurs centaines de directeurs de laboratoires et responsables d'équipes de recherche menacent de démissionner collectivement de leurs fonctions administratives s'ils n'obtiennent pas gain de cause, notamment sur des rallonges budgétaires.
L'annonce par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, d'"au moins trois milliards d'euros supplémentaires" de crédits pour la recherche d'ici 2007 est jugée insuffisante après deux mois d'un mouvement qui n'a cessé de prendre de l'ampleur. Les chercheurs en colère réclament non seulement des budgets supplémentaires mais aussi des mesures immédiates pour "sauver la recherche publique", avec notamment des "états généraux de la recherche" qui prépareraient une loi de programmation et d'orientation.
En revanche, le syndicat national des contrôleurs du transport aérien (SNCTA, majoritaire) a levé son préavis de grève d'une semaine qui débutait mardi après une réunion de conciliation avec la direction générale de l'aviation civile (DGAC) et le ministère des Transports.
Le syndicat a fait savoir qu'un accord avait été conclu avec le ministère pour mettre en place des "mesures ciblées pour gommer l'effet pervers de la loi Fillon sur les retraites", qui amputait de 3% à 5% la pension des contrôleurs aériens continuant à prendre leur retraite à 57 ans comme le permet leur statut. En outre, a ajouté le syndicat, l'accord "nous assure une petite augmentation de nos retraites pour quelques années".
"JOURNÉE DE DEUIL" CHEZ ALTADIS
Jeudi, les personnels hospitaliers manifesteront leur colère contre le plan Hôpital 2007 qui réforme la gestion et le financement des établissements publics. Sept syndicats de médecins et d'agents hospitaliers appellent à une "journée nationale d'actions pour la défense de l'hôpital public", avec une manifestation place de la Bastille, à Paris.
Vendredi, le monde de l'enseignement prendra le relais à l'appel des quatre principales fédérations de l'Education nationale. La FSU, l'Unsa-Education, le Sgen-CFDT et la Ferc-CGT appellent à une grève nationale pour réclamer au gouvernement "une véritable ambition pour l'école".
Elles dénoncent "la situation faite aux services publics d'éducation et de recherche à la suite des décisions budgétaires prises par le gouvernement", en jugeant que "c'est l'avenir des jeunes qui est menacé aussi bien par les suppressions de moyens que par les choix brutaux en matière de recrutement".
A Paris, une manifestation est prévue dans l'après-midi du jardin du Luxembourg jusqu'aux abords du ministère de l'Education nationale.
Par ailleurs, les syndicats d'Altadis organisent une "journée de deuil" sur cinq sites menacés du cigarettier franco-espagnol mardi, jour où est prévu un comité central d'entreprise consacré au plan de restructuration qui doit se traduire par 700 suppressions d'emplois en France.
Les manifestations sont prévues sur les sites de Lille, Dijon (Côte-d'Or), Morlaix (Finistère) et Tonneins (Lot-et-Garonne).
Selon le baromètre mensuel du Figaro-Magazine publié samedi, les cotes de confiance du président Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin ont perdu respectivement quatre et deux points en mars (35% et 31%). Pour le chef de l'Etat, il s'agit de la plus mauvaise cote de popularité depuis sa réélection en mai 2002.