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Super mamie de Rio de Janeiro
3 septembre 2005 15:46
Caméra au poing, Dona Vitoria piège les narcotrafiquants et les "ripoux" de Rio de Janeiro


A son âge avancé, elle ne pouvait physiquement défier les trafiquants de drogue qui commerçaient à sa porte. Mais, armée d'un grand courage, fruit d'une rare indignation et d'une caméra vidéo d'amateur, une retraitée de Rio de Janeiro a filmé pendant deux ans la vente de cocaïne et autres substances interdites à l'entrée d'une favela du quartier populaire de Copacabana. Et les bandits sont en prison.

Dona Vitoria, comme l'a surnommée la presse, forcée de respecter son anonymat, s'était plainte plusieurs fois auprès du 19e bataillon de la police militaire chargé de patrouiller dans son quartier, situé à quelques centaines de mètres de la mythique plage brésilienne. Elle ne supportait plus d'être sans cesse réveillée par les tirs des malfaiteurs. Mais sa plainte n'avait rien changé.

Alors l'ancienne employée de maison, alphabétisée sur le tard et qui n'a jamais dû lire Agatha Christie, s'est transformée en Miss Marple des tropiques. De son fauteuil, elle a enregistré toutes les allées et venues autour de la boca de fumo, le point de vente de drogue installé sur le chemin escarpé du bidonville, la Ladeira dos Tabajaras.

33 HEURES DE FILM, 24 ARRESTATIONS

Les images sont extrêmement nettes, et montrent tout l'arsenal dont dispo- sent les trafiquants des mornes de la cité balnéaire : revolvers, pistolets, fusils-mitrailleurs... Elles confirment que les consommateurs viennent de l'asphalto, des meilleurs quartiers goudronnés. Mais ces films, au total 33 heures sur 22 cassettes, témoignent aussi des ravages de la drogue chez les plus jeunes, initiés par les revendeurs.

Des gamins de 6 à 12 ans portent des armes parfois trop grandes pour eux, reniflent de la poudre blanche, fument de la marijuana ou du crack, arrachant des commentaires de profonde tristesse à Dona Vitoria, qui a commenté tous ses enregistrements : "Mais regardez-moi ça, l'avenir du Brésil... Mon Dieu, c'est pas possible..."

Faisant face à la favela, dans son appartement acheté il y a trente-huit ans grâce à un emprunt bancaire, la femme à la caméra avait été repérée par les trafiquants. Ils l'avaient menacée en tirant dans ses baies vitrées. Mais la colère de Dona Vitoria, qui refusait de cohabiter avec la violence à laquelle s'habituent les Cariocas, habitants de Rio, avait été plus forte.

Jusqu'au jour où elle a compris que ses images ne pouvaient provoquer d'opération policière sans la dénoncer. Il y a quelques mois, elle a donc déménagé vers un autre quartier de Rio, et donné tout son matériel à la presse carioca et à la police. L'enquête a entraîné l'arrestation de 24 personnes, dont 9 policiers accusés de vendre protection et armes aux bandits. Les hommes du 19e bataillon patrouillent dans le bidonville pour tenter de saisir les armes et la drogue qui s'y cachent.

L'histoire de la retraitée a suscité beaucoup d'éloges : "Cette dame mérite tout notre respect pour avoir choisi une manière éthique d'agir, et témoigné sa confiance aux autorités", résume le secrétaire national des droits de l'homme, Mario Mamede. Mais le maire de Rio, Cesar Maia, tout en saluant un comportement de grand mérite, estime qu'il "ne doit pas être une référence, en raison des grands risques pris".

"UN AUTRE GENRE DE BANDITS"

Le programme humoristique de la télévision brésilienne a utilisé cette semaine ce fait divers, pour évoquer le scandale de corruption qui secoue la classe politique. Selon les animateurs, Dona Vitoria pointe désormais sa caméra sur le Congrès de Brasilia "pour filmer un autre genre de bandits".

Mais, dans la vie réelle, Dona Vitoria a disparu, prise en charge par le programme de protection des témoins. Elle aurait quitté l'Etat de Rio de Janeiro, pour peut-être réaliser son rêve de terminer ses jours dans une région au nord-est, en Alagoas, où elle est née.

Annie Gasnier

Source : [www.lemonde.fr]


Si des braves gens faisaient ça dans beaucoup de pays, certains maux dont fait partie la corruption s'étomperaient peut-être...


Môh Tsu
w
6 septembre 2005 03:00
copacabana y a pas de favelas, c est pas ce que l on peut appeler un quartier populaire non plus.
 
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